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© Photo Dogan News Agency/AFPLes quatre journalistes étaient détenus depuis juin 2013 en Syrie.
Les quatre journalistes français, retenus en otages en Syrie depuis juin 2013, ont été libérés en bonne santé, en dépit des conditions très éprouvantes de leur captivité. François Hollande a exprimé son "immense soulagement" et remercié "tous ceux qui ont permis l'heureux dénouement de cette épreuve". Seulement dans cette effusion médiatique, le président de la république française n'a pas précisé à qui s'adressaient ses remerciements. Au ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius ? Aux services de renseignement français ? Ou bien aux autorités turques qui ont "retrouvé" les journalistes errants dans un territoire désert ? Et bien non, pas tout à fait.
Sans pouvoir l'avouer directement, à moins de confirmer la rumeur d'une rançon de près de vingt millions de dollars, François Hollande ne pouvait que remercier les autorités syriennes d'avoir œuvré à la libération des otages, en augmentant la pression militaire contre les terroristes le long de la frontière turque, les contraignant à relâcher leurs prisonniers. Vue la longueur de la barbes de ces derniers, ni les "amis de la Syrie", ni la pléthore de moyens de surveillance occidentaux, ni les services de renseignement français ou ceux du Quai d'Orsay, n'avaient visiblement réussi à obtenir le moindre résultat jusqu'à présent.


On le constate donc, les importantes opérations militaires, menées depuis plusieurs semaines par l'Armée nationale syrienne, portent leurs fruits. L'armée syrienne prévoit, d'ici la fin de l'année 2014, de reprendre le contrôle de la plupart des zones aujourd'hui contrôlées par les militants des factions opposées, comme à Alep et à Deraa. Actuellement les unités de l'armée ont repris le contrôle de la zone de Kalmun dans le sud, à Homs ou à Maaloula, une commune chrétienne qui était occupée par des islamistes depuis des mois. On se souvient des religieuses qui y avaient été enlevées et des massacres perpétrés. Cependant les inquiétudes persistent sur le soutien appuyé de la Turquie. Notamment dans la prise de la ville de Kesab, contraignant sa population d'origine arménienne, à fuir. Une opération qui n'a pu être menée, comme l'avoue un militant de l'opposition, qu'avec le soutien direct de l'armée turque. Les populations chrétiennes sont particulièrement visées par les terroristes armés qui les privent de célébrer leurs fêtes ou d'entrer dans leurs églises dans le meilleur des cas, et qui dans le pire des cas procèdent à des crimes abjects et à des crucifixions.

Toutes ces horreurs, qui ne visent depuis trois ans qu'à plonger le pays dans le chaos, afin de contraindre au départ le président Bachar Al Assad et son gouvernement, n'entament pas le moral des Syriens et de leur président. Pour Bachard al‑Assad, la crise syrienne en serait même arrivée à un tournant, en faveur des autorités de Damas, en s'appuyant sur les victoires de l'armée dans la guerre contre le terrorisme.
Malgré les attentats à la voiture piégée, qui ont fait plusieurs victimes ces derniers jours, la préparation de l'élection présidentielle se maintient dans ce contexte de guerre civile. Jusqu'à présent, Bachar al‑Assad, comme son père précédemment, avait été élu par référendum. La nouvelle Constitution, approuvée en 2012, donne pour la première fois la possibilité à plusieurs candidats de se présenter. Cependant, les conditions requises limitent fortement le nombre de candidats, car le Parlement syrien a approuvé le 14 mars, des clauses qui empêchent de facto les figures de l'opposition en exil de se présenter. Ces clauses stipulent en effet, que le futur président doit avoir vécu en Syrie de manière continue au cours des dix dernières années. Bachar al‑Assad, qui n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature, avait affirmé en janvier, dans une interview à l'AFP, qu'il y avait "de fortes chances" qu'il se représente. Or, rien ne va plus entre les factions qui s'affrontent au sein même de la Coalition de l'opposition syrienne, soutenues par les monarchies arabes et les puissances occidentales.
Pire, selon de récentes études, réalisées par les ministères des affaires étrangères des autoproclamés "amis de la Syrie", aux prochaines élections présidentielles, Bachar Al Assad pourrait être plébiscité par la population syrienne. Un résultat impensable pour ces hérauts de la démocratie occidentale qui, comme à leur habitude, semblaient vouloir proclamer les résultats des élections, avant qu'elles n'aient lieu.

Devant un tel désastre annoncé pour la rébellion, on reprend les bonnes vieilles méthodes, comme pour le Golfe du Tonkin ou les armes de destructions massives en Irak, car plus un mensonge est gros et plus il a des chances d'être cru. Et voilà une nouvelle attaque chimique qui tombe à point nommé. Elle aurait fait deux morts et plus de cent blessés dans l'ouest de la Syrie. La Russie s'en inquiète et a demandé qu'une enquête soit menée sans délai. Elle s'étonne d'ailleurs du silence des autorités américaines et plus généralement de ses alliés-vassaux. Selon le ministère des Affaires étrangères russe, cette attaque ne vise qu'à saborder le processus de désarmement chimique en cours et ne peut être imputé qu'à des pays qui favorisent les terroristes.

Cette semaine un ancien chef du service de lutte contre le terrorisme, Alain Marsaud, a déclaré que c'était nos "amis djihadistes" qui avaient enlevés et gardés ces quatre otages. Il est aussi revenu sur le principe du gouvernement français de ne pas verser de rançons aux preneurs d'otages et s'est écrié, je cite : " qu'on cesse de nous prendre pour des cons ! ". Il semble effectivement savoir de quoi il parle.