Traduit par Résistance 71

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Le ministère des affaires étrangères américain, au travers de sa porte-parole Jennifer Psaki, a dit que les rumeurs du directeur de la CIA John Brennan disant aux changeurs de régime de Kiev de "pratiquer des opérations tactiques" ou une offensive "anti-terroriste" dans l'Est de l'Ukraine, sont "complètement fausses". Ceci veut dire que Brennan a bel et bien donné ses ordres de marche (
NdT: en vertu de la règle bien connue édictée par le journalise Claud Cockburn: "Ne jamais rien croire tant que ce n'est pas officiellement démenti"...). D'ores et déjà, la campagne "anti-terroriste" avec sa belle petite touche rhétorique à la deubeuliou, a dégénéré en farce.

Ajoutez à cela les aboiements du secrétaire général de l'OTAN, l'épagneul danois Anders Fogh Rasmussen, jappant au sujet du renforcement militaire tout le long de la frontière Est de l'OTAN. "Nous aurons plus d'avions dans les airs, plus de navires sur l'eau et plus de promptitude sur terre."

Bienvenus dans la doctrine des Deux Larbins de la guerre post-moderne.

Payez ou gelez à mort

L'Ukraine est en banqueroute de quelque côté que l'on se tourne. La position constante du Kremlin ces derniers trois mois a été d'encourager l'UE de trouver une solution au marasme économique de l'Ukraine. Bruxelles n'a rien fait. Bruxelles pariait sur un changement de régime au profit de la marionnette poids lourd de l'Allemagne: Vladimir Klitschko, alias Klitsch le boxeur.

Le changement de régime s'est bien produit, mais orchestré par le "Khagnate de Nulands", une cellule néoconservatrice du ministère américain des affaires étrangères et sa secrétaire d'état pour les affaires européennes et eurasiatiques Victoria Nulands. Maintenant, l'option présidentielle est entre, qui d'autres, deux marionnettes des Américains, le milliardaire choco Petro Porochenko et "sainte Youlia" Timoschenko, ancienne premier ministre ulrainienne, reprise de justice et possible présidente. L'UE n'aura plus qu'à récupérer la facture (impayable). Là dessus entre en lice bien sûr le FMI, qui va envoyer les Ukrainiens à la trappe au travers de ses "ajustements structurels" à venir, ce qui aura pour effet de rendre bien pire la situation des Ukrainiens.

Une fois de plus, malgré toute l'hystérie collective propagée par le ministère US des affaires étrangères et de ses franchises à travers les médias corporatistes occidentaux, le Kremlin n'a pas besoin "d'envahir" quoi que ce soit. Si Gazprom n'est pas payé, tout ce qu'il doit faire c'est fermer le robinet sur la longueur ukrainienne du Pipelineistan. Kiev n'aura alors plus d'autre option que d'utiliser la partie du gaz qui est destinée aux pays de l'UE de façon à ce que les ukrainiens ne tombent pas en rade afin de pouvoir survivre, eux et leur pays ; ainsi l'UE, dont la "politique énergétique" est déjà une sacrée blague, se retrouvera une nouvelle fois devant un problème auto-infligé.

L'UE se verra alors dans une situation perpétuelle de perte si Bruxelles ne parle pas sérieusement avec Moscou. Il n'y a qu'une seule explication pour le refus: de très grosses pressions de Washington, montées au moyen de l'OTAN.

Là encore, pour contre-carrer l'hystérie actuelle, l'UE demeure la principale cliente de Gazprom avec 61% de ses exportations totales de gaz. C'est une relation complexe fondée sur l'interdépendance. La capitalisation de Nord Stream, Blue Stream et du South Stream qui doit être créé, inclut des entreprises allemande, hollandaise, française et italienne.

Alors oui, Gazprom a besoin du marché de l'UE, mais jusqu'à un certain point, considérant le méga-accord de livraison de gaz sibérien à la Chine, qui sera probablememt signé le mois prochain à Pékin lorsque le président Poutine visitera le président Xi Jinping.

Les bâtons dans les roues

Le mois dernier, alors que le spectacle de diversion tortueux en ukraine se déroulait, le président chinois Xi était en Europe traitant et faisant la promotion d'une autre branche de la nouvelle route de la soie jusqu'en Allemagne.

Dans un environnement sain, non hobbésien, une Ukraine neutre aurait seulement à gagner en se positionnant à un carrefour privilégié entre l'UE et l'Union eurasienne en projet, ainsi qu'en devenant une étape importante de la nouvelle offensive de cette route de la soie chinoise. Au lieu de cela, les changeurs de régime de Kiev parient sur leur acceptation dans l'UE (ceci n'arrivera tout simplement pas) et de devenir la base avancée de l'OTAN contre la Russie (le but principal du Pentagone).

Quant à la possibilité d'un marché commun de Lisbonne à Vladivostok, le but de Moscou et de Pékin, et qui serait un bonus aussi pour l'UE, le désastre ukrainien est une véritable mise de bâton dans les roues en ce qui le concerne.

Ceci en fait ne favorise qu'un seul joueur: le gouvernement américain.

Le gouvernement Obama a peut-être et "peut-être" est le mot clef ici, réalisé que celui-ci a perdu la bataille du Pipelineistan de l'Asie à l'Europe et ce malgré tous les efforts du régime Dick Cheney. Ce que les experts en énergie appellent la grille de sécurité d'énergie asiatique évolue progressivement ainsi que sa myriade de liens en Europe.

Donc tout ce qu'il reste au gouvernement Obama est d'y mettre des bâtons dans les roues, en essayant toujours de rafistoler l'intégration économique pleine de l'Eurasie. Le gouvernement Obama est obsédé par la dépendance croissante de l'UE envers le gaz russe. Ainsi, a t'il pondu ce plan grandiose d'amener le gaz de schiste américain en Europe comme une alternative à Gazprom. Même en assumant que cela se passe, cela prendrait au moins une décennie, sans aucune garantie de succès. En fait la véritable alternative serait le gaz iranien, après un accord compréhensif sur le nucléaire et la fin des sanctions européennes (l'affaire étant sans aucune surprise soumise à sabotage par les différentes factions)

Pour commencer, les Etats-Unis ne peuvent pas exporter du gaz de schiste dans des pays qui n'ont pas signés les accords de marché libre. Ceci est un "problème" qui pourrait être résolu en grande partie par le traité négocié en secret du Trans-Atlantic Partnership entre Washington et Bruxelles. (voir Breaking bad in southern NATOstan, Asia Times Online, April 15, 2014.)

En parallèle, le gouvernement Obama continue d'appliquer les précepts du "diviser pour mieux règner" afin de faire peur aux plus petits joueurs, comme en pirouettant au maximum le spectre diabolique d'une Chine militarisée à outrance afin de renforcer la notion toujours bien lente à se réaliser du "pivot vers l'Asie". Le jeu joué remonte à ce que Brzezinski avait conceptualisé en 1997 dans son livre "Le Grand Echiquier" et qu'il avait affiné pour son disciple Obama: Les Etats-Unis règnant sur l'Eurasie.

Le Kremlin ne se laissera pas embarquer dans un imbroglio militaire. Il est juste d'assumer que Poutine a identifié le grand panorama de l'échiquier en place, qui énonce un partenariat stratégique entre la Russie et la Chine comme une chose cruciale comme synergie de production énergétique avec l'Europe et plus encore, la faramineuse peur des élites financières américaines du processus inévitable et en cours, centré sur le pilotage du BRICS (s'étendant à un groupe clef de 20 membres) pour court-circuiter le pétrodollar.

Ultimement, cela s'épelle : fin du pétrodollar en parallèle à la mise en place d'un panier de monnaies comme réserve monnétaire du système international. Les membres du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) sont déjà au travail pour leur alternative au FMI et à la Banque Mondiale, investissant dans des monnaies réserve et une banque de développement spécifique au BRICS. Tandis qu'une tentative de nouvel ordre mondial se courbe tous azimuts plein sud, le Robocop OTAN lui, rêve de guerre.