Traduction : Estelle et Carlos Debiasi pour El Correo

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On estime à plus de 5 100 enfants, ceux qui de nationalité us-américaine par naissance ont été envoyés dans des orphelinats après le renvoi de leurs parents sans papiers.

La Patrouille Frontalière US a arrêté hier, lors deux opérations différentes, un total 212 immigrants sans papiers qui se trouvaient réfugiés dans des campements précaires dans les environs de McAllen, au Texas, ce qui traduit une intensification de la politique de persécution contre les travailleurs étrangers dans ce pays.

Les arrestations de ceux qui s'y trouvaient, en majorité, des citoyens du Honduras, du Salvador et du Guatemala, ont été menées tandis que le président Barack Obama, dans un message à l'occasion de Pâques, appelait la société de son pays à suivre l'exemple du Christ aimant Dieu et son prochain.

D'autre part, les coups de filet ont pour toile de fond l'opposition entre démocrates et républicains, qui s'accusent mutuellement de gêner l'approbation par le Capitole d'une réforme migratoire qui permet d'apporter une régulation réglementaire aux millions d'étrangers sans papiers d'identité qui, aujourd'hui et depuis de nombreuses années, sont victimes d'une persécution policière implacable et injuste dans le pays qui se réclame comme une terre de liberté et des droits de l'homme.

Bien sûr, les modifications légales sont le cadre idoine pour rendre effectifs les droits basiques de ces travailleurs étrangers, pour abandonner les coups de filet contre eux, pour mettre fin aux persécutions brutales de la police contre les nouveaux venus et pour alléger, de cette façon, les circonstances inhumaines et dangereuses dans lesquelles se trouvent obligés de voyager et de subsister des millions de Mexicains et de Latino-américains. Cependant, face à la proximité des élections législatives de demi-période - qui se tiennent en novembre prochain - beaucoup de membres de la classe politique écartent la possibilité que de telles réformes soient approuvées d'ici la fin de l'année.

En tout cas, la réforme migratoire est nécessaire, mais n'est pas indispensable pour humaniser au moins les conditions que le flux migratoire doit supporter vers le pays du Nord. Il suffirait, pour cela, que Obama recourt à ses attributions constitutionnelles pour atténuer la souffrance des migrants et ordonne d'appliquer des lois existantes dans une forme plus modérée et attachée au respect des droits de l'homme universels qui, aux États-Unis, font loi.
Il est significatif à ce sujet que, avec la même législation migratoire que celle qui était en vigueur pendant les administrations précédentes, le gouvernement d'Obama a réalisé plus de déportations que n'importe lequel de ses prédécesseurs et que pendant ses mandats, a été enregistré le plus grand nombre de familles séparées comme conséquence de cette pratique. On estime que plus de 5 100 enfants us-américains par naissance ont été envoyés dans des orphelinats après le renvoi de leurs parents sans papiers d'identité. Autre fait d'importance , les lois migratoires s'appliquent avec une plus grande sévérité contre des Latino-américains que contre les européens, asiatiques et africains. Un troisième élément à considérer est que, dans le contexte des lois en vigueur, le gouvernement de Washington pourrait accorder la résidence permanente à environ 2 millions d'immigrants sans que ne soit requis, pour cela, aucune action de la part du Législatif.
En somme, au-delà des perspectives incertaines d'une réforme légale qui réoriente de façon intégrale les politiques racistes et xénophobes de l'État, il est clair que la Maison Blanche n'a pas la volonté politique voulue pour améliorer les conditions que les travailleurs étrangers doivent affronter aux USA. Au contraire, pendant l'administration d'Obama, la tendance officielle de les criminaliser et de les poursuivre comme s'ils étaient des dangereux délinquants s'est accentuée.

Dans telles circonstances, les gouvernements d'Amérique Latine - et celui du Mexique, en premier lieu - doivent élever la voix pour exiger un traitement digne, juste et légal pour leurs citoyens aux États-Unis. D'ailleurs en n'adoptant pas une telle attitude, leurs intentions de défense de leurs citoyens qui pénètrent sur le territoire états-unien à la recherche d'un travail sembleront aussi fausses et hypocrites que les promesses d' Obama lui-même de concrétiser une réforme migratoire.