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© Université du Nebraska à LincolnLes États du Minnesota, de l'Iowa et du Wisconsin accusent la perte nette la plus élevée de carbone par élimination des résidus de maïs, du fait de températures fraîches et de sols par nature riches en carbone. L’usage de ces résidus pour produire des biocarburants pourrait être remis en question à cause des taux de CO2 émis par ce biais.
Un carburant catalogué écologique parce que produit à partir des feuilles de maïs émettrait en réalité plus de gaz à effet de serre que l'essence traditionnelle. Des chercheurs montrent qu'une grande quantité de dioxyde de carbone (CO2) serait libérée dans l'air à défaut d'être capturée dans le sol dépourvu des feuilles de la plante nécessaires au processus naturel.

L'idée initiale était louable : produire aux États-Unis de l'éthanol cellulosique à partir de résidus de culture de maïs moins libérateur de gaz à effet de serre (GES) que les carburants traditionnels et donc moins influant sur le réchauffement climatique. Un objectif apparemment surestimé, d'après des chercheurs de l'université du Nebraska à Lincoln, dans une étude parue dans Nature Climate Change.

Sur une surface d'environ 52 millions d'hectares répartis sur 12 États de la Corn Belt, ou « ceinture de maïs », un espace agricole majeur du Middle West des États-Unis, il a été constaté que l'élimination, même minime, des résidus de culture de maïs génère annuellement environ 100 grammes de CO2 par mégajoule d'énergie de biocarburant produit. Ainsi, les émissions liées à cette production de biocarburant dépasseraient de 7 % les émissions générées par l'essence classique et se situeraient 62 grammes au-delà du seuil établi par la réduction de 60 % des émissions de GES qu'exige l'Energy Independence and Security Act, une loi de 2007.

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© Threecharlie, Wikimedia Commons, cc by 3.0Les tiges, les feuilles et les épis de maïs après la récolte étaient jusqu'à présent considérés comme une ressource idéale pour la production d'éthanol cellulosique, un carburant plus écologique que l'essence conventionnelle.
Des biocarburants qui remettent en cause une filière en développement

S'il y a plus de dioxyde de carbone dans l'air, cela signifie moins de carbone dans les sols. Une des solutions consisterait à se tourner vers des matières premières alternatives, telles que les graminées vivaces ou des résidus de bois. Une autre, à exporter de l'électricité provenant des installations de production de biocarburant pour compenser les émissions des centrales électriques au charbon. En bout de chaîne, on peut aussi développer plus de voitures économes en carburant et réduire considérablement la demande de la nation, comme requis par les normes CAFE de 2012. Cette réglementation, en vigueur depuis 1975 aux États-Unis, est destinée à améliorer la consommation moyenne de carburant des automobiles et des camions légers.

Les résultats ne devraient pas surprendre le secteur agricole, au fait de l'importance de maintenir des résidus de récolte dans les champs pour les préserver de l'érosion et conserver leur qualité. En revanche, ils devraient décevoir le département de l'Énergie des États-Unis, qui a investi plus d'un milliard de dollars (720 millions d'euros) pour soutenir la recherche sur les biocarburants cellulosiques, y compris l'éthanol fabriqué à partir de tiges de maïs, ainsi que plusieurs entreprises privées qui développent des bioraffineries spécialisées dans les fibres de maïs.