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Le marché des diabétiques est juteux, les laboratoires très « commerciaux » se battent pour ce marché.
C'est une évidence, me direz-vous, mais je crois que cette information doit être connue du grand public. Le nombre de ruptures de stock sur des médicaments majeurs dépasse 80 à ce jour, chiffre vérifié dans une pharmacie d'officine. Ces ruptures de stock sont dues, non pas à des difficultés de fabrication, mais bien à des manœuvres pour gagner toujours plus avec la mondialisation.

La dernière rupture en question est l'arrêt, depuis trois mois, d'un médicament appelé Stagid, par le laboratoire Merck Serono, dont la filiale France est à Lyon. Ce médicament est prescrit aux diabétiques de type 2 depuis longtemps, ces malades devant prendre cette substance tout au long de leur vie. Un autre médicament du même type, le Glucophage, est aussi fabriqué par le même laboratoire ; seulement, les sels de metformine contenus dedans sont beaucoup moins bien tolérés que ceux du Stagid. Conséquence évidente : tous les diabétiques qui essayent le Glucophage changent au bout de quelques semaines pour le Stagid, le confort et la santé primant sur le commercial dans ce cas-là. Ajoutons que le Glucophage est le plus ancien et qu'il a de nombreux génériques encore moins bien tolérés alors que le Stagid n'en a pas.

On peut donc imaginer sans se tromper que le laboratoire Merck Serono gagne plus sur le Glucophage (même en concurrence avec les génériques) que sur le Stagid fabriqué en Espagne. Les sels de metformine utilisés par Merck, comme pour les génériques, viennent de Chine ou d'ailleurs, le Stagid revenant plus cher à la fabrication. Mais ce n'est pas tout. On peut aussi penser sans grand risque que les ruptures de stock sont favorisées sur les médicaments non « génériqués », là pour une raison bassement mercantile.

Il y a quelque temps, le laboratoire affichait pour les diabétiques sur son site Internet : « Un stock d'urgence de Stagid existe pour les malades ne supportant pas les autres médicaments à base de metformine. » Seulement, je viens de téléphoner au laboratoire et ce stock est épuisé. La raison en est, bien sûr, que personne ne supporte le Glucophage (ou ses génériques) et que tout le monde a demandé à profiter de ce stock d'urgence.

Trois mois de rupture de stock ne sont pas justifiables, tout industriel digne de ce nom vous le dira. En revanche, la politique (ou l'absence de politique) de santé en France est complètement obsédée par les coûts et, là aussi, les malades sont le cadet de leurs soucis. Le marché des diabétiques est juteux, les laboratoires très « commerciaux » se battent pour ce marché, il n'est qu'à voir Servier et le Mediator ou le Diamicron. Ici, nous sommes en face d'un laboratoire qui a le monopole de cette substance en produits princeps ; il ne risque pas de « perdre des clients ».

Le résultat déjà observé par ces industriels peu scrupuleux : les malades consultent leur diabétologue inutilement pour tenter de trouver un autre traitement ou un autre équilibre, certains médecins même prescrivent des médicaments pour « supporter le médicament antidiabétique mal toléré », un comble de dépenses inutiles. Enfin, certains malades, ne supportant pas le traitement, l'arrêtent et leur diabète s'en trouve aggravé.

Une idée à l'adresse de Marisol Touraine : afin de faire des économies plus importantes sur le dos des malades, ne remboursez plus rien ! Vous verrez, mis à part les bénéficiaires de la CMU qui ont tout gratuit, les autres paieront des cotisations mais n'auront plus aucun droit...