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On les appelle des AGM, des animaux génétiquement modifiés. Depuis la fin des années 1980, les expérimentations génétiques sur les animaux ont de plus en plus d'utilisations concrètes : recherche médicale, sauvegarde de l'environnement et même, pourquoi pas, consommation humaine. Dernière expérience en date : le Brésil a autorisé, le 10 avril, la commercialisation de moustiques OGM pour lutter contre la dengue, une maladie tropicale répandue.

Entre aberrations génétiques et progrès de la science, francetv info a listé cinq exemples de ces animaux que l'homme a modifiés.

Des moustiques contre la dengue

Ce n'est pas un, mais des millions de moustiques OGM qui pourraient bientôt être lâchés dans la nature au Brésil. Le pays a autorisé le 10 avril la dissémination de cet insecte baptisé OX513A. Pour la première fois, un animal génétiquement modifié évoluera en liberté, comme l'explique Le Nouvel Observateur.

Pourquoi le moustique OX513A est-il différent ? Parce qu'il a été transformé pour aider à vaincre une épidémie : la dengue. Cette maladie tropicale mortelle se transmet aux humains par une piqûre de moustique femelle de l'espèce Aedes aegypti. Oxitec, la société britannique à l'origine du projet, a mis au point une lignée de ces moustiques en leur ajoutant simplement un gène.

Ce gène rend les moustiques malades, indique la société britannique (en anglais). Ils meurent à moins qu'ils ne prennent un antidote, la tétracycline. Oxitec donne donc aux moustiques OGM mâles une dose d'antidote avant de les lâcher dans la nature. Ils peuvent alors se reproduire avec des femelles "sauvages", non modifiées. Résultat : leur progéniture possédera le gène qui la rendra malade. Et en l'absence de tétracycline dans la nature, elle mourra.

Même si le moustique transgénique a été créé pour éradiquer une épidémie, sa mise en liberté n'est pas sans susciter de vives inquiétudes. « Il n'existe aucun test de toxicité publique qui prouve qu'être piqué ou avaler un moustique génétiquement modifié est sans danger pour les humains, les animaux domestiques ou sauvages », alerte l'ONG britannique GeneWatch (en anglais).


Commentaire : Pour de plus amples détails sur les moustiques OGM sans doute bien loin d'être inoffensifs, voir ici.


Aquadvantage, le saumon qui grandit deux fois plus vite

Il ne sera pas le premier à être relâché dans la nature, mais il sera peut-être le premier à finir dans notre assiette. Aquadvantage, ou "frankenfish", comme l'appellent ses détracteurs, est un saumon transgénique produit depuis vingt ans par la société américaine Aquabounty. Le poisson a reçu deux gènes qui lui permettent de grandir toute l'année, même durant la saison froide. Aquadvantage met donc 18 mois à devenir adulte contre trois ans pour ses cousins sauvages, explique Le Monde.

Depuis 1995, Aquabounty tente d'obtenir de l'agence américaine qui réglemente les produits alimentaires, la FDA, l'autorisation pour la consommation humaine. Selon elle, le saumon transgénique représente une réserve de nourriture à bas coût. D'autant que la capture du saumon sauvage est fortement réglementée en Amérique.

La FDA a conclu que ce saumon génétiquement modifié est sans risque pour la consommation humaine et n'a pas de conséquence néfaste pour l'environnement, mais elle n'a pas encore autorisé officiellement la commercialisation de l'animal. La population américaine est-elle prête à faire une place à ce saumon dans son assiette ? Pas sûr, puisque des manifestations et des pétitions ont été lancées pour que la procédure d'autorisation soit abandonnée. Le New York Times (en anglais) rapporte également que des chaînes de supermarchés n'accepteraient pas de le commercialiser.


La chèvre-araignée pour fabriquer des gilets pare-balles

Cette idée bizarre a été développée au début des années 2000 par la société canadienne Nexia Biotechnologies. L'idée de départ est simple : le fil d'araignée est bien plus solide que l'acier. La fibre serait idéale pour confectionner des gilets pare-balles légers et résistants. C'est donc pour produire de la toile d'araignée de façon industrielle que la société canadienne a décidé d'utiliser la modification génétique.

Les chèvres reçoivent un gène spécifique de l'araignée. Elles produisent ensuite du lait qui contient une protéine semblable à celle que l'araignée utilise pour tisser sa toile. Le lait est ensuite purifié pour récupérer les protéines. Enfin, les protéines sont filées pour créer des fibres résistantes, décrit l'Agence Science Presse.

Si le procédé fonctionne, les quantités produites sont trop faibles pour une exploitation à grande échelle. Nexia Biotechnologies a fait faillite en 2009. Les deux chèvres-araignées, elles, ont rejoint le musée de l'Agriculture et de l'Alimentation du Canada, comme le raconte le site canadien d'informations CBC news (en anglais).


Commentaire : La soie d'araignée, peut-être encore une idée sur-vendue.


Enviropig, le porc écolo

Modifier un animal pour protéger l'environnement ? C'est l'idée qu'ont eue des chercheurs canadiens de l'université de Guelph à la fin des années 1990. Les cochons rejettent du phosphate, un élément qui fait notamment proliférer les algues vertes. L'enviropig, le cochon transgénique, produit moins de phosphate dans ses excréments, comme le montre le site de l'université de Guelph (en anglais). Conclusion : il est plus propre pour l'environnement.

Le premier porc transgénique a vu le jour en 1999, mais sa viande n'a pas été autorisée à la consommation humaine. En l'absence de débouchés économiques, Ontario pork, qui regroupe des éleveurs de porcs de l'Ontario, a décidé d'arrêter de financer les recherches du professeur Cecil Forsberg. Ses travaux ont pris fin en 2012, selon le site Postmedia news (en anglais). Les porcs génétiquement modifiés ont été euthanasiés, mais leur semence a été conservée pour pouvoir redémarrer l'élevage le cas échéant.

Des animaux fluorescents

Eh oui, il est possible d'avoir un animal transgénique comme animal de compagnie. Plus précisément, il est possible d'avoir dans son aquarium des poissons qui, sous une lumière violette, deviennent rouges, verts ou orange.

Les premiers poissons ont été créés en 1999 par des chercheurs de l'université de Singapour en utilisant un gène fluorescent dans un poisson zèbre. Ils n'ont pas été imaginés dans un but commercial mais pour aider à détecter des polluants, indique le site de GloFish (en anglais), la marque déposée de ce type de poissons transgéniques. Le gène à l'origine de la fluorescence devait s'activer en présence de certaines toxines. Pourtant, c'est bel et bien l'aspect esthétique et commercial qui prime aujourd'hui.

D'autres poissons, les "Night Pearl", ont également été modifiés à l'aide d'un gène de méduse par un chercheur de l'université de Taïwan. Au début des années 2000, la société Taikong Corporation a financé les travaux du chercheur en échange de la commercialisation des poissons, rapporte Sciences et Avenir.

La fluorescence ne se limite pas aux poissons. En 2000, c'est une lapine qui avait été modifiée génétiquement pour être fluorescente. Un gène de méduse avait été ajouté à l'animal, nommé Alba. Ici, pas d'objectif scientifique ni commercial : Alba est la création artistique d'Eduardo Kac. Le premier pas vers un art transgénique ?


Commentaire : Sans aucun doute un art dégénré et inutile.