frrecherche
Depuis la « grande terreur » du H1N1 qui avait relativement bien pris avec la complicité des grandes institutions internationales comme l'OMS, le sujet de la grippe aviaire revient de manière récurrente, mais avec de moins en moins de force.

Si la machine à faire peur avait été enrayée, c'est qu'il était désormais admis par tout le monde que la grippe aviaire, même dans sa forme la plus virulente, le H5N1, ne se transmet qu'au contact des oiseaux infectés. Vers la fin des années 90, cette forme avait causé, dit-on, environ 300 morts dans le monde. L'épidémie, qui concernait plutôt les volailles qui périrent par millions, ne s'appliquait pas tout à fait à l'homme, malgré le branle-bas de combat qui eut lieu alors. Le branle-bas de combat prit encore plus d'ampleur avec le H1N1 au nom d'un nouveau principe en vogue, le principe de précaution, qui sera également utilisé pour la Sécurité des Etats-Unis sous le nom de guerres préventives.

Il semble qu'un élément nouveau permette de relancer les peurs et les craintes. The Independent annonce « des expériences pourraient provoquer une pandémie mortelle de grippe aviaire, alertent les scientifiques ». «Un super-virus de la grippe aviaire créé en labo » titre Paris-Match.

Pourquoi ce nouvel arrivant serait-il plus dangereux que ses cousins ? Les scientifiques alerteurs, des chercheurs des universités de Harvard et de Yale aux États-Unis, avancent deux raisons. La première est liée à leur crainte que le virus s'échappe du laboratoire où il a été créé. Dans un pays où il existe des milliers de centres de recherche dont une bonne partie travaille pour l'industrie militaire pour produire en permanence des tas de petites bestioles plus nuisibles les unes que les autres, et effectuant des manipulations biochimiques et biologiques de toute sorte, cette soudaine inquiétude peut prêter à sourire.

La deuxième raison de la dangerosité du virus tiendrait dans le fait qu'il pourrait « peut-être » se transmettre d'une personne à l'autre. En effet, ce virus, créé dans le but de mieux comprendre ses caractéristiques pour mieux lutter contre sa virulence, a été le résultat de modification qui lui permettent d'être transmis entre les furets, modèle de transmission le plus proche, disent-ils, de la transmission interhumaine.

Pourquoi pas ? Car après tout, toute manipulation biologique comporte des inconnues qui peuvent s'avérer dangereuses pour l'homme. Les chercheurs américains restent donc dans leur rôle de scientifiques consciencieux, même quand l'un de ces scientifiques, Mr Marc Lipsitch, évoque dans Harvard Magazine la notion un peu suspecte d'immunité. « Une des raisons qui rend le H5N1 si mortel est que la plupart des gens n'ont pas une immunité contre lui », dit - il. Suspecte parce que, qui dit immunisation dit vaccins ; et qui dit vaccins...

Un élément à tenir en compte dans le domaine de la recherche aux Etats-Unis, particulièrement la recherche médicale, c'est son mode de financement, assuré par de grands groupes de sponsors regroupés souvent sous forme de lobbies. Comme pour étayer les soupçons mentionnés ci-dessus, les différents rapports de M. Lipsitch ont provoqué, en 2012, d'intenses débats entre les instances gouvernementales et les scientifiques derrière lesquels plane l'ombre des sponsors, qui n'entreront directement en lice que plus tard, après la validation de la partie scientifique. La controverse avait été suscitée par le fait que le conseil consultatif de la US National Science pour la Biosécurité avait bloqué la publication des rapports de M. Lipsitch, considérant que l'information, en elle-même, avait un caractère militaire et touchait aux armes biologiques.

Si nous disposons de cette information aujourd'hui, c'est que les lobbies ont fini par gagner, mais il est clair que, derrière tout ça, il n'y a pas que la Santé Publique en jeu, si jamais elle avait été concernée de quelque manière que ce soit.