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Deux chercheurs allemands ont découvert l'existence d'une association entre la consommation très régulière de films pornographiques et une moindre quantité de matière grise dans une structure cérébrale appelée le striatum (en rouge ci-dessus). Crédits : Life Science Databases(LSDB) / CC-BY-SA-2.1-jp
Regarder très régulièrement des films pornographiques serait associé à une réduction de la matière grise dans une structure cérébrale appelée le striatum, suggère une étude allemande.

Consommer régulièrement une quantité importante de films pornographiques serait-il associé à une modification de la structure cérébrale ? C'est en tout cas ce que suggère une étude publiée le 28 mai 2014 dans la revue Journal of the American Medical Association, Psychiatry (JAMA Psychiatry).

Un résultat qu'il conviendra toutefois d'approfondir par des travaux ultérieurs selon les auteurs de l'étude, afin d'explorer plus finement la nature précise de cette association découverte entre la consommation très régulière de films pornographiques et les caractéristiques cérébrales observées : est-ce la consommation de pornographie qui a pour effet d'altérer le cerveau ? Ou bien la consommation régulière de pornographie attire-t-elle en priorité les personnes qui présentent déjà ces caractéristiques cérébrales ?

Selon cette étude, le fait de regarder des films pornographiques plusieurs heures par semaine serait associé à une modification de la structure cérébrale, se manifestant par une réduction de la quantité de matière grise présente dans certaines zones d'une structure cérébrale appelée le striatum (en rouge sur l'image ci-dessus).

Située sous le cortex, le striatum est une structure nerveuse notamment impliquée dans le mouvement volontaire, le processus de la douleur et la cicatrisation de certains tissus cérébraux.

Le striatum est constitué des noyaux caudés gauche et droit, et du putamen gauche et droit. Selon les travaux menés par les deux scientifiques allemands, la réduction de matière grise observée concernerait plus précisément le noyau caudé droit et le putamen gauche.

Pour parvenir à ce résultat, les deux neurologues allemands Simone Kühn et Jürgen Gallinat (Institut Max Plank for Human Development à Berlin, Allemagne) ont tout d'abord demandé à 64 hommes âgés de 21 à 45 ans de remplir un questionnaire destiné à évaluer leur consommation de films pornographiques (le temps de visionnage moyen constaté à l'issue de ce questionnaire s'est avéré être de 4 heures par semaine). Puis les chercheurs ont demandé à ces 64 volontaires de visionner des séquences de films pornographiques ainsi que d'autres séquences non pornographiques, pendant que leur activité cérébrale était analysée par imagerie à résonnance magnétique (IRM).

Résultat ? Chez les individus dont la durée hebdomadaire de visionnage de films pornographiques était la plus élevée, l'IRM a révélé une moindre quantité de matière grise dans le noyau caudé droit et le putamen gauche.

Autre constatation : chez ces individus, la connectivité du noyau caudé droit (celui présentant donc une moindre quantité de matière grise) avec la partie dorsolatérale du cortex préfrontal gauche (une zone située à l'avant du crâne) s'est avérée être moins importante que chez les individus ayant une plus faible consommation de films pornographiques.

Ce dernier constat est loin d'être anodin, car il se trouve que le cortex préfrontal dorsolatéral est connu pour être impliqué de façon déterminante dans des processus cognitifs cruciaux, comme la planification et l'organisation des tâches, l'attention, l'élaboration de stratégies ou encore la gestion du temps et de l'espace.

Ces travaux ont été publiés le 28 mai 2014 dans la revue Journal of the American Medical Association, Psychiatry (JAMA Psychiatry), sous le titre "Brain Structure and Functional Connectivity Associated With Pornography Consumption" .