Traduction SOTT

Texte original : Trapped in the mirror par Elan Golomb, chapitre XVIII

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Comment faites-vous face au parent intérieur négatif lorsqu'il vous attaque ? Comment vous en débarrassez-vous, réfutez son message haineux, et rendez son influence moins destructrice ?

Il est difficile de terminer ce livre comme il est difficile d'avoir de l'amour propre. Les enfants de narcissiques doivent apprendre à discriminer, pas à absorber chaque opinion et directive négative qu'ils rencontrent. Autrefois nous étions trop ouverts. Puis nous avons réagi en optant pour une fermeture totale afin de nous défendre. La fermeture mène à l'ennui et au marasme. Nous avons besoin de trouver un juste milieu où les choses peuvent pénétrer notre conscience et être évaluées avant d'être acceptées comme faisant partie de notre être. Nous n'avons pas à intégrer ce que nous ne considérons pas comme valable.

Il nous est difficile de trouver le juste milieu. Nous avons été élevés dans les extrêmes et nous ne connaissons pas le milieu. Lorsque la vie est facile, le milieu est plus facile à établir. Lorsque la vie est difficile, nous avons besoin de travailler pour le trouver. Je termine ce livre en traitant de la lutte vers cet objectif.

L'introjection négative est partiellement la voix de votre parent narcissique et autoritaire dont la pensée a pris résidence dans votre esprit. Ce n'est pas précisément une partie de votre moi, mais un étranger hostile qui vous observe avec un oeil critique. Peu de chose échappe à sa quête de contrôle. Il vous critique avec des commentaires comme « Tu es un raté. » et « Pourquoi essayer ? » Vos sentiments de dépression augmentent sa force. Il vous fait rejeter la gratitude et douter de l'affection. Ses demandes punitives et ses arguments paralysants vous empêchent d'essayer de changer.

Nous voulons plaire à ce juge qui n'a pas été invité et qui ressemble beaucoup à nos parents narcissiques. Nous succombons à ses messages, les pensées que nous haïssons et croyons presque. Nous voulons rejeter ces notions si détestables mais n'avons pas la moindre idée de comment le faire. Nous acceptons amèrement sa présence comme un fait de la vie.

Mon introjection négative est entrée en scène il y a quelques heures après un appel téléphonique de mon illustre agent qui m'a dit que ce livre avait été vendu. Mon humeur et mon mental sont devenus radieux. Je suis rentrée à la maison des heures plus tard et mes sentiments ont commencé à changer étrangement. Rapidement, j'ai déprimé. C'était comme si la dépression était tombée du ciel mais en réalité elle était venue de l'attitude de mon introjection négative. J'étais inquiète et découragée alors que je m'interrogeais sur ma capacité à fournir le travail nécessaire. C'était comme si la personne qui avait écrit la première moitié du livre était à des millions de kilomètres.

Mon introjection négative disait, « Tu n'en finiras jamais l'écriture et tu seras humiliée, cataloguée comme une ratée, une tragédie, une honte vivante. » Je me sentais accablée par ces idées. Cela semblait logique. Mon humeur désespérée était une preuve de mon inutilité. Avec une note de triomphe, mon introjection dit, « C'est toi. » Plus tard, en me brossant les dents, la dépression me tira vers les souvenirs d'enfance. Je fis une crise d'asthme, mon souffle était court et provoquait un sifflement, chose dont je n'avais pas souffert depuis cette époque à des moments où j'étais émotionnellement abandonnée, stressée et sous pression. Etre incapable de respirer était la manifestation physiologique de mon horreur émotionnelle. Il était incroyable d'avoir une attaque le jour où j'entendais parler de la vente de mon ouvrage sur les enfants des narcissiques.

L'introjection négative écrasa mes sentiments de succès et éveilla des craintes d'humiliation. Atteindre quelque chose puis le perdre à nouveau peut être plus douloureux que ne rien atteindre du tout, ce qui est la raison pour laquelle nombre d'enfants de narcissiques font si peu. S'en tenir au minimum vital nous empêche de perdre quoique ce soit. On nous a appris à nous sentir responsable du destin plutôt que de faire ce que nous pouvons et en accepter les résultats quels qu'ils soient.

Ne soyez pas découragés par cette histoire. Ce ne fut pas une défaite totale mais cela illustre la réponse de mon introjection à un succès qui m'a élevée au delà de mon niveau escompté. A cette époque, totalement découragée, je ne pouvais pas rire. Après une période de lutte émotionnelle, j'ai résisté en riant à l'attaque de l'introjection contre mon implication et je me suis remise au travail. Quand nous mesurons les progrès d'une personne, il faut connaître son passé, la situation d'où elle vient.

J'ai entendu l'appel de mon introjection à l'échec. Il disait que je ne serais pas payée pour mon travail, ce qu'une part de moi croyait tandis que le reste me faisait aller de l'avant. J'entendais mon côté sain dire, « Les dieux pourront faire ce qu'ils veulent après que tu auras terminé. » Je suis heureuse d'avoir écrit ceci. Cela représente le triomphe de mon moi.

Dans un foyer divisé, les enfants de narcissiques doivent lutter pour exister. Ils combattent leurs introjections négatives et se sentent battus et fatigués par ses tentatives continuelles visant à saper leurs efforts. Ils perçoivent ses directives comme une punition ou une correction et sont menés au désespoir. S'ils sont ébranlés, ils acceptent des messages qui sont comme du poison. Le pouvoir qu'ils donnent à leur introjection la rend difficile à éradiquer.

Je me suis identifiée de plus en plus à mes buts. Notre état de santé est lié à l'état de notre moi. Le moi et la santé ne font qu'un. La force est venue en partageant des réflexions, des réalisations, avec d'autres enfants de narcissiques. Travailler sur le livre impliquait directement une loyauté envers mon propre moi. Pourrais-je lui faire justice en étant continuellement affaiblie par mon introjection négative et par des tiers narcissiques qui se focalisaient sur mes réactions négatives potentielles ? Mon moi inquiet m'a amenée malgré tout à penser, ressentir et écrire. Ma personnalité et mon moi n'avaient jamais été aussi proches. Mes actions et mes sentiments étaient comme unifiés. Merveilleux de se sentir être soi-même.

En faisant taire mon introjection encore et encore, j'en ai appris davantage sur cette lutte. Une éradication nécessite une pensée et un effort délibérés. Vous avez besoin d'identifier l'introjection comme étrangère à votre moi. Aussi longtemps que vous la considérez comme vôtre, vous êtes désavantagé. Si nous la voyons comme un non-moi, une identification qui nous pousse dans des rôles, des sentiments et des comportements inacceptables, nous pouvons travailler dessus. L'étiqueter comme un non-moi est difficile car nous percevons
inconsciemment l'introjection comme un aspect de notre parent narcissique. Que faisons-nous quand la loyauté envers le parent s'oppose à la loyauté envers nous-mêmes ? Nous avons été conditionnés à ne jamais faire passer le moi en premier. Le parent narcissique nous qualifierait d'égoïste.

Parfois nous pensons que l'introjection fait partie de nous et parfois non. L'introjection se sent forte, puis faible, puis forte à nouveau. Comme l'examen thérapeutique, les circonstances extérieures l'affectent. La participation à un groupe et une thérapie individuelle aident. La logique atténue son ardeur et les circonstances négatives la font ré émerger. Cette bataille peut durer toute une vie. Mais ce n'est pas nécessaire.
Cet agent étranger belliqueux entre initialement dans notre monde lorsque nous sommes bébés et avons besoin de l'amour de nos parents. S'ils sont critiques et narcissiques, leur oeil désapprobateur et leur bouche en colère commencent à nous blesser de l'intérieur. A mesure que nous grandissons, l'introjection négative impose des états de limitation avec lesquels notre moi est en désaccord mais est réprimandé et emprisonné par lui. L'introjection veut être le chien dominant et, contrairement à une conscience qui mène à un confort raisonnable, il enlève la sécurité du moi. Malgré son effet négatif, une idée puérile que ceci puisse mener à l'amour nous colle ensemble. L'amour parental était lent à venir mais nous ne connaissions pas d'autre moyen pour l'obtenir.

Un adulte est rendu malade par son introjection et pense que c'est dommageable. Il veut se libérer mais trouve que c'est difficile. Il n'est pas forcément conscient que son côté infantile est attaché à des manières de faire puériles et ignore les conséquences de ces attitudes. Une attente puérile peut être cachée dans l'inconscient et détectée seulement par inférence, par exemple dans le contenu de nos rêves.

Vous êtes confus et inquiet quant à ce que vous faites. Une part supplémentaire de gâteau, le travail important pas fait, choisir un partenaire qui ne vous aime pas. Les gens dominés par des introjections négatives accusent le destin. Ils traitent la pression exercée par leur introjection comme une plaisanterie et demandent, « Pourquoi fais-je cela ? » Ils suivent ses instructions visant à ce qu'ils échouent, rejettent leurs responsabilités, et admettent que leur moi enfant a le contrôle. « Tu me connais quand je... » Ils parlent comme s'ils étaient contrôlés de l'extérieur. Ils souffrent de ces répétitions mais ne considèrent pas leur comportement comme créant une dépendance, ce qui les obligerait à essayer de changer. Puisque leur problème crée une dépendance, ils s'adonnent à des besoins et des plaisirs puérils pendant que leur vie d'adulte s'écroule. Parlant de leurs intentions, ils disent « en quelque sorte » et « peut-être » tout en ignorant les besoins, responsabilités et attentes adultes.

Ils s'adonnent à un comportement puéril qui provient du désir tacite que cela poussera le parent narcissique à les aimer. Tout le monde a des désirs puérils. Cependant, afin de matérialiser notre potentiel, nous devons être autonomes et réaliser que le parent narcissique ne peut pas plus satisfaire adéquatement nos besoins d'enfant aujourd'hui qu'à l'époque. Si nous adhérons à un comportement puéril, nous continuerons à habiter un monde onirique fait de désirs et d'attentes illusoires, accros au désir irréalisable que le parent narcissique satisfasse nos besoins.

L'introjection utilise les valeurs de nos parents. Si il ou elle est narcissique, ses valeurs ne peuvent mener l'enfant vers le bonheur. Nous ne savons pas qu'on nous a mis dans la tête nombre de nos croyances, ce qui nous rend difficile de les reconnaître et de s'en passer. Il faut plus que de l'introspection pour les voir. Nous avons besoin de l'apport de nos amis, d'un thérapeute, de thérapie de groupe, des personnes qui partagent des batailles similaires mais qui ne sont pas liées par des contraintes identiques. Ces personnes sont également perplexes quant au fonctionnement de leur inconscient. Toutes oeuvrent à réduire le pouvoir de l'introjection négative.

Habituellement, les groupes de thérapie ne sont pas exclusivement constitués d'enfants de parents narcissiques. Mais la plupart des groupes aident de différentes manières. En groupe, vous découvrez que vous n'êtes pas le seul avec une image de soi hideuse, créée par les sempiternelles demandes parentales vous poussant à changer. On vous y répondra explicitement que les habitudes narcissiques que vous manifestez sont inacceptables. Une thérapie de groupe court-circuite l'inhibition sociale qui nous empêche d'exprimer notre mécontentement. Certains membres se mettaient en colère contre moi lorsque je prenais une posture de Madame-Je-Sais-Tout et de commandement face à leur comportement. Manquant de confiance en moi, je n'avais pas idée que je ressemblais à mes parents en parlant comme je le faisais.

Et puis il y avait les amis. L'un d'entre eux, Hal, un gentleman viennois qui était aussi suivi une formation universitaire en psychologie. C'était un amant qui me rappelait ma beauté physique. De mes petits seins il disait, « Plus qu'une bouchée, c'est gâcher. » Il m'a aidé à lutter contre ma peur des statistiques et à l'issue de son office, cet enfant de narcissiste a décroché la meilleure note.
Il avait un sens de l'humour décapant illustré par une série de photographies qu'il avait faites de moi dans mon désespoir. Sur une photo, nous étions en vacances à Provincetown et j'étais allongée sur une jetée en pierres, battue dans le désespoir par mon introjection. Il l'appela affectueusement, « Golomb abandonne. »

Il pleurait de tristesse avec moi - la sienne, la mienne et la nôtre ensemble. La sienne provenait de son passé de réfugié de l'Allemagne nazie où il perdit sa famille, en particulier son cousin bien-aimé parti en Israël et qu'il ne revit plus jamais. Parfois, Hal se comportait comme un robot, une créature mécanique qui marchait de manière saccadée et perdait de plus en plus le contrôle, je tressaillais et j'avais peur lorsqu'il me suivait froidement en marmonnant des insanités. Il jouait le rôle d'une personne qui avait complètement perdu sa capacité à ressentir, un mécanisme de défense courant chez les gens qui sont connu les horreurs de la guerre. En fait, il éprouvait beaucoup de choses, certains de ces sentiments étaient si forts qu'ils l'effrayaient.

Ensemble nous avons adopté Effie, un chien qui devint mon ami pour la vie. Effie était le nom que j'avais donné à ma poupée préférée. A l'âge de six ans environ, je l'avais lavée, ce qui la rendit muette, mais je l'aimais toujours autant. Mes parents avaient l'intention de m'en acheter une « mieux ». Personne ne m'a demandé si je voulais garder Effie, qui faisait partie intégrante de moi. Un jour, en revenant de l'école j'ai constaté qu'Effie était partie. La nouvelle poupée n'apaisa pas mon chagrin. C'est l'un des nombreux actes commis par mes parents qui signifiaient que je n'avais pas voix au chapitre.

Hal m'a aidée à retrouver ce sentiment d'amour passé qui me manquait. La personnalité du chien le remplissait de bonheur. Nous avons eu tellement de plaisir à vivre sans avoir à prouver quoi que ce soit ou être quelqu'un de différent. Il m'a protégée de l'opinion narcissique de mes parents. Même quand la situation paraissait désastreuse, il n'a jamais perdu espoir. Pour la première fois, j'étais avec un homme avec lequel je me sentais acceptée.

Des pensées négatives hantent-elles votre esprit comme des hôtes non invités ? Ce genre d'idées peut être si habituel que vous ne les considérez pas comme étranges. L'humour aide le processus de libération. « Encore toi ? » L'humour sape le pouvoir des idées oppressives. En riant, vous pouvez voir que vous ne croyez pas à tout ce que pensez. Il est bon de partager vos messages autodestructifs avec ceux qui ont des problèmes similaires ou qui peuvent apprécier une bonne plaisanterie.

Quelquefois vous écoutez trop longtemps avant d'agir. L'introjection prend le contrôle de votre humeur et neutralise votre sens habituel de l'humour. Si vous ne pouvez reculer poliment, continuez votre chemin malgré les critiques internes. La raison et la volonté peuvent vous permettre de continuer à avancer jusqu'à ce que vous trouviez de l'aide.

Une période de besoin peut vous rendre vulnérable à l'introjection négative. La mienne a été tranquille pendant quelque temps jusqu'à ce qu'une catastrophe la fasse ressurgir. A l'âge de quarante-sept ans, j'ai fait une promenade à vélo au cours de laquelle j'ai eu un accident et me suis blessée à la tête. La radiographie passée à l'hôpital local a révélé deux commotions et une petite fracture du crâne. L'hôpital ne traitait pas ce type de blessures et dit à mes parents de m'envoyer vers un autre hôpital. Au lieu d'obtenir ces informations de mes parents, je me suis retrouvée attachée sur une civière et transportée en ambulance contre ma volonté. J'étais terrifiée, résistante et ils le savaient. Je côtoie depuis longtemps les thérapies naturelles et je voulais voir mon médecin herboriste chinois. Mais mes parents était trop effrayés par ce que le médecin leur avait raconté pour me dire ce qui se passait et ils ont agi d'une manière typiquement narcissique.

Dans la peur et sans qu'on tienne compte de mes protestations, on m'a emmenée au second hôpital où j'ai reçu le traitement dont je ne voulais pas. Le droit de prendre des décisions m'a été enlevé et donné à mes parents. Ils ont autorisé les médecins à gérer mon traitement et ils ont ignoré mes demandes incessantes de partir car les médecins avaient instillé en moi la peur de mourir.

J'aurais agi autrement mais je n'avais plus le contrôle de mon traitement médical. Je l'appelle « médical » mais en fait les seuls médicaments que je reçus furent des tranquillisants. Je voulais partir mais j'étais littéralement ficelée et droguée. J'étais restée tout le temps attachée car l'hôpital savait que j'avais l'intention de partir. J'étais attachée au niveau du cou, des poignets, du ventre et des chevilles, excepté les quelques heures où ma mère me rendait visite et me libérait malgré la désapprobation de l'hôpital. Elle n'aurait jamais pu croire qu'on me laissait attachée le reste du temps et elle choisissait de penser que cela n'arrivait que cinq minutes avant qu'elle arrive. Cependant elle prenait lentement conscience de mon malheur, mon anxiété, mon mécontentement et ma maladie.

L'hôpital cacha le fait qu'on m'injectait continuellement un tranquillisant utilisé pour les psychotiques difficiles à contrôler et qui me plongeait dans un état de confusion et de stupeur.

On dit à mes proches que je n'avais aucun traitement, alors que ce dernier provoquait dépression, anxiété et confusion. Mon élocution était légèrement plastique en raison de ma blessure à la tête mais surtout à cause des médicaments. Tout cela ajouté à mes constantes demandes de partir était utilisé par le personnel comme preuves que je devais rester un minimum de six mois. Ce traitement n'était pas destiné à soigner mes commotions pour lesquelles ils ne faisaient rien mais à me faire renoncer et oublier mon intention de partir. Ils persuadèrent mon père narcissique et sa famille narcissique qui tinrent conférence dans un coin de ma chambre sans me consulter.

Je voulais désespérément partir et faire en sorte que mon état de santé cesse d'empirer. Je demandais, suppliais en permanence mes proches de me libérer pour que je puisse opter pour le traitement de mon choix, mais personne ne voulait écouter, ce qui est un exemple des situations typiques que vit l'enfant de parents narcissiques. Malade et impuissante comme je l'étais, la situation n'aurait pu être plus horrible.

Ma mère se sentait très mal et disait, « Tu partiras demain. » Mais mentir était sa manière de faire et elle était trop effrayé passer à l'acte. Mon désir de partir fut noté sur ma fiche d'hôpital comme une indication de l'illusion dans laquelle je vivais.

A la recherche d'un parent aimant, mon enfant intérieur réapparut. Je voulais qu'on me tienne la main sans rien demander en échange. J'avais besoin de compréhension et de soutien quant à ce que je considérais comme important. C'est ce qu'un narcissique est incapable de donner. Le déni de mon besoin mit en marche mon introjection négative.

Je n'étais pas dépourvue d'idées personnelles, un peu inintelligibles en raison des médicaments, mais j'essayais désespérément de communiquer. Je n'avais jamais imaginé que moi, une psychologue clinique disposant d'une solide formation et vingt ans d'expérience en établissements psychiatriques, ne serait pas écoutée. C'était trop effrayant à contempler. A demi-consciente, j'entretenais l'idée que l'hôpital voulait me tuer en me privant de traitement et en me droguant. J'abandonnais l'espoir de recevoir de l'aide et je m'enfonçais dans des idées de suicide et de meurtre. Je plongeais dans l'angoisse et le désespoir profond typiques d'un état de stress qui dura bien après avoir quitté l'hôpital. C'était totalement dû aux soins qui m'y furent administrés et bien peu à ma réaction à la commotion.

Les tortures narcissiques alimentent l'introjection. Pour les visiteurs qui ne faisaient faire attention à moi, j'étais un « objet ». Ne sachant pas que j'étais droguée, ils ignoraient mes demandes les considérant comme des fantasmes. Mon oncle narcissique me confia plus tard que je l'avais supplié de me faire sortir, allant jusqu'à flirter avec lui. L'entendre raconter cet épisode fut horrible. Chaque jour, ma mère me détachait pendant ses quatre heures de visite mais ne voulait pas croire que j'étais attachée tout le reste du temps. Chacun évitait de prendre conscience des faits douloureux de ce que j'essayais de leur communiquer. Les médecins en savaient plus. Ma mère, moins narcissique que les autres, voyait que mon état empirait et percevait mon anxiété et ma déprime. Chaque jour, elle promettait de me faire sortir, puis elle sombrait dans la peur et la paralysie.

Lors de mon neuvième et dernier jour à l'hôpital, elle me trouva camisolé, cou et bras entravés. Avant sa visite, j'avais réussi à me détacher et je m'étais rendue à l'accueil pour demander ma sortie. Ils refusèrent et cela dégénéra en un affrontement avec huit membres du
personnel qui m'attachèrent à nouveau. Ma mère horrifiée arriva et demanda, « Qu'est-ce que c'est, un asile ? Ma fille est ici pour une commotion. » Comme toujours, je suppliais de partir.

Elle perçut ma fureur, je la haïssais pour ce qu'ils faisaient avec sa permission. C'en était trop pour elle. « Elle part ». Le personnel était révolté. « Elle sera détruite à l'extérieur, elle tombera sur la tête et sera clouée au lit jusqu'à la fin de ses jours. » Je partis contre avis médical, ressentant combien peu de personnes peuvent comprendre vos besoins. Mes amis avaient reçu des instructions du personnel visant à considérer mes paroles comme insensées. Ils m'oublièrent en tant que personne parce que mon vocabulaire était limité suite au choc. Maintenant que tout cela est passé et que les faits ont été révélés, ils sont secoués.

Cette tragédie était en accord avec les prédictions de mon introjection négative - un crâne fêlé et une grande bataille contre les forces de l'institutionnalisation avant que je puisse entamer ma guérison par des méthodes naturelles et écrire ce livre. Ma lutte fit écho aux mots de l'introjection : « Tu seras tuée pour avoir essayé. »

Je vis moins dans l'attente des louanges de mes parents narcissiques. Avant, ce désir me gardait éveillé toute la nuit dans l'espoir d'une approbation. Désormais je ne fais plus confiance à leurs paroles et à leurs intentions. On se soucie peu de gagner les flatteries de personnes dont on sait qu'elles ne sont pas de notre côté. A quoi est bon ce compliment et qui est la personne qu'ils louent ? Quand je suis flattée faussement comme cela, je ne me sens plus comme le moi-original.

J'observe.

J'avais oublié ma passivité en tant qu'enfant de parents narcissiques mais cet accident l'a ramenée à la surface. Ma commotion causa une dépendance utilisée par mes parents narcissiques pour m'attaquer et me rabaisser davantage. Ils envisageaient un institut « de soins » quand je demandais à être libérée. Le narcissique sait toujours ce qui est le mieux pour vous, peu importe ce que vous dites. Maintenant je regarde avant de réagir et les événements ne m'arrivent plus de manière aussi imprévue. Je suis plus capable de juger ce qui se passe chez les autres.
Je ressens les sensations subtiles du changement. Je ne ressens pas ni ne pense de la même manière. Lorsque je mène des séances de thérapie, j'imagine des images concernant mes patients dont ils confirment plus tard la pertinence, ce qui montre que je perçois des signes même minimaux. Je suis plus consciente du mensonge, que les gens disent ce qu'ils pensent que vous voulez entendre mais qu'ils ne croient pas ; que certaines personnes sont fiables et d'autres non. Je suis plus sensible aux subtilités. Parfois je me demande si je deviens paranoïaque, mais d'après la quantité d'amour que je ressens, je dirais que je grandis.

La situation est pire pour les enfants de narcissiques qui n'ont pas suivi une psychanalyse. Si on utilise l'écriture de ce livre comme métaphore pour n'importe quel projet que vous entreprenez, en terminer l'écriture est un combat. S'il est bouclé, votre livre ne quittera pas son tiroir. Si vous trouvez un éditeur, périrez-vous dans un hôpital ? Il est intéressant de noter que l'accident de vélo m'est arrivé le lendemain de la vente de mon livre.

L'introjection est impitoyable. A divers moments, vous devrez combattre sa force inhibitrice. L'introjection s'activera pour vous mettre K.O. Le rôle qui vous est assigné est ce que le parent narcissique veut pour vous.

Rentrer dans une phase de crise avec de grandes attentes vous rend plus accessible à votre introjection négative. Si vous avez des parents, des proches et des amis narcissiques, vos espoirs sont souvent déçus. Vous obtenez rarement ce que vous demandez même pour votre anniversaire. Que se produit-il lorsque vous exprimez vos besoins et vos parents continuent à suivre leur propre chemin ? Un parent apprend à son enfant à s'accuser pour des défauts parentaux et plus tard pour tout événement négatif. Dans une crise, vous vous verrez comme coupable. L'introjection négative est nourrie de matériel anti-moi et vous envoie en retour des messages de haine envers vous-même.

Même dans une situation extrême, il est erroné de penser que le narcissique sera prêt à satisfaire vos espoirs et désirs quotidiens, et encore moins ceux qui sont exceptionnels. Ne vous faites pas de mal à l'espérer. Vous êtes un cadet de l'autopunition. Votre introjection se retournera contre vous lorsqu'il y aura un manque de considération et d'amour. Avoir besoin d'encouragements parce que vous en en manquez n'est pas une raison pour vous critiquer.

Votre introjection donne des explications sur votre manque d'amour. Cette déformation que vous avez apprise peut être affaiblie en échangeant avec une personne ou une créature par qui vous vous sentez aimé. Lors des vacances qui ont suivi mon accident, j'étais amoureuse d'un chiot venant du Vermont, un énorme Labrador noir qui me suivait, même sur mon lit, où il déposait ses quelques 45 kilos sur ma poitrine, mangeotant frénétiquement mes doigts et mon visage. Il était si plein de vie débridée qu'il me faisait rire et exister. J'étais si amicale et vigoureuse que je ne pouvais rester d'humeur maussade.

Trouvez des personnes qui peuvent vous aimer et vice versa. Faites-les entrer dans votre vie. Etes-vous attaché aux narcissiques ? Avez-vous besoin d'apprendre à reconnaître un type différent de personnes qui vous soutiendra dans les moments heureux et dans l'urgence ? Si un soutien est disponible, les doigts de votre introjection négative ne vous saisiront pas à la gorge.

Bien que nous puissions ne pas en être conscients, nous passons nos vies séparés de nos parents. Quand nous ressentons un besoin émotionnel, notre besoin d'amour parental redevient fort. Nous pensons que l'apparition de ce besoin devrait nous rendre malheureux puisque notre esprit narcissique est vaniteux. Il dit que les besoins puérils seront éternellement puérils. Mais les gens sont éternellement puérils et éternellement en train de grandir. C'est la résistance au processus qui cause les problèmes. La maturation ne finit jamais. C'est l'immaturité qui nous déclare finis. Le narcissique stoppe sa dynamique de croissance avec une attitude de perfection et ne mûrit pas. Nier des parties de soi qui ont besoin de travail signifie se cacher dans un état limité.

Les enfants de narcissiques doivent combattre pour leur indépendance vis-à-vis de parents narcissiques qui sinon vivraient à travers eux. Ces parents traitent leurs enfants comme imparfaits et rejetés ou bien parfaits et liés à eux. Une telle concaténation du moi et de nos valeurs n'est pas le chemin du développement. Les parents narcissiques n'accordent pas à leur progéniture la maturité de personnes autonomes. Ils ne peuvent concevoir une telle relation.

A chaque instant, nous devenons plus autonomes et nous séparons de notre introjection négative. Elle se bat pour garder le contrôle et nous luttons pour nous en débarrasser. C'est le moi contre l'introjection et chaque système de pensée revendique être le vrai moi. Il y a un conflit coupable entre l'amour de soi et l'amour des parents. Pouvons-nous vivre sans les limites posée par les paroles de nos parents et exprimées par l'introjection ? Nous ne souffririons pas de telles introjections si nos parents n'aveint pas rejeté ce qu'il y avait de fondamentalement humaine avec leurs propres pressions irrationnelles. Maintenir une vision négative de soi maintient l'introjection en vie. Nous avons besoin de croire en notre valeur intrinsèque et en notre droit de nous tromper si nous voulons nous libérer de toute introjection.

Nos parents narcissiques nous perçoivent comme un projet de réhabilitation. Nous exprimons des introjections négatives héritées de leurs propres parents qui les rejetaient. Ces introjections les prémunissaient de toute sensibilité humaine à notre égard, un cauchemar transmis de génération en génération. Munis de cette connaissance, nous allons essayer d'arrêter ce transfert. Nous n'appliquerons pas ses décisions même envers nous-mêmes. C'est un combat. Pour la vie.

Si, pour souffrir moins, vous voulez changer votre manière de pensée en fuyant les souffrances causées par l'introjection négative, votre douleur grandira. C'est comme la réponse d'un enfant délaissé à un parent qui l'agresse. « Je dois me sortir de là. C'est trop horrible à vivre. » La douleur est proportionnelle à l'intensité de votre peur.

Au lieu de cela, remarquez : « Je m'envoie des messages blessants mais je connais ma tendance à imaginer le pire et d'abord je vais évaluer la difficulté de la tâche. » L'objectivité réduit le pouvoir de votre introjection. Si vous identifiez un problème dans votre comportement, il n'est pas équivalent à la valeur de votre moi. Un narcissique confond son comportement et le moi, pour se défendre il devient incapable de voir ses difficultés.

Votre introjection négative peut vous hanter avec des fantasmes tragiques sur vous-même. Pour guérir, disons, « Dites-moi tout et laissez-moi voir en pleine lumière. » La peur croît dans l'ombre. Les personnes phobiques sont hantées par la peur. Plus elles évitent ce qu'elles craignent, pire est la phobie. La phobie s'étend à de nouveaux objets liés aux anciens. La contamination empire avec la fuite. L'évitement est une piètre réponse.

Approchez-vous de l'objet de vos peurs et continuez jusqu'à ce que votre peur disparaisse. Si ce que vous craignez est la voix punitive de votre introjection négative, ne fuyez pas, argumentez ou pleurez sur son attaque. L'adulation emplie de peur lui donne du pouvoir. Vous pleuriez pour éveiller la pitié de vos parents. C'est la peur de l'insécurité qui attestait de leur grandeur. Ils étaient flattés par le pouvoir qu'ils avaient sur vous.

Dans notre culture, souvent les femmes pleurent au lieu de montrer leur colère. Les larmes annoncent leur position d'infériorité. L'enfant d'un narcissique est dans une position similaire. Il ne peut être ouvertement en colère envers ses parents et plus tard il se retourne vers ses représentants dans l'introjection négative. Il a besoin d'arrêter de ramper sous le talon de l'introjection et de pleurnicher en entendant ses mots. Il a besoin de retirer l'introjection négative de son piédestal.

Si à la place vous soutenez l'introjection en laissant aboutir ses commentaires péjoratifs, vous remplacez l'espoir de l'amour par la punition. Si vous différez cette quête de liberté, vous manquerez toujours d'amour. Vous avancez et vous reculez, mais une fois que vous abandonnez votre quête d'amour pour un narcissique, vous ressentez un vide douloureux et vous fait vous demander pourquoi vous vivez. C'est le moment pour faire le deuil de ce que vous n'aurez jamais. En pleurant vous acceptez que le parent narcissique ne vous donnera jamais autant d'amour que ce dont vous avez besoin. IL n'est plus possible de gagner l'amour qui était absent. Après avoir souffert de cette perte, vous avancerez. Une perte qui est reconnue peut au final être guérie.

Venant d'une enfance où la souffrance était fréquente, les caresses et la compréhension rares, vous ne pouvez guère tolérer vos sentiments. Vous hésitez au carrefour et retournez vers les bavardages de votre introjection ou choisissez un partenaire narcissique. Finalement, vous vous préparez à la douleur de connaître ce qui vous manque. C'est comme un quai vide auquel vous pouvez amarrer un navire différent. Le navire d'une personne qui vous aime.

Les enfants de narcissiques sont élevés avec la croyance qu'ils ont des traits qui les rendent spéciaux et peu attachants. Le narcissique se focalise sur les défauts de son enfant comme cause de sa propre incapacité à donner. Plus tard, l'enfant est blessé par les critiques de son introjection parce qu'il croit les paroles de ses parents. Exagérer ses propres défauts fait qu'elle reste la même.

Les individus dénués de narcissisme voient les choses différemment. Ils aiment l'autre et perçoivent ses défauts comme une fumée s'élevant d'un feu. Le feu est ce qui compte. Un narcissique projette ses défauts inacceptables et secrets sur son enfant et ressent un manque d'amour pour un enfant aussi imparfait. Son enfant ressent anxiété et dépression lorsque les choses tournent mal. Ses défauts justifient sa vie troublée. Il ne sait pas qu'il vit dans un univers qui lui a été imposé.

Vous avez besoin de développer une attitude neutre et curieuse. Comment pouvez-vous être amical avec l'introjection négative qui vous attaque ? Un tyran est renforcé par la peur de sa victime mais est déconcerté par sa neutralité. Si vous êtes attentif à votre introjection sans anxiété excessive, vous atteindrez un certain degré de séparation.

Ecoutez les pensées négatives sans automatiquement les accepter comme vraies. Une approche non défensive est également préférable avec le parent critique. L'objectivité est plus constructive que l'opposition. Si vous combattez, vous êtres rejeté comme infantile. Quand votre conduite est neutre, il est plus probable que vos vues soient prises en compte. Ecoutez et décidez ce qui est vrai et à quel degré. Vous pouvez avoir besoin de consulter quelqu'un. Si vous découvrez l'auto évaluation et que vous êtes facilement miné, faites part du commentaire à une autre personne ou groupe à qui vous faites confiance.

La créativité peut vous aider à guérir. Quand j'envisageais d'examiner mon introjection, je me sentais faible et craintive. J'étais dans un centre de macrobiotique en Californie pour mes vacances d'été. C'était une demeure de style japonais entourée de montagnes. Elle était construite dans une chaude vallée où tous les fruits et légumes imaginables étaient cultivés. Le centre donnait des cours de cuisine et aidait à analyser nos faiblesses physiques. Nous avons appris comment changer notre façon de vivre pour nous sentir mieux et marcher sur l'herbe humide tôt le matin pour faire circuler notre énergie. Il y avait de petits ateliers de thérapie, y compris yoga et méditation.

A cette époque, je sentais que je n'avais pas besoin de plus de pensées négatives. Au moment de me rendre à un atelier d'imagerie de guérison, mon humeur était maussade, je me sentais découragée. Après les instructions visant à nous faire entrer dans un état de calme intérieur, on imaginait vivre dans notre endroit préféré. Pour moi, c'était la nature.

J'espérais trouver un peu de force et j'étais sceptique, tout en me demandant sous quelle forme elle apparaitrait. Dans mon esprit surgit un élan, une créature majestueuse, grande et sereine, pointant sa tête cornue dans mon foyer au coeur de la nature. Ma demeure était bénie. L'élan resta un moment puis partit. Je me sentis inspirée par sa présence et cherchai sa signification avec des mots mais rien ne vint. C'était simplement, comme le moi, le chant de la connexion avec la terre, un esprit sans mots. C'était l'amour du moi, vers le moi, et par le moi.

Que signifient cette vision et cette pratique méditative? Les enfants de narcissiques doutent et dévaluent leur moi interne comme si rien de valeureux ne pouvait venir de l'intérieur. C'est faux. Ecoutez votre partie intuitive et observez avec respect ce qu'elle produit. Ses manifestations peuvent prendre n'importe quelle forme ou signification. C'est votre propre symbolisme. La créativité ne vient pas d'une boîte ou de la télé. Les enfants sont créatifs mais deviennent des adultes moyens déconnectés de leur créativité. Ils pensent sans créativité mais cet appauvrissement a été appris. Les parents narcissiques sapent votre créativité avec des questions comme : « Est-ce assez bon ? » Assez bon pour quoi ? Les gens parlent de mon écriture et de ma peinture. « Mais vous êtes créatif. » Nous sommes tous créatifs à notre manière. Talent, imagerie, force de l'inconscient sont humains. Votre vision est différente de la mienne mais elle est bien là.

Par créativité j'entends permettre que vos désirs et visions vous inspirent. Si vous êtes touché par ce qui vous vient à l'esprit, quelque chose émergera pour exprimer votre état intérieur. Vous pouvez trouver la solution à un problème, écrire une chanson ou une histoire, un poème qui revêt une signification profonde. Tout à coup, vous faites un tour dans la forêt et sentez sa vie autour de vous. Soudain vous vient à l'esprit une recette faite des curieux restes stockés dans la glacière. Vous vous rappelez le plaisir d'une ancienne amitié, etc.

Certains thérapeutes disent que les gens créatifs évitent de faire face à leurs névroses en transformant leurs problèmes en art. Mais ce n'est pas toujours exact. Une personne créative entend son moi qui pleure et ne peut se cacher ce que ce dernier pense et ressent. Il peut utiliser son pouvoir créatif pour guérir et chercher des solutions imaginaires ou réelles. Le parent narcissique apprend souvent à son enfant qu'il n'y a que perfection ou échec. Si vous vous ouvrez à la créativité, il y a une infinité de visions. Regardez vos rêves, les histoires que vous aimez entendre ou raconter et les choses que vous trouvez belles. Vous verrez un jeune moi qui attend de se développer. Nous sommes toujours jeunes et toujours vieux.

Les enfants de narcissiques sont formés à ne pas faire confiance à leur inconscient. Tout ce qu'ils font doit satisfaire à une norme externe. Malgré ces oeillères, nos vies intérieures attendent de nous nourrir. La créativité vient si nous sommes ouverts et réceptifs. Il y a plus dans notre moi qu'une opinion apprise.

Les parents narcissiques nous ont appris à surévaluer ce que nous avons reçu d'eux et sous-évaluer notre moi et ses sous-produits. Le bien était d'être comme eux et le mal était de suivre vos propres idées. De leur réaction condamnatoire, nous avons appris à avoir peur de satisfaire nos désirs personnels. Nous vivons dans un enfer familial et qualifions de négatifs les comportements nouveaux avant qu'il n'aient porté leurs fruits.

Vous avez besoin de vivre en accord avec vos propres expériences et de changer au fur et à mesure que vous discernez de nouveaux éléments. Vos valeurs peuvent être les vôtres et pas liées compulsivement à des mesures externes, comme celles de votre parent narcissique, qui pourraient inclure argent, célébrité, beauté, intelligence, pouvoir. Nous pouvons arrêter de mener des vies visant à impressionner la communauté narcissique.

Nous nous donnons une note plus basse que ne le font les autres. Comme tous, nous faisons des erreurs. Elles ne méritent pas des condamnations à trainer sur nos épaules mais on doit en tirer les leçons. L'humour et le courage font bon ménage. En voyant vos difficultés et votre tendance à exagérer les accusations, l'humour facilite le changement.

A une occasion, je participais à une méditation au sein d'un grand groupe. Il faisait sombre et la femme en face de moi était agitée et bougeait constamment son corps. Ceux qui méditent sont censés rester assis calmement. Dans ma prédisposition élevée, je la détestais à cause de son bruit et consacrais beaucoup de mon attention à la qualifier d'égoïste et un nombre d'autres noms d'oiseau. Ce n'était que haine et ressentiment du fait de la perturbation de « ma » méditation. Elle était la responsable de ma mauvaise humeur jusqu'à ce que la lumière revienne et que je regarde mon « ennemie ». Elle était handicapée et avait du mal à s'asseoir.

Les enfants de narcissiques ont été profondément blessés par leurs parents narcissiques et deviennent enclins à penser qu'ils sont attaqués. Nous croyons que les gens sont là pour nous blesser, une erreur qui est difficile à éliminée puisque nous n'arrêtons pas d'ajouter de nouveaux exemples à notre liste. Ce genre de pensée est éradiqué lorsque nous voyons plutôt en eux des non-ennemis. C'était si difficile pour elle de s'asseoir que je fus étonnée et désolée de ce que j'avais ressenti. J'y vis plus clair sur ma tendance à percevoir les actions comme destinés à blesser. J'interprétais certains faits d'une manière erronée en raison d'informations limitées et de ma prédilection à me sentir maltraitée. Une grande leçon. A mesure que j'essaie d'arrêter de percevoir les événements comme des attaques personnelles, ma vie devient plus facile à vivre.

Comment devons-nous surmonter cette tendance, appelée personnification ? Un professeur de méditation raconta une fois une histoire à ce sujet. Un Oriental ramait sur un lac embrumé. De manière inattendue, son bateau fut percuté par un autre. Il maudit ce rameur insouciant et fut empli de colère contre l'audace intolérable de l'autre. Puis le bateau qui avait heurté le sien passa à côté et il le trouva vide. Déterminé à se voir attaqué, il avait inventé cette histoire d'agression qui avait provoqué la souffrance.

Si vous voulez vous débarrasser de cette tendance à la personnification, à penser que les gens sont contre vous, commencez à vous pencher sur votre passé d'enfant de narcissiques. Votre vie auprès d'eux a façonné votre manière de voir le monde. Ils étaient destructeurs dans
leur besoin de voir les choses à leur manière. Leur ignorance agressive et envahissante était-elle destinée à vous blesser ou simplement un miroir de leur propre monde intérieur ? Je tends vers la deuxième explication, puisqu'il n'y avait rien ni personne en dehors de leur propre moi. Il n'y avait pas d'intention de vous blesser puisqu'ils essayaient de satisfaire leurs désirs et responsabilités. Vous étiez perçu comme une extension de leur propre être, tandis qu'ils prêtaient à peine attention à vos propres besoins. Ils noyaient les gens qui s'accrochaient à un morceau de bois. Leur situation était si désespérée qu'ils ne pouvaient la percevoir. Démolir leur rêverie protectrice, provoquait une humeur exécrable.

A partir de ce moment-là, ils étaient susceptibles de vous blesser ou d'être méchants. Leur enfant s'opposait à leur influence et essayait de prendre position loin d'eux ou contre eux. Dans la pensée narcissique, bien signifie être identique. L'infaillibilité est démentie si l'enfant suit un autre chemin. Ils vous attaqueraient parce que, dans leur égocentrisme désespéré, ils interpréteraient vos motivations d'une manière erronée.

Emergeant de cet imbroglio, vous percevez d'eux comme délibérée une réponse non désirée. Vos parents étaient sarcastiques et furieux et nombre de leurs actions se transformait en attaque. C'est ainsi que vous les voyiez. S'attendre à une blessure et voir des attaques vous pousse à fuir ce qui vous évite des désillusions. Vous grandissez et percevez les autres comme une menace. La liberté vient de ne pas voir d'intention malveillante là où il n'y en a pas.

Retenez-vous de conclure à la présence d'une intention malveillante. Doutez de vos suppositions et, avant de tirer des conclusions, découvrez les faits et les véritables motivations. Utilisez des informations provenant de l'extérieure et minimisez votre prédilection aux blessures.
Nous avons peur du changement et répétons les comportements qui ruinent nos vies. Du semblable vers le semblable. Si nous essayons de changer, nous le faisons à la vitesse d'un escargot qui n'arrive jamais à destination ou nous bougeons si rapidement que peu de changements se produisent. La vitesse de l'éclair nous protège d'être piégés, acculés et blessés. Nous avons peur d'entendre le cri de ce qui a été abandonné, une attente de nos parents hypersensibles qui réagissaient exagérément à nos changements. Nous apprenons de ceci que tout ce que nous faisons est blessant, même une nouvelle coiffure ou une nouvelle manière de parler. Nous nous inquiétons encore davantage si nous changeons une habitude connue. Perdrons-nous nos amis ? Nous recherchons et trouvons des réponses motivées par la douleur. Nous passons en vitesse par delà nos sentiments, si remplis d'angoisse, de culpabilité et de chagrin que nous sommes.

Dans le changement, il y a des pertes et des gains. Nous avons besoin de faire le deuil de nos pertes et de grandir à partir du bois pourrissant des voies abandonnées. La douleur supplémentaire que nous ressentons est ce que nous nous infligeons en anticipation des réactions critiques du substitut de nos parents.

Un femme veut changer mais dit qu'elle ne peut pas. Elle prétend aimer ce qu'elle fait, mangeant et fumant jusqu'à en mourir. Elle pense que son comportement auto-destructeur a commencé comme une rébellion contre sa mère narcissique et dominatrice. Elle a dû faire à sa manière. Sa mère sermonnait avec mépris ceux qui ne pouvaient apprendre. Cela ressemblait à un don mais était en réalité un gain. L'autodestruction de la fille donne à la mère un projet sur lequel travailler. Elle a rendu service à sa mère en jouant le rôle de l'enfant affligeant. Son ventre est douloureux à cause de tout ce qu'elle mange et son obésité déborde. Sait-elle quand son estomac est plein ? Elle n'écoute jamais ses sensations ?

Avec des parents qui nous contrôlent, qui ont besoin d'avoir raison et d'avoir le pouvoir, nous n'apprenons pas ce dont nous avons besoin. Rester ou partir, changer ou rester le même. Nous quittons la maison comme des fugitifs effrayés, tourmentés par nos introjections négatives. Nous avons besoin d'entendre notre moi. C'est l'élan, l'animal qui est entrée dans ma vision et m'a montrée une forme d'existence terre-à-terre. Cet élan est une image de mon moi intérieur. C'est ma vérité à moi.

Ne soyez pas surpris si le stress active la voix de votre introjection négative. L'enfant d'un narcissique lie à tort son amour-propre au résultat, ce qui nourrit des soucis emplis de désespoir si votre introjection dit « souci », renvoyés la dans les cordes avec des questions comme « Quelle importance ? » « Es-tu en train de personnifier le résultat ? » « Mesures-tu ta valeur avec des billets en dollars ? » Argent ne signifie pas valeur. N'utilisez pas des standards extérieurs pour vous évaluer.

Ne jouez pas un jeu qui n'est pas le vôtre. Un scientifique doit avoir des 20 sur 20 pour sa mère punitive et narcissique. Tout ce qui est inférieur menait à une raclée. Maintenant qu'il est adulte, il souffre de graves dépressions et ne peut travailler. Dans son esprit, sa mère est à ses trousses avec un fouet. Il a besoin de se souvenir qu'il aime travailler et a besoin de ne pas en chercher l'approbation à l'extérieur. Mettez l'introjection au placard.

Nous avons besoin de savoir quand la thérapie serait une bonne approche. A nombre de personnes qui souffrent d'une introjection oppressante et envahissante on dit, « C'est impossible de s'aimer mieux. » Ils doivent vivre dans le malheur comme si c'était l'unique solution. Leur introjection dit « Suis-moi » vers un malheur qui ne cesse de se répéter.

Une erreur narcissique est de croire qu'on devrait paraître parfait et qu'on n'a pas besoin d'aide. Les parents narcissiques ont dit que vous devriez être capable de maîtriser tous les problèmes, tout en vous considérant incapable de vous adapter. Cette attitude ignore le fait que des efforts utiles sont entravés par des aspects de votre personnalité.

Peut-être ne voyez-vous que votre meilleur côté et l'appelez parfait, ou vous ne voyez que votre côté le pire et vous sentez désespéré. Vous avez été modelé par vos parents pour avoir cette apparence qui les satisfaisait. Vous pouvez totalement ignorer les commentaires contradictoires. Comment allez-vous identifier vos points faibles et vos erreurs si votre introjection fait de votre vie un enfer quand vous approchez de votre moi et que votre personnalité rejette les commentaires issus de votre moi les considérant comme des problèmes.

Etant donné ces obstacles, des apports extérieurs et raisonnables sont nécessaires. La solitude n'est pas commandée pour mener à bien cette tâche. Certains des plus originaux, scientifiques, artistiques, etc., ont demandé de l'aide. Ils ont mis en doute leur connaissances et fait part ouvertement de leurs doutes et de leurs erreurs. Ils n'étaient pas honteux de leurs faiblesses et de leurs défauts puisqu'ils respectaient déjà leur moi. En exposant leurs faiblesses, ils ont gagné plus de force. Ils ont appris ce qu'ils voulaient savoir. Nous
n'avançons pas en nous concentrant sur notre image. Nous voulons changer d'un auto-haineux qui refuse l'aide et l'exposition à un auto-amoureux qui accepte les erreurs et travaille ouvertement sur les difficultés.

Comment savez-vous si vous avez besoin d'une aide extérieure ? Beaucoup de gens disent-ils la même chose à votre sujet ? Leur ton est-il exaspéré et leurs commentaires montrent-ils qu'ils pensent que vous ne saisissez pas leur message ? Pensez-vous que vous êtes traité différemment des autres ? Y a-t'il quelque chose de problématique dans vos interactions, mais vous ne pouvez dire quoi ? Une aide extérieure mérite d'être considérée.

Une enfance avec des parents narcissiques signifie être excessivement sujet à la critique, ce qui vous rend hypersensible à vos défauts. Vos défauts sont-ils aussi mauvais que vos parents le disaient ? Que devriez-vous faire d'une critique extérieure ? Une attitude non narcissique est appropriée. Vous pouvez bénéficier d'un groupe qui travaille ensemble sur ce qui se passe et est perçu.

Nous avons été éduqués à penser que les personnes narcissiques comme nos parents étaient les meilleures personnes et que les non-narcissiques ne comptaient pas beaucoup. Apprendre à connaître les narcissiques démontre que ce raisonnement est faux. Les enfants de narcissiques peuvent partager leurs histoires et parler de leurs introjections négatives. Ils partagent leurs problèmes et progressent.

Nous devons enquêter sur les opinions et les craintes. Ne prenez pas toute les idées comme argent comptant. Vos parents narcissiques vous ont élevé pour que vous acceptiez aveuglément ce qu'affirmait la famille. Le point de vue de Maman/Papa était « correct » et ils étaient « parfaits » en tant que parents. Maintenant vous êtes facilement manipulés par des vendeurs insistants. Concentrez-vous sur votre habitude à tout accepter. Sachez que vous plierez sous la pression. Enquérez-vous des faits et prenez le temps dont vous avez besoin avant de prendre une décision. Ne renoncez pas à ce que vous voulez pour plaire à l'autre. En cherchant des amis, abandonnez la codépendance. Attendez quelqu'un que vous aimez et recherchez une personne à qui vous faites confiance, une personne qui vous accepte comme vous êtes.