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© Inconnu
Chère lectrice, cher lecteur, « Si c'était vrai, ça se saurait ».
Voilà un préjugé malheureusement trop répandu. C'est bien souvent le contraire qui est vrai : « Si quelqu'un dit la vérité, donne-lui un cheval, il en aura besoin pour s'enfuir », dit un proverbe Afghan, beaucoup plus sage.


On aimerait qu'il existe un lieu où les chercheurs en médecine, tous parfaitement désintéressés, parleraient entre eux en toute courtoisie pour déterminer « la vérité vraie » et ensuite la faire connaître à l'ensemble des malades, via les autorités sanitaires et les médias eux aussi parfaitement objectifs et neutres.

Mais c'est un rêve. Bien souvent, des incompréhensions, des luttes de pouvoir, des habitudes trop ancrées empêchent la vérité scientifique de s'imposer. Une pratique aussi mortelle que la saignée a pu être pratiquée pendant des siècles avant d'être remise en cause. De nombreux médecins continuent à vouloir faire baisser la fièvre dès qu'elle dépasse 38,5°C, ce qui augmente la prolifération des virus. Les nutritionnistes officiels recommandent toujours 3 laitages par jour, sans aucune justification scientifique. La plupart des sportifs s'acharnent à faire des exercices d'abdominaux qui leur causent des douleurs lombaires et des hernies. Tout cela est vrai, mais « ça ne se sait pas », et c'est justement là le problème.

« Ce n'est pas en disant la vérité qu'on obtient des lauriers »

Quels que soient votre prestige, vos diplômes, vos titres, vos arguments, vous avez en général plus à perdre qu'à gagner à dire tout haut ce que vous pensez si vous allez dans le sens contraire de la majorité.

Pour illustrer la folie de l'obscurantisme, on cite toujours le cas de Galilée ou de Giordano Bruno, brûlé vif à Rome en 1600.

C'est nous donner bonne conscience à bon compte. C'est oublier tous les scientifiques modernes qui, sans être physiquement éliminés, sont néanmoins ignorés, calomniés et ridiculisés par leurs collègues jusqu'à leur mort [1]. Et ce n'est que quand leur cadavre est froid qu'on reconnaît qu'ils avaient raison et qu'on leur dresse des statues. Autrement dit, une fois qu'ils ne risquent plus de faire de l'ombre à quiconque ou de prendre une place convoitée par d'autres.

Qui se souvient du scientifique Linus Pauling ? Bien que faisant partie des quatre personnes seulement à avoir reçu deux prix Nobel [2], il se retrouva privé de ses sources de financements institutionnelles et du soutien de ses pairs en 1985. Ses travaux sur le rôle de la vitamine C contre le rhume, les maladies cardiaques et certains cancers paraissaient offrir des résultats favorables. Mais il fut considéré comme fantaisiste à une époque où seuls les médicaments chimiques étaient bien considérés.

Qui se souvient du Dr Robert Atkins, ce médecin américain qui découvrit que l'alimentation trop riche en glucides et en sucre des Américains allait provoquer une explosion de l'obésité ? Il mit au point dès 1972 un régime efficace. Mais il fut présenté toute sa vie comme un charlatan, un danger pour la santé du public.

Il a fallu attendre sa mort, en 2002, pour qu'enfin le New York Times publie un article à son sujet intitulé « Et si tout cela n'avait été qu'un énorme mensonge », commençant par ces mots :

« Si les membres de l'establishment médical américain devaient vivre un cauchemar collectif, cela pourrait bien être le suivant. Ils ont passé 30 ans à ridiculiser Robert Atkins, auteur du best-seller phénoménal « La Révolution du Régime Atkins », accusant ce médecin de Manhattan de charlatanisme et de fraude, avant de découvrir qu'il avait eu raison sur toute la ligne. Ou ce cauchemar pourrait être celui-ci : découvrir que leurs propres conseils diététiques - manger moins de graisses et plus de glucides - sont la cause de l'épidémie d'obésité en Amérique. Ou, tout simplement ceci : découvrir ces deux choses en même temps. [3] »

Et en effet, depuis le début des années 2000, autrement dit depuis que s'est répandu aux États-Unis le régime « low carb » (pauvre en glucides) recommandé par le Dr Atkins, et perfectionné avec le temps pour inclure plus de fibres et de vitamines [4], l'obésité a cessé de progresser.

Une étude publiée mercredi 26 février 2014 dans le Journal of the American Medical Association (Jama), a en outre constaté que l'obésité a diminué entre 2003 et 2012 de 13,9 % à 8,4 % chez les enfants âgés de 2 à 5 ans, et attribue cette baisse à la moindre consommation de boissons sucrées.

En France, ces résultats sont toujours ignorés. Les conseils officiels du Plan National Nutrition Santé n'ont pas bougé d'un iota depuis 2001 et maintiennent comme première recommandation de manger « moins gras ». S'il demande aussi aux gens de manger « moins sucré », on les encourage par ailleurs à manger plus de pain/céréales/pâtes/pommes de terre, autrement dit des produits extrêmement riches en glucides, ce qui est contradictoire.

Le résultat est évident. Le PNNS n'a rien fait pour empêcher, ni même ralentir, la hausse de l'obésité. Chez nos enfants, elle s'accélère [5].


Commentaire : Voir ici l'excellent article suivant :

- Dr Eric Westmann, Dr Stephen Phinney et Dr Jeff Volek : le nouveau régime Atkins


Interdits d'exercer pour avoir critiqué leurs confrères

Tout récemment encore en France, ce sont les professeurs Debré et Even qui ont été interdits d'exercer la médecine pendant un an pour avoir critiqué certains confrères médecins (les allergologues) et dénoncé les dangers des médicaments contre le cholestérol. Leur condamnation ne s'est pas faite sur la base d'un débat scientifique dépassionné qui leur aurait donné tort (ils avaient trop d'arguments en leur faveur). Ils ont été condamnés pour avoir tenu publiquement des propos risquant de discréditer leurs collègues, ce qui est interdit par le Code de déontologie des médecins [6] !!


Vous comprenez comment ça marche ?!

Pour être élu président de comité, président d'Académie, chef de service d'un grand hôpital, mieux vaut éviter de mettre en cause les pratiques de vos collègues.

Bien sûr, il est toujours bon de faire une découverte. Mais il est préférable que cette découverte aille dans le sens de l'intérêt de toutes les personnes qui vous entourent.

Prenez par exemple la cardiologie, qui fait actuellement des prouesses techniques toujours plus incroyables. Découvrez un médicament contre le cholestérol encore plus extraordinaire (et cher) que les précédents. Vous serez porté aux nues par les sociétés savantes. On vous présentera en héros à la télévision. Vous recevrez sans doute un prix Nobel. Tout le monde se réjouira de pouvoir faire ainsi chuter les taux de cholestérol avec une simple pilule. Et, last but not least, les assurances-maladie du monde entier rembourseront avec bonheur ce nouveau médicament, quel que soit leur état de faillite financière...

Mais découvrez, après quelques années, que les résultats de ces médicaments ne sont pas si miraculeux. Que l'on aurait obtenu d'aussi bons résultats en aidant les patients à changer de régime alimentaire, de mode de vie, et en prenant quelques vitamines et compléments alimentaires.


Découvrez que, au fond, ces médicaments coûtent très cher, qu'ils engendrent beaucoup d'accidents et de souffrance pour pas grand-chose, et que les études qui les ont justifiés étaient largement enjolivées.

Croyez-vous que vous passerez à la télévision ? Que vous serez reçu par le président de la République, et porté en triomphe par l'Académie de médecine ???

Ce n'est pas du tout ce qui arrive au cardiologue Michel de Lorgeril, du CNRS de Grenoble, auteur de la fameuse étude de Lyon publiée en 1999 dans The Lancet, qui a montré que l'adoption de la diète méditerranéenne réduisait de 70 % les décès de patients ayant déjà eu un accident cardiaque, et qu'elle était donc plus favorable qu'aucun médicament ou opération utilisés jusque-là [7].

Quinze ans après, et après avoir publié pas moins de quatre livres sur le sujet, il en est toujours à se battre pour être pleinement reconnu en France. Heureusement, il est beaucoup mieux reconnu à l'étranger et publie dans les plus grandes revues scientifiques en langue anglaise [8].


« Êtes-vous médecin ? »

Si un médecin du CNRS ne parvient pas à obtenir de ses collègues qu'ils lui répondent avec des arguments scientifiques, le simple citoyen doit souvent se contenter de réponses plus pauvres encore, comme celle-ci par exemple : « Je suis médecin », ou « Vous êtes médecin ? »

Mon petit Thomas a dû subir une petite opération en février dernier.

Se réveillant après l'anesthésie, il but un peu d'eau et eut envie de vomir, comme il est courant dans cette situation.

Je l'emmenai aux toilettes, il vomit, et se sentit mieux. Mais l'infirmière qui passait par là s'en aperçut et sortit une seringue pour lui faire une injection anti-nausées.

Thomas, qui déteste les piqûres, se mit aussitôt à hurler de terreur. De mon côté, je tentai de demander à l'infirmière si, vraiment, la piqûre était indispensable.

Sans même me répondre, elle quitta la pièce. J'étais étonné, mais Thomas put reprendre sa sieste.

Mais l'affaire ne faisait que commencer.

L'infirmière avait filé trouver le chirurgien pour lui expliquer que le parent d'un enfant récemment opéré « refusait les soins ».

Quelle ne fut pas ma surprise de voir arriver dans la chambre, quelques minutes plus tard, l'anesthésiste dans son équipement complet de bloc opératoire (mais était-il vraiment encore stérile ?). Il entra dans la pièce et me reprocha vivement d'empêcher mon enfant de recevoir le médicament auquel il avait droit, et qui lui ferait du bien.

À peine avais-je ouvert la bouche pour m'expliquer qu'il me coupa la parole : « Vous êtes médecin ? »

Je lui répondis que non, que je n'étais pas médecin, mais que néanmoins je m'intéressais de près aux questions médicales. « C'est encore pire ! », s'écria-t-il.

Je décidai de ne pas laisser de pareils individus faire une injection à mon fils avant de m'avoir calmement exposé les avantages et les risques du médicament. L'anesthésiste déclara que, puisque c'était comme ça, il ne laisserait pas Thomas sortir de l'hôpital comme les autres enfants opérés ce jour-là, quel que soit son état.

À ce stade, je compris que nous avions affaire à un ahuri. Je décidai de rire de tout ça et d'attendre qu'il mette sa menace à exécution. Il ne le fit pas puisque nous étions un vendredi après-midi et qu'il était aussi pressé que les autres de partir en week-end. Ainsi Thomas et moi fûmes autorisés à rentrer à la maison sans nausée ni piqûre, mais avec une bonne histoire à raconter...

Les faux experts

Dans les domaines que nous ne connaissons pas, nous avons une tendance naturelle à faire confiance aux « experts » qui, apparemment, sont globalement d'accord entre eux, au moins sur les sujets importants.

Mais c'est une vision naïve de la science.

Plus vous creusez un sujet, plus vous vous apercevez que, justement, les experts ne sont pas d'accord entre eux.

Et quand je dis « pas d'accord », je ne parle pas de points de détail mais au contraire d'oppositions fondamentales, de luttes à mort.

L'illusion d'un consensus entre les experts vient du fait qu'il y a toujours un courant dominant, qui occupe le pouvoir, domine les institutions, et de fait se trouve relayé par les médias.

C'est pourquoi mieux vaut toujours faire ce qui est possible et raisonnable pour comprendre vos problèmes de santé, et décider vous-même avant d'accepter un traitement ou prendre un médicament.

Car si c'est un erreur, s'il y a un accident, vous aurez beau faire des procès, vous resterez le premier à souffrir des conséquences.

C'est à cela que servent toutes nos publications (voir les publicités ci-dessous). Il y en a bien d'autres qui existent sur Internet et dans les librairies. Servez-vous en !

Notes :

[1] Voir notamment la somme de Pierre Lance : « Savants maudits, chercheurs exclus », éditions Trédaniel.

[2] Wikipedia, Linus Pauling

[3] What if It's All Been a Big Fat Lie?

[4] Voir « Le nouveau Régime Atkins », Thierry Souccar Editions, 2011.

[5] Manger-Bouger : 12 ans d'échec des politiques de prévention

[6] Les professeurs Philippe Even et Bernard Debré interdits d'exercer la médecine pendant un an

[7] harborfm.pbworks.com

[8] Les attaques que l'on trouve en abondance sur Internet contre Michel de Lorgeril émanent de médecins qui utilisent précisément la technique qu'il dénonce dans ses livres au sujet des études prétendument favorables aux médicaments anti-cholestérol, à savoir ne sélectionner que les données favorables, et ignorer toutes les études qui vont dans un autre sens.