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La situation est terrifiante. Il n'y a nulle part où l'on soit à l'abri. Les pilotes qui volent au-dessus de nos têtes sont cinglés. Ils peuvent lâcher leurs missiles à tout moment sur notre maison et c'est fini. Personne à Gaza n'est en sécurité.

Les Israéliens ont bombardé une seconde fois aujourd'hui la centrale électrique. Les employés n'ont pas encore fini de maîtriser les flammes. La dernière fois qu'Israël a détruit la centrale, on a souffert durant une année jusqu'à sa mise en fonction. C'est une catastrophe humaine majeure. Pas d'électricité, cela veut dire pas d'eau claire, pas d'évacuation des eaux usées : elles vont se mélanger aux eaux claires ; on va nager dans une mer d'eaux usées...


L'armée nous bombarde sans répit. Netanyahou veut que ses soldats continuent de nous terroriser et massacrer nos femmes et nos enfants. Il lui est impossible de se retirer sans avoir remporté une victoire ; en même temps son objectif de détruire tous les membres du Hamas est impossible à atteindre...

Si les soldats israéliens veulent réoccuper Gaza, c'est sur les cadavres des habitants qu'ils devront marcher. Ils ont détruit Beit Hanoun, ils ont détruit le quartier de Chajaya très densément peuplé. Les gens ne voulaient pas quitter leur maison ; mais les bombardements ont fait tant de victimes qu'ils ont été obligés ; cela a déclenché une vague de réfugiés comme on n'en avait plus vue depuis 1967. Plus de 200 000 personnes ont fui leur maison sans rien emporter. Maintenant ils [l'armée israélienne] entourent le quartier de Jabalyia. Ils ont tiré aujourd'hui sur une école au centre de ce quartier qui sert de refuge aux gens qui ont fui Beit Hanoun.

On va d'un massacre effrayant à un autre. On ne peut rien faire. Tant que les Israéliens insistent à poursuivre leurs bombardements, la résistance n'a pas d'autre choix que de continuer à se battre. Netanyahou ne parle que du Hamas. La résistance, ce n'est pas seulement le Hamas. Elle englobe toutes les factions : Hamas, Djihad, FPLP [je n'ai pas entendu tous les noms] travaillent main dans la main.

On voit quelque chose que personne n'a peut-être jamais vue nulle part, et que personne ne verra dans un autre pays ; quelque chose de très étonnant qui nous aide à supporter tant de terreur, même pour les gens qui ont perdu leur famille, leur maison, tout perdu : c'est un sentiment de soulagement général qui rassérène les gens chaque fois qu'ils entendent que la résistance a réussi à combattre l'ennemi. Les gens oublient un instant toutes leurs misères, leurs souffrances,il y a une joie sur leur visage...

La résistance n'a ni les armes ni le nombre de soldats que possède l'armée israélienne. Vaincre dans ces conditions mérite le respect.

C'est dur, mais on ne reculera pas. Tout manque, mais on va se débrouiller. Tout le monde est très fatigué. Mais on tiendra aussi longtemps qu'il le faut. On n'a pas le choix ; on va rester debout, on ne va pas se mettre à genoux.

Propos recueillis par Silvia Cattori le 29 juillet 2014