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Des corps mutilés, ensanglantés, inertes, des survivants paniqués, du sang au sol : au moins 17 Palestiniens ont été tués mercredi dans un nouveau carnage, survenu sur un marché de Gaza touché par une frappe israélienne, selon les secours locaux.

Avec plus de 100 morts, cette journée est l'une des plus meurtrières, depuis le déclenchement par l'armée israélienne le 8 juillet d'une offensive d'envergure qui a tué plus de 1 300 Palestiniens, très majoritairement civils. Avant le bain de sang du marché de Chajaya, une banlieue est de la ville de Gaza, survenu en fin d'après-midi, au moins 16 personnes, dont de nombreux enfants, avaient été tuées à l'aube par deux obus tombés sur une école de l'ONU qui servait de refuge à des Gazaouis chassés de leur maison par les combats.

Dans les rues autour du marché, les scènes sont insoutenables. Tandis que s'échappe de bâtiments une épaisse fumée noire, des passants évacuent en catastrophe, sur des couvertures tendues ou des brancards, des corps inanimés, vers les ambulances ou des véhicules particuliers, comme cet enfant qui ne bouge pas dans les bras d'un homme. Certains sont blessés, d'autres morts. Les victimes sont ensanglantées, parfois mutilées, comme celui-ci, emmené sur un brancard, la jambe en partie arrachée. Du sang dégouline d'un escalier en une longue traînée. Un homme, la tête écrasée, gît dans une mare d'essence et de boue mêlées. D'autres sont étendus dans la rue, immobiles, notamment un enfant ou cet homme sur le dos, muni d'un gilet pare-balles et d'un casque. Le porte-parole des secours, Achraf al-Qodra, a confirmé qu'un journaliste palestinien, Rami Rayan, travaillant pour une agence locale, comptait parmi les morts.

Des survivants appellent au secours au milieu de scènes de panique, des rescapés courent dans toutes les directions, pendant que les ambulances arrivent sur les lieux. Les secouristes s'activent autour des blessés et des morts. "Le premier obus est tombé et les gens ont immédiatement commencé à évacuer les blessés", dit Abou Maysarah, qui ne veut pas donner son identité complète et ne sait pas s'il s'agissait d'un obus de tank ou d'un missile venu des airs. L'armée a "encore frappé". "Nous voulons la guerre !" crie-t-il soudain. "Nous voulons que Qassam (la branche militaire du Hamas) riposte au coeur de Tel-Aviv !"

La tuerie de Chajaya, secteur proche de la frontière israélienne, déjà scène d'un massacre le 20 juillet, est intervenue pendant la "fenêtre humanitaire" qu'avait annoncée l'armée israélienne, entre 12 heures et 16 heures (15 heures à 19 heures locales). L'armée avait expliqué que cette trêve ne s'appliquerait pas aux zones où ses soldats "sont actuellement engagés dans des opérations", sans plus de détail.

C'est un nouveau bain de sang après une journée terrible pour les civils de l'enclave palestinienne. Dans la matinée, au moins 16 Palestiniens, dont de nombreux enfants, avaient été tués par des tirs d'obus sur un refuge géré par l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA).

Le patron de l'UNRWA, Pierre Krähenbühl, a dénoncé une "grave violation du droit international" par l'armée israélienne et exigé que "des comptes soient rendus". "La nuit dernière, des enfants ont été tués alors qu'ils dormaient à côté de leurs parents sur le sol d'une salle de classe, dans un refuge désigné comme tel à Gaza", a dit M. Krähenbühl qui s'insurge contre une "honte internationale".

Pour le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ce bombardement est "injustifiable" et "justice doit être rendue". "Quelque chose comme 30 ou 40 blessés ont été conduits ici, la plupart des femmes, des enfants ou des personnes âgées. Il a fallu immédiatement amputer les jambes de plusieurs d'entre eux", a raconté l'infirmière Abed al-Bahtiti de l'hôpital Kamal Oudouane. Israël rend son adversaire du Hamas responsable du décès de civils tués par ses frappes, accusant le mouvement islamiste palestinien de s'en servir comme "boucliers humains".