Image
Les présidents de Guinée, du Liberia et de Sierra Leone ont décidé d'isoler les zones les plus touchées.

C'est tout un pan de l'Afrique occidentale, peuplée de 20 millions d'habitants, qui est devenu « pestiféré » en quelques jours. En raison de l'épidémie de fièvre hémorragique causée par le virus Ebola, Washington et Berlin ont recommandé à la veille du week-end d'éviter tout voyage non essentiel dans les trois pays touchés, Liberia, Sierra Leone et Guinée. Paris a fait de même, en ajoutant le Nigeria car un cas y a été signalé. Des compagnies aériennes refusent désormais de desservir certaines destinations de la région. Le Liberia a ordonné, jeudi, la fermeture de toutes les écoles, ainsi que de la plupart des postes frontières. Les fonctionnaires « non essentiels » ont été mis en congés pour un mois. Le président de la Sierra Leone a décrété l'état d'urgence et demandé à tous ses compatriotes de rester chez eux aujourd'hui.

Le sommet régional qui a rassemblé vendredi à Conakry les trois pays touchés, ainsi que la Côte d'Ivoire et l'OMS (Organisation mondiale de la santé) a décidé des mesures d'isolement des communautés rurales les plus touchées. Les forces de sécurité interdiront à toute personne montrant les symptômes de la maladie de sortir d'un périmètre où se concentrent 70 % des 1.323 cas, dont 729 mortels, recensés à ce jour.

Risque de propagation

La directrice générale de l'OMS, Margaret Chan, a affirmé que les efforts pour lutter contre l'épidémie sont encore insuffisants, au risque d'un bilan humain et socio-économique « catastrophique », le risque de propagation à d'autres pays étant réel. L'OMS, qui prévoit une nouvelle réunion demain, a versé une aide d'urgence de 100 millions de dollars.

Les pays occidentaux estiment généralement pouvoir faire face à l'apparition de quelques cas sur leur sol, car bien équipés pour repérer les malades et les personnes avec qui ils ont été en contact, afin de les mettre en quarantaine. En revanche, les pays d'Afrique de l'Ouest manquent de moyens pour protéger leur personnel médical, qui déplore déjà une soixantaine de morts, alors que certaines organisations internationales ont décidé de plier bagages. De même, Barack Obama a annoncé que les dirigeants africains invités au sommet USA-Afrique cette semaine à Washington devront subir des tests, une mesure qui n'aurait un sens sur le plan prophylactique que si elle était généralisée à toute personne ayant transité par l'Afrique de l'Ouest ces trois dernières semaines, durée de l'incubation.

L'épidémie actuelle est la plus meurtrière depuis la découverte au Congo en 1976 de ce virus considéré comme l'un des plus redoutables de la planète, avec un taux de mortalité atteignant 90 % dans certains cas. Il n'existe aucun vaccin. Toutefois, les personnes atteintes ne sont contagieuses qu'à partir du moment où elles sont malades, et donc généralement alitées