convoi humanitaire russe
Sur son site Club Orlov, Dimitri Orlov, bien connu pour ses travaux sur le déclin et l'effondrement des USA, consacre (le 13 août 2014) une réflexion pleine de tonus au convoi humanitaire russe bloqué/pas bloqué à la frontière russo-ukrainienne, - aussi consacrée indirectement, cette réflexion, à l'Ukraine elle-même. (Sur le convoi humanitaire et sa situation à l'heure de cette Brêves de crise, voir Russia Today le 18 août 2014.)

Tandis que la presse-Système du monde-BAO entier débat sur le contenu du convoi, les envahisseurs russes cachés dans les essieux, les chars dissimulés dans les sacs de farine, les canons déguisés en boite de médicaments, tandis que cette même presse-Système s'extasie sur la prescience de la méfiance ukrainienne face aux ruses poutinienne, tandis que les villes du Donbass continuent à être bombardées, Orlov nous offre une toute autre vision. Pour lui, ce qui bloque le convoi humanitaire, c'est d'abord l'arrangement nécessaire de la corruption du côté ukrainien ; et la question stratégique essentielle, toujours du côté ukrainien, est de savoir comment s'emparer de ceci ou de cela dans le convoi, pour que chacun « ait sa part »... Bref, plus que d'un convoi humanitaire, il s'agit d'une sorte d'étude sociologique de l'Ukraine démocratique et ouverte aux valeurs libérales de l'Europe, du bloc BAO et du « rêve américain »

« Les diverses conditions que l'Ukraine met à la livraison de l'aide humanitaire russe n'ont rien à voir avec la menace d'une invasion clandestine russe. Il s'agit de tout autre chose. D'abord, les Ukrainiens ont demandé que le convoi passe par Kharkov au lieu d'aller directement à Donetsk, ce qui représentait un grand détour. Puis ils ont demandé que les marchandises soient déchargées à la frontière et rechargées sur des camions ukrainiens, mais ils n'ont pas pu fournir assez de camions. Puis ils ont demandé que les camions russes mettent des plaques ukrainiennes et qu'il y ait un représentant Ukrainien à bord de chaque camion. On attend leur prochaine exigence.»

« Vous vous demandez peut-être ce que cachent tant de demandes plus ou moins ridicules et de manoeuvres de retardement, alors je vous explique. Les Ukrainiens essaient de mettre au point un plan pour voler les marchandises du convoi humanitaire. Tant qu'ils n'ont pas trouvé le moyen de le faire, rien ne bougera, parce que rien ne bouge jamais en Ukraine tant que tout le monde n'est pas assuré de recevoir sa part. Depuis plus de 20 ans que l'Ukraine vit à l'heure des valeurs occidentalistes de "démocratie et liberté", dont la traduction dans les fait est oligarchie et prostitution, l'Ukraine a engendré une sous-espèce de survivants qui ne se posent qu'une seule question : "Où est ma part du gâteau ? »

« Prenez Arseny Iatsenyouk, le premier ministre ukrainien nommé par le Département d'Etat étasunien. Il a récemment annoncé que l'Ukraine n'avait plus d'argent pour payer ses soldats (ce qui est d'ailleurs un mensonge parce que l'Ukraine ne paie et ne nourrit déjà plus ses soldats) et que par conséquent il démissionnait. L'Ukraine a reçu deux milliards de dollars de la Russie pour entrer dans l'Union Douanière de Moscou sous le président Ianoukovitch qui a été renversé ensuite. Où est cet argent ? Ben, heu, heu... Puis après le coup d'état, l'Occident a donné à l'Ukraine des garanties pour un emprunt et quelques milliards de plus. Ben, ben, heu... Et comme il ne reste plus rien à voler, Iatsenyouk annonce qu'il démissionne et il part pour l'aéroport à destination d'un pays chaud et accueillant où il pourra dépenser sa fortune mal acquise en prostituées et en drogue. Les employés de la CIA chargés de sa surveillance ont dû aller le repêcher à l'aéroport et le ramener manu militari à son bureau. On ne lui a pas permis de démissionner. Il ne peut pas profiter des délices du Rêve Américain - en tous cas pas avant que quelque larbin sans cervelle ne prononce les mots "Mission Accomplie" et que les employés de la CIA ne rentrent chez eux, après quoi les Ukrainiens se remettront à essayer d'escroquer le Kremlin.»

« En ce qui concerne le convoi, décharger la marchandise et la recharger sur des camions ukrainiens aurait rendu le vol facile mais ça n'a pas pu se faire faute de camions. (Rappelez-vous, les officiels ukrainiens vendent tous les biens de l'état et empochent l'argent des ventes depuis 20 ans maintenant, et il ne reste donc plus grand' chose). Forcer les camions à mettre des plaques ukrainiennes est une petite concession car ils auraient alors sûrement reçu des pots de vin (rien n'arrive en Ukraine sans pots de vin) mais le but est peut-être surtout de se saisir de quelques camions pour les réduire en pièces détachées. Avoir un représentant ukrainien à bord de chaque camion est aussi une petite concession : il faudra le nourrir, l'amadouer avec de la vodka et lui donner un peu d'argent de poche. Mais le problème principal - comment voler une bonne partie de l'aide humanitaire destinée à la Novorossiya - n'est toujours pas résolu, et tant qu'il ne l'est pas, on est dans l'impasse. Tout cela rend la négociation avec les officiels ukrainiens difficile, car ils semblent avoir perdu toute trace d'humanité et ne plus fonctionner qu'au niveau biologique, mais les Russes essaient quand même.»

« Comment un pays peut-il dégénérer de la sorte en seulement 20 ans ? Récemment, le professeur Savelyev, qui est un expert, entre autres choses, de l'évolution humaine a proposé une explication. L'évolution humaine, a-t-il dit dans un interview, peut se résumer par l'évolution du cerveau. Dans la courte période d'existence d'Homo Sapiens Sapiens son cerveau a énormément grossi. Même si on peut penser que l'intelligence est absolument vitale pour la survie de l'espèce, il y a une explication plus raisonnable à l'augmentation du cerveau.»

« C'est surtout le cortex préfrontal qui a augmenté. C'est une partie du cerveau qui n'a pas de fonction bien définie mais qui joue un rôle dans la modulation du comportement social. Ceux à qui on a enlevé le cortex préfrontal continuent à fonctionner plus ou moins normalement (mais manifestent parfois un manque frappant de sens moral ou éthique). Mais une lobotomie n'est absolument pas indispensable pour produire des individus sans morale ni éthique : il y a une période d'apprentissage spécifique pour développer le sens du bien commun, la capacité de coopérer avec d'autres de manière désintéressée et une approche de la vie qui ne soit pas uniquement basée sur l'intérêt biologique personnel. Un environnement social tel que celui qui a prévalu en Ukraine pendant sa période d'"indépendance," période au cours de laquelle le vol et la prostitution étaient glorifiés, n'est pas favorable au développement de ces qualités. Il est clair qu'un tel environnement produit exactement l'inverse : si toutes les femmes désirables sont des prostituées et que la seule opportunité économique est le vol, alors bien sûr il faut voler pour survivre. Un grand cortex préfrontal devient inutile, ceux qui en ont un plus petit font sans doute de meilleurs criminels. Le résultat est une population dominée par des gens qui n'ont aucun sens moral et pour qui seule compte la survie biologique, c'est à dire l'accumulation et la reproduction... [...]»

« Selon Savelyev, le drapeau ukrainien ne devrait pas représenter un champ de tournesols sous un ciel bleu. Une saucisse piquée sur une fourchette serait plus appropriée. Après tout, rien d'autre ne les intéresse.. Ca ne sert à rien d'essayer de leur faire honte de voler et de mentir, parce que la honte nécessite, pour la ressentir, d'être équipé d'une des fonctions du cortex préfrontal : la conscience. Ils sont surpris qu'on leur demande tout à coup de dire la vérité, ils ne s'y sont jamais engagés et ils ne comprennent pas pourquoi c'est nécessaire. Pour eux, l'essentiel est de bien mentir : "Donetsk est encerclé ! Nous sommes sur le point de l'emporter !" disent-ils. On n'en doute pas. Demandez un peu aux rebelles où ils vont, et ils vous répondront le plus naturellement du monde : "Nous allons à Kiev". Les Français peuvent peut-être envoyer leur propre convoi d'aide humanitaire à Kiev, pour y attendre les rebelles. Ils pourraient y mettre quelques guillotines. En attendant, j'espère que l'Oncle Sam s'amuse bien avec la femme ukrainienne qu'il a trouvée par correspondance ; qui se ressemble s'assemble. »