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© C. Magdelaine / notre-planete.infoDes légumes bien calibrés pour la vente
Chaque année, nous, Français, nous gaspillons de 1,2 million à 6 millions de tonnes d'aliments (selon les sources), à dates dépassées, fruits-légumes abîmés, trop mûrs,... Cela représente un gaspillage alimentaire de 2 à 100 kg de nourriture/personne/an, 10% de nos déchets ménagers, et au minimum 38 kg de nourriture jetés chaque seconde à la poubelle, et cela sans comptabiliser les pertes de la production agricole, selon le Rapport d'Urban Food Lab pour le ministère de l'Agriculture, et la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture), de 2011. Entre 20 et 40% de la production de fruits et légumes ne cadreraient pas dans les « canons de beauté » et calibrages imposé par les centrales d'achats... Et finissent majoritairement aux déchets !

Le gaspillage alimentaire existe sous de nombreuses formes, mais l'une des plus absurdes et pourtant des plus persistantes est celle qui régit l'apparence des légumes. Les rayons légumes des supermarchés ont une constante avec les autres rayons tout y est calibré ! D'une forme régulière, les légumes se ressemblent tous et la biodiversité diminue car les tomates vertes ou jaunes auraient moins de succès que les rouges par exemple. Nos supermarchés ne laissent aucune place pour une banane de diamètre de plus de 46 mm, aucun fruit piqué par un insecte, non, les fruits et légumes y ont une peau lisse et une « belle » couleur uniforme, bref une silhouette irréprochable. Et pourtant, dans nos jardins et chez les petits producteurs sur les marchés, les légumes ont bien souvent des petites imperfections, de petits tâches liées au gel, à la grêle, aux insectes, et surtout ils ont des formes variées, sans que ça ne change leur goût, bien au contraire, l'insecte permet un apport de protéine ! Désolé pour cette digression, mais l'insecte tout comme l'homme va choisir le fruit le plus mûr, le plus appétant, d'où une concurrence tout à fait loyale qui consiste à manger le fruit en question avant les autres !

Tout le gaspillage ne vient pas du seul tri des fruits et légumes, mais cette part est parfaitement absurde car ces critères discriminatoires qui n'enlèvent rien aux apports nutritifs de ces aliments. Par ailleurs, ce gâchis se répercute sur le coût pour le consommateur, qui paie aussi pour ces produits jetés. Les agriculteurs sont en effet souvent obligés de se plier aux exigences de la grande distribution, qui impose ses propres règles, beaucoup plus strictes que les législations nationales et européennes. Des fruits et légumes trop petits et/ou aux formes imparfaites seront ainsi rejetés. Ainsi, dans bon nombre d'exploitations, ils ne sont tout bonnement pas ramassés et pourrissent sur place !

Preuve que les mentalités commencent à évoluer, de plus en plus d'enseignes se décident à vendre ces fruits et légumes « non-calibrés », moins chers que leurs homologues à l'aspect impeccable. Ce sont le cas de certains Auchan, Monoprix à travers la France, qui emboîtent le pas à plusieurs Intermarchés mais maintenant au consommateur de faire en sorte que ces initiatives se généralisent (ou soient abandonnées). A nous, de réapprendre à choisir ces légumes imparfaits, quitte à faire le tour des producteurs locaux ou à s'investir dans des projets comme Disco Soupe : le délit de sale gueule rapporté aux légumes ne doit plus être.