Image
Découvrez les dessous de l'annonce médiatique d'un pseudo-projet d'attentat imputé à Mehdi Nemmouche, auteur présumé de la tuerie de Bruxelles.

Micmac : la confusion plane cet après-midi sur l'authenticité des "révélations" publiées dimanche soir par le journal Libération.
Dépêché par l'Etat islamique en Irak et au Levant pour frapper l'Europe ou auto-investi d'une mission, Mehdi Nemmouche prévoyait «au moins un attentat en France, au cœur de Paris».

C'est ce qui ressort des procès-verbaux d'auditions des plaintes contre X des quatre ex-otages français libérés le 20 avril, entendus par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) durant la garde à vue de Nemmouche, entre le 30 mai et le 2 juin, pour les quatre assassinats au Musée juif de Bruxelles.
Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, a démenti aujourd'hui l'annonce du quotidien au point de l'accuser d'avoir diffusé de "fausses informations".

De son côté, Libération maintient ces déclarations -issues d'un seul ex-otage en Syrie- mais précise, de manière vague, les avoir obtenues auprès d'un service qui ne dépend pas de l'Intérieur.

Plus tôt, dans la matinée, Didier François, l'un des quatre ex-otages, était interviewé par Europe 1. À l'instar de son collègue Nicolas Hénin, le journaliste déclare avoir reconnu Mehdi Nemmouche comme étant l'un de ses geôliers mais se refuse curieusement à confirmer ou démentir l'information de Libération à propos d'un projet d'attentat à Paris.

Chose étrange: le passage visuel de cette question-réponse semble avoir été sabordé par la radio. Une image fixe de l'interviewé est ainsi visible (dès 7'02) : Didier François (salarié d'Europe 1) a-t-il exprimé physiquement, par un geste ou une grimace, sa gêne sur cette question avant de demander le retrait du passage vidéo? Mystère.


Co-fondateur de SOS Racisme (une association liée, dès l'origine, à la mouvance sioniste), Didier François est le concepteur du fameux slogan "Touche pas à mon pote". Ancien correspondant de Libération à Gaza (2000-2001) et en Israël (2005-2006), ce journaliste fut également convié -en 2011- à se joindre à un débat pro-israélien organisé au Quai d'Orsay par la Fondation France-Israël.

Souvenez-vous : c'est au cours de ce débat que Nicole Guedj, présidente de la Fondation, déclara que le Quai d'Orsay était "une maison bourrée d'Arabes déguisés". Présent derrière elle, Didier François, supposé militant antiraciste, n'a pas bronché (visible à 3'50).


Une capture vidéo de l'intégralité du débat le représente (dès 1h26) en train de défendre la nécessité, pour les journalistes français, de ne pas attiser la question israélo-palestinienne dans l'Hexagone. L'homme, qui se présente comme un "Français goy", affirma également qu'il était difficile, mais judicieux, de prendre le soin d'expliquer aux citoyens la complexité de la nature d'Israël, "État juif".

D'autres interrogations sont légitimes au sujet de Nicolas Hénin: au lendemain des révélations du Monde (faisant état de Mehdi Nemmouche, présenté comme un geôlier des journalistes ex-otages en Syrie), l'homme (salarié du magazine Le Point) a tenu une conférence de presse au sein de son hebdomadaire pour confirmer avoir reconnu Nemmouche.

Qui est le nouveau directeur du magazine? Etienne Gernelle, un journaliste qui- en dépit de sa spécialisation dans les questions géostratégiques et énergétiques (gaz, pétrole)- présente l'invasion et l'occupation de l'Afghanistan comme une simple intervention humanitaire dépourvue d'arrières-pensées économiques.

Qui est Nicolas Hénin? Un journaliste spécialisé sur les questions moyen-orientales et issu d'une puissante famille. Son oncle, Jean-François Hénin, est un personnage controversé: fondateur-président du conseil d'administration de Maurel et Prom, opérateur pétrolier de plus en plus performant, il est une figure-clé du monde de l'industrie énergétique française.

Tentons de résumer l'imbroglio en huit lignes: à travers Patricia Tourancheau (journaliste proche de la police et des services secrets français), le quotidien dirigé par Laurent Joffrin (un éditorialiste passionné par l'histoire militaire, également proche des services secrets et partisan d'Israël) et financé par Patrick Drahi (l'homme le plus riche d'Israël) dévoile une "information" issue d'un seul ex-otage (anonyme) et relayée par un service secret français non identifié (peut-être la DGSE, structure codirigée par un ultra-sioniste dénommé Christophe Bigot) à propos d'un pseudo-projet d'attentat fomenté par Mehdi Nemmouche (un homme toujours censé être présumé innocent tant qu'il n'a pas été condamné par la justice) et imputable, in fine, à l'État islamique, obscure organisation terroriste sévissant en Syrie et en Irak.

S'agit-il là d'alimenter la peur et l'hostilité des Français à l'encontre de l'État islamique afin de consolider la future participation de la France à une coalition internationale contre les jihadistes?

Trois remarques s'imposent pour conclure ce papier :

* Apolin Pepiezep, avocat de Mehdi Nemmouche, insiste aujourd'hui sur le fait que son client n'a jamais été interrogé par les services français à propos de son séjour en Syrie.

* trois mois après, aucun média traditionnel n'a toujours relevé le défi d'expliquer la singulière coïncidence survenue lors de la tuerie -imputée à l'étrange Mehdi Nemmouche- du Musée juif de Bruxelles: parmi les quatre victimes figuraient deux ex-employés des services secrets israéliens.

* à ce jour, aucun média audiovisuel français n'a jamais organisé de débat à propos de la collusion entre certains reporters et les services secrets. Plusieurs journalistes de la presse écrite ont pourtant déjà évoqué ce sujet tabou : la désinformation chapeautée par la DGSE et/ou la DGSI -en partenariat avec des titulaires de la carte de presse- afin d'orienter (et de manipuler) l'opinion publique, notamment sur des questions internationales.

À l'heure où la France fait connaître son intention d'envoyer, "d'ici quelques semaines", ses militaires en Irak -pays désormais divisé en factions religieuses rivales comme l'espérait la droite dure israélienne depuis les années 70, la vigilance est de mise : le temps des propagandes hexagonales contraires à l'intérêt général n'est pas révolu.