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© Steve Bell
En juin et juillet, plus de 130 députés anglais demandaient une enquête indépendante sur la disparition de dizaines de dossiers concernant des pédophiles VIP. Cameron a vite réagi, en lançant une grande enquête sur ces mystérieuses disparitions des bureaux du Home Office et de divers commissariats. Pas de bol, la juge Butler Sloss qu'il avait nommée a du démissionner une semaine après sa nomination, parce que tout de même, ses connexions avec des membres de réseaux VIP étaient un peu trop flagrantes. Une nouvelle juge a été nommée, le cirque continue.

L'Angleterre est un drôle de pays. C'est un pays où un député pédophile comme Cyril Smith, ou son copain Jimmy Savile, pouvaient violer impunément des dizaines ou des centaines d'enfants, tout en étant protégés par le MI5. Ils pouvaient être en relation avec un prédateur assassin pédophile isolé mais en bande, Sidney Cooke, sans que cela ne dérange personne. Où ledit Jimmy Savile avait même les faveurs de la famille royale.

C'est un pays dont le premier ministre Ted Heath, ami de Savile, pouvait embarquer des gamins des orphelinats de Jersey sur son yacht le Morning Cloud, sans que personne ne le dégage. On pourrait aussi parler du rôle des services de renseignement anglais dans l'établissement de bordels pédophiles au sein des orphelinats du pays, du rôle de la Franc-maçonnerie dans l'étouffement de plusieurs de ces scandales, du réseau pédophile niché au cœur de la BBC, elle-même contrôlée par les renseignements.

On pourrait parler de la toute première ministre des Enfants, nommée par Blair, la dénommée Margaret Hodge, qui après avoir couvert le réseau pédophile d'Islington[1], n'a rien trouvé de mieux à faire une fois arrivée ce poste que de renforcer l'industrie du placement abusif. D'ailleurs, John Rea Price avec qui elle a préparé cette loi était le chef des services sociaux durant le mandat de Hodge à Islington, l'arrondissement de Londres dont elle était le maire. Price a aussi travaillé pour le Home Office, où nombre de dossiers de réseaux pédophiles VIP ont disparu[2]. Certains disent que Léon a aussi fréquenté Elm Guest House, ce bordel pédophile actif au début des années 80 à Londres, fréquenté par des stars du showbiz et des politiques.

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Un député, Geoffrey Dickens, lui a remis en mains propres trois dossiers concernant le réseau de Westminster dans les années 80, et Brittan a d'abord dit qu'il ne se rappelait pas les avoir reçus, avant de se rappeler qu'il a demandé à son équipe de travailler dessus. Mais personne ne lui en aurait reparlé, évidemment.

D'ailleurs, quand Léon dirigeait le Home Office, plusieurs membres d'un lobby pédophile, le Paedophile Information Exchange, travaillaient dans le ministère, tout en y menant leurs activités de propagande pédophile.

D'ailleurs, les orphelinats anglais servent de réservoir à chair fraîche pour les pédophiles, comme l'ont montré les affaires de Jersey, d'Elm Guest House, du Pays de Galles, du Kincora Boys Home et j'en passe.

Enfin bref, revenons sur cette grande enquête lancée par Cameron (eh oui dans un an il y a des élections législatives, mais il lui a quand-même fallu deux ans avant de se décider). On a déjà parlé de la première juge, la baronne Butler Sloss, sœur d'un pédophile ayant fréquenté le bordel pédophile Elm Guest House et qui a couvert des copains car il était juge aussi, qui a du démissionner rapidement.

La nouvelle juge est une dénommée après deux mois de réflexion intense, afin de trouver quelqu'un qui ne soit pas plongé dans le bourbier pédophile jusqu'au cou. Il s'agit de Fiona Woolf, une avocate fiscaliste qui a été maire de Londres, mais qui, surtout, a collaboré dans le International Financial Services forum avec Leon Brittan, ministre du Home Office au moment où quelques dizaines de dossiers ont disparu de ce service[3]. Aujourd'hui, la patronne du Home Office, qui a aussi organisé la nomination de Butler Sloss et Fiona Woolf, n'est autre que Theresa May, qui déclarait il y a 2 ou 3 ans que les pédophiles devraient pouvoir adopter des enfants.

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Quand il était ministre de l'Intérieur (à ce titre chef de la police et du MI5), Léon Brittan a reçu des mains du député Geoffrey Dickens des rapports sur une affaire de réseau pédophile, dont des politiciens étaient membres, un réseau qui utilisait des enfants placés dans des orphelinats. Qu'a-t-il fait ? Rien. Les dossiers, eux, ont disparu. Enfin, pendant des années il a "oublié" cette affaire, et le 1er juillet il s'est rappelé d'un coup qu'il avait ordonné une enquête à ce sujet.

Apparemment, Leon Brittan a eu l'honneur d'une visite de la police après qu'un jeune garçon ait été trouvé en train de courir nu dans sa rue. Juste après, on l'a envoyé en 1989 en tant que commissaire européen à la concurrence, en lui expliquant qu'il n'était pas près de refaire de la politique en Angleterre et en le récompensant d'un titre de noblesse la même année. Lui et Fiona Woolf seraient même amis, d'après le Daily Mail, et ils habitent à quelques mètres l'un de l'autre.

Contre feu

L'affaire Rotherham[4], qui ressort maintenant comme par hasard, est une tentative de détourner l'attention : à Rotherham, un réseau de pakistanais qui mettaient le grappin sur des mineures vulnérables pour les prostituer, a pu opérer tranquillement pendant 16 ans faisant autour de 1.400 victimes, et tout le monde fait mine d'être surpris.

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Enfin, si on creuse sur cette affaire, on se rend compte que la police et la justice ont systématiquement fait taire les rares victimes qui ont osé porter plainte. Les services sociaux n'ont rien fait non plus, et on nous raconte que toute cette obstruction n'avait pour but que d'éviter d'augmenter le racisme dans le pays.

On sent bien les tentatives désespérées du gouvernement et de la classe politique dans sa majorité, pour éviter qu'on ne remonte la piste de ces étouffements systématiques des grosses affaires de réseaux pédophiles.

Depuis que l'affaire Savile a explosé, qu'on a compris qu'il a pu violer au moins 800 victimes en 50 ans de carrière, parce qu'il était l'ami de tous dans l'establishment, plusieurs enquêtes ont été menées, et toutes ont abouti à des étouffements en règle : des charges a minima, de rares condamnés, toujours comme prédateurs isolés, des victimes écœurées.

Et pourquoi s'acharnent-ils à cacher l'existence de ces réseaux dont sont membres diverses personnalités politiques et du show biz ? On a déjà moult détails là-dessus, et on sait bien que la justice ne fera rien à part étouffer ces affaires. Ou alors, il y a plus gros que cela à nous cacher.

Peut-être que les histoires de rituels sataniques commis par Jimmy Savile, ou bien les accusations selon lesquelles plusieurs membres de l'establishment seraient des satanistes adeptes du sacrifice rituel ont bien un fondement, après tout ?

Et pourquoi n'a-t-on pas du tout intérêt à faire éclater la vérité ? Parce que tout cela relève d'un système de chantage, qui profite bien à quelqu'un. Et tout le mystère est là : à qui profite ce système, dans quel but ?

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Et même sur l'affaire de Rotherham, on risque d'avoir quelques surprises, et la diversion pourrait finir par leur retomber sur la figure. Car il n'y a pas qu'à Rotherham que des gangs de proxénètes exploitent des gamines vulnérables. A Oxford, par exemple, un gang similaire a été en partie démantelé l'année dernière.

Ces pratiques sont connues depuis bien longtemps de la police, qui ne fait jamais rien et considère que même des gamines de 11 ans étaient consentantes pour se faire droguer et violer à la chaîne par des clients et leurs proxos. Ces pratiques sont aussi connues des organismes de protection de l'enfance et des conseils municipaux, qui préfèrent engranger le fric de l'aide à l'intégration plutôt que de secouer le bananier.

Chaque gamine pouvait rapporter 200.000£ par an au gang, c'est donc bien plus rentable que le trafic de drogue.

Le point commun à tous ces gangs est qu'aucun client n'a jamais été inquiété : seuls les pakistanais tombent. Personne non plus dans les autorités n'a perdu son job hyper bien rémunéré (jusqu'à 100.000£ par an).

Les communautés musulmanes des villes où opéraient ces gangs menaçaient de manifestations et de plaintes pour racisme si les enquêtes avançaient. Enfin bref, la diversion n'est probablement pas très stratégique.

Pendant ce temps-là, Scotland Yard a éliminé une bonne partie des chefs d'accusation dans le dossier du réseau pédophile du Parlement, Westminster[5]. On a appris la semaine dernière que 200 chefs d'accusation dans le cadre de l' "enquête" si on peut appeler ça comme ça, sur le réseau pédophile de VIP députés, impuni, et donc la quasi totalité des dossiers ont disparu du Home office, avaient été jetées à la benne. Ces chefs d'accusations concernaient 80 victimes. Dans cette enquête, quatre suspects cumulent 52 chefs d'accusation. Enfin, ce n'est pas la première fois qu'on couvre ce réseau : en juillet, un ancien de Scotland Yard a déclaré que son unité était prête à investiguer sur le réseau de Westminster dès les années 80, mais aucun ordre n'est venu. Pourtant, tout le commissariat était au courant que ce réseau existait.

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Le journal Exaro explique : "des sources bien informées disent que maintenir ces chefs d'accusations aurait inévitablement causé une bien plus grosse tempête médiatique". On se demande bien ce qui aurait pu être pire que les révélations qu'on connaît déjà : des dizaines de députés se faisaient des partouzes avec des mineurs et de la drogue, tout en disant publiquement qu'ils défendent les valeurs familiales, et le tout étant connu à la fois du MI5 et de Thatcher, grande amie de Jimmy Savile par ailleurs [6].

Et c'est justement pendant la "tempête médiatique", quand les députés ont demandé une grande enquête, que Scotland Yard a éliminé ces 200 chefs d'accusation du dossier le plus brûlant du moment.

On peut clairement se poser quelques questions sur l'efficacité future de cette enquête sur les réseaux VIP. On se demande aussi ce qu'il y a encore à cacher qui soit plus horrible que ce que l'on sait déjà (même si la « justice » n'a pas encore mis le nez dedans).

Notes :

[1] A Islington, l'arrondissement de Londres dont elle était leader dans les années 80, et où vivait Blair, les 12 orphelinats publics ont abrité des réseaux pédophiles qui ont été couvert par le conseil municipal, qu'elle dirigeait. Quelques éducateurs ont été jugés par-ci par-là, tous en tant que prédateurs isolés.

[2] Il semblerait que ces dossiers, 114 au moins, aient carrément disparu. Les dossiers concernaient des affaires de réseaux survenues entre 1979 et 1999. Comme toujours, on s'arrête avant l'an 2000.

[3] Anobli en 1989, il a été envoyé la même année à la commission européenne, à la compétitivité. En 1995 il est devenu commissaire au commerce et aux affaires extérieures, tout en étant vice président de la commission européenne. Le 5 juillet, on apprenait que Léon Brittan était questionné par la police au sujet d'accusations de viol sur une ado de 19 ans dans son appartement, en 1967. Léon Brittan est un ancien ministre de l'Intérieur conservateur (le parti du 1er ministre Cameron), envoyé ensuite à la commission européenne.

[4] Une ville de 250.000 habitants au nord ouest de l'Angleterre.

[5] Au moins 20 personnalités politiques seraient impliquées dans ce réseau. Un témoin, jeune loup du parti conservateur dans les années 70 et 80, a expliqué comment il fournissait des garçons mineurs pour les partouzes de ces messieurs. Un ex agent du MI5 a expliqué comment il avait pisté ce même réseau.

[6] Ils ont passé ensemble pas moins de 11 réveillons du 1er de l'an consécutifs. Et elle a réussi à le faire anoblir au bout de 5 tentatives, tellement il était carbonisé dans le gratin.