La présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf s'attend à une aggravation de l'épidémie d'Ebola, qui fait de plus en plus de victimes. En cause notamment, une aide internationale très insuffisante et le manque d'équipement pour les services de santé.

L'épidémie, loin de faiblir, s'intensifie. La fièvre hémorragique a fait 2296 morts sur 4293 cas selon le dernier rapport daté de ce mardi de l'OMS, 1224 décès dans le seul Liberia. La moitié des cas mortels ont été signalés ces derniers 21 jours, alors que l'épidémie s'est déclarée en mars. "La progression des cas continue de s'accélérer dans les pays où la contamination se fait sur une grande échelle et de façon intense : la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone", s'inquiète l'OMS.

Le Libéria est dans une situation particulièrement critique. Plusieurs milliers de nouveaux cas sont à craindre dans les trois prochaines semaine, et le pays n'a plus de lits disponibles pour accueillir des malades atteints du virus. Le Liberia "n'a pas assez d'infrastructures, de capacités logistiques, d'expertise professionnelle et de ressources financières pour faire face à l'épidémie de manière efficace", s'est alarmé le ministre libérien de la Défense.

Devant le Conseil de sécurité de l'ONU, le ministre Brownie Samukai, a dressé un constat accablant en forme d'appel au secours: la maladie "se propage comme un feu de forêt, dévorant tout sur son passage". "Le Liberia fait face à une sérieuse menace pour son existence en tant que pays. Le virus mortel Ebola a entraîné une interruption du fonctionnement normal de l'Etat".

Besoin d'aide urgent

"Nous avons essayé de faire avec un soutien international limité et avec une population qui n'a pas prêté l'attention nécessaire (...) et cela a facilité la propagation de la maladie", a poursuivit le ministre de la défense Brownie Samukai. Certains Libériens ne signalent pas les cas et ne tiennent pas compte des mesures de protection suggérées pour éviter d'être infectés.
"Quand les patients sont refusés dans les centres de traitement Ebola, ils n'ont pas d'autre choix que de rentrer chez eux dans leur communauté où inévitablement ils contaminent d'autres personnes", indique un rapport l'OMS. A Monrovia ces dernières semaines les taxis et motos taxis transportent des malades et leur famille à la recherche d'un lieu de traitement, ces véhicules qui ne sont pas désinfectés deviennent une source de contamination, selon l'OMS.

L'ONU estime dorénavant que 600 millions de dollars sont nécessaires immédiatement pour faire face à l'épidémie, que la communauté internationale est accusée d'avoir considérablement traîné à prendre au sérieux. Fin août, l'OMS a annoncé un plan limité à 100 millions de dollars. Les moyens d'urgence débloqués au Libéria pour faire face à l'épidémie semblent dérisoires face aux besoins. L'armée américaine va ainsi envoyer "rapidement" un hôpital de campagne de 25 lits, destiné aux personnels de santé. La présidente du pays, Ellen Johnson Sirleaf dit avoir constaté un soutien accru en provenance de l'étranger notamment des Etats-Unis, de l'Union européenne et des pays africains. Mais "c'est encre très loin des besoins" estime-t-elle.
L'OMS rappelle que pour traiter 70 patients, il faut 200 à 250 personnes. Le Liberia, longtemps ravagé par la guerre, est l'un des pays les plus pauvres d'Afrique. Avec une population de 4,4 millions d'habitants, il dispose d'un médecin seulement pour traiter 100.000 personnes.