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L'Inde a lancé en 2010 un programme visant à doter ses 1,2 milliard d'habitants d'un état civil numérique. Le projet Aadhaar est donc une révolution technologique dont le but est d'améliorer et optimiser les services publics. Vivement critiqué, ce projet fait néanmoins l'objet d'un consensus politique qui permet sa mise en place.

Le projet Aadhaar (en hindi « socle » ou « soutien ») est né de l'idée de Nandan Nilekani, pionnier de l'informatique en Inde et co-fondateur de la multinationale Infosys. Quelques trois sociétés étrangères font partie du projet dont Morpho, filiale du groupe industriel et technologique français Safran, présent au niveau international dans les domaines de l'aéronautique.

« Grâce à ce numéro, chacun peut avoir accès aux bénéfices auxquels il a droit où il veut et quand il veut », explique Nandan Nilekani.

La carte Aadhaar comporte un numéro à 12 chiffres ainsi qu'une puce électronique détenant des informations biométriques telles que la couleur des yeux et les empreintes digitales entre autres. Ces informations seront gardées dans une base de données nationale et consultable à distance par le biais d'un lecteur d'empreintes. Il s'agit ici d'une révolution, dans ce pays où jusqu'aujourd'hui la notion de carte d'identité était encore inconnue. Il faut savoir que la moitié de la population indienne est déjà répertoriée, soit 650 millions de personnes pour un coût de 400 millions d'euros.

« Il est temps de transformer notre approche du développement et de la lutte contre la pauvreté », selon Nandan Nilekani.

Le gouvernement indien désire donc rendre plus efficace la politique sociale actuellement menée. Sont accordés chaque année quelque 200 milliards d'euros pour financer les programmes sociaux en direction des populations déshéritées. Malheureusement, 85 % de ces subventions ne vont pas jusqu'à leur destinataires, interceptées par des intermédiaires corrompus. Rappelons que 37 % de la population indienne vit encore sous le seuil de pauvreté en Inde.

Avec la carte Aadhaar, le titulaire peut ouvrir un compte bancaire lié à son numéro à 12 chiffres et peut recevoir l'aide gouvernementale directement. Le système des cartes de rations pour les denrées de base, qui concernent une grande partie de la population sera effectif grâce aux mêmes données numériques et biométriques. L'éducation nationale profitera également de cette mesure puisque cette carte est obligatoire dés 14 ans. Ainsi est née une volonté de cerner plus précisément le nombre d'enfants inscrits dans les écoles et de faciliter l'inscription à une nouvelle école pour un enfant ayant déménagé avec sa famille.

Faisant l'objet d'un consensus politique, la carte Aadhaar est attaquée par de nombreuses critiques. La société civile s'interroge sur un potentiel fichage de la population, sentiment partagé par les minorités alors que la Cour suprême indienne a dernièrement refusé que la police puisse accéder à la base de données sans l'autorisation du titulaire. Narendra Modi, premier ministre indien arrivé en poste depuis juin dernier a donné son accord afin que les 600 millions de personnes qui restent à recenser puissent l'être et se voir attribuer leur carte Aadhaar.