isis
Isis, le surréalisme made in USA
Si l'on me demande mon avis, je dirais que les USA ont vu le cancer que sont Al-Baghdadi et son État Islamique, se répandant depuis la Syrie vers l'Irak, comme une excuse pour attaquer Al-Assad en Syrie. Comment cela a-t-il pu se produire ?

Rappelez-vous, il y a quelques temps, Obama souhaitait lancer des frappes aériennes contre le gouvernement de Syrie, en réaction à une attaque à l'arme chimique extrêmement controversée, bien que plus tôt, en 2013, l'Iraq ait arrêté 150 terroristes takfiri affiliés à l'État Islamique en Irak, qui étaient en train de préparer des armes chimiques à Bagdad, avec des matériaux importés du Koweït, de l'Allemagne et de l'Arabie saoudite. Le plan de frappes aériennes d'Obama n'a été arrêté que parce que le public américain et européen a vu clair dans son jeu. Le public américain a compris qu'Obama, plutôt que d'envoyer quelques missiles à Assad pour le punir d'avoir usé des « armes chimiques » sur des civils, allait utiliser ce prétexte pour envoyer l'US Air Force jouer le rôle de l'aviation au sein de l'Armée syrienne libre, tout comme en Lybie, où Obama a utilisé le prétexte de protéger des « civils » pour envoyer l'aviation US aider les rebelles à vaincre Kadhafi.

Quoi qu'il en soit, afin de sauver la face après que le public américain s'est opposé à son aventurisme, il a annoncé qu'il avait besoin de l'approbation du Congrès pour bombarder la Syrie. Il pensait que McCain et Lyndsay Graham (deux vautours qui prospèrent sur les cadavres en train de se consumer) l'obtiendraient pour lui. Surprise ! Il aurait perdu devant le Congrès, et Poutine lui a gracieusement offert une issue hors de ce piège. Il s'agissait de l'accord pour éliminer l'arsenal d'armes chimiques de Syrie.

Et après, que s'est-il passé ? C'est là qu'est apparu l'État Islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui se fait maintenant appeler État islamique, ou Da'ash pour les Arabes. Soudain, Obama a autorisé le transfert de très nombreux millions de dollars en armement lourd à l'« Opposition syrienne » modérée (quelle blague !), sachant bien que ces rebelles soi-disant modérés étaient les compagnons de lit ou des chiens soumis à Da'ash, et surprise ! Surprise ! Toutes les largesses d'Obama en armement ont fini par aller en premier aux unités de Jabhatun-Nusrah et du Front islamique, qui ont récupéré ces armes, et ont rejoint l'EIIL. Dans d'autres cas, l'EIIL s'est simplement présenté et ont menacé les rebelles islamistes et modérés, confisquant leurs jouets américains à peine débarqués, ce qui incluait des missiles anti-tank sophistiqués.

Il a fallu quelque temps, mais l'« armée de brutes » d'Al-Baghdadi a fini par traverser la frontière, pour libérer leur base d'origine en Iraq, trimballant avec eux... je vous le donne en mille... la contribution américaine à la libération de la Syrie, y compris des missiles guidés anti-tank valant des millions de dollars, que monsieur Obama a envoyé fièrement se battre à Damas, à sa place.

Avec un armement américain, et des tactiques, apprises en Syrie, pour se battre contre les combattants extrêmement qualifiés du Hezzbollah et la médiocre armée syrienne, l'Armée des brutes d'Al-Baghdadi a surpassé les forces de sécurité Irakiennes, fortes d'un million d'hommes, capturant de nouvelles armes américaines, alors qu'elle marchait à travers l'Irak, prenant ce qui lui plaisait. Pendant ce temps, monsieur Obama, ou monsieur Yes-We-Can (cela dépend des semaines) était assis dans son Bureau ovale et souriait largement, alors que l'Armée de brutes d'Al-Baghdadi gagnait bataille après bataille, tout en prenant garde de bien crier et dénoncer de façon hystérique, comme une prostituée enragée « Regardez, l'EIIL est devenu une menace pour la paix dans le monde »...

Ensuite, alors que nous commencions à nous fatiguer de cette scène, monsieur Obama en est arrivé au véritable but de ses livraisons d'armes aux rebelles de Syrie : organiser une coalition de volontaires (ça ne vous dit rien ?) en vue de déclencher un enfer de bombes sur la Syrie et de rétablir son contrôle sur l'Irak. Ou comme j'aime à les appeler, une Coalition volontaire des p**es et des laquais des Américains.

Monsieur Obama a été incroyablement aidé, ou certains diraient qu'il a eu l'incroyable chance d'avoir deux Américains décapités sur Youtube par des bourreaux de l'État Islamique, dont l'un à l'accent anglais, maintenant appelé Jihad Johnny.

Maintenant, les capitales du monde résonnent du fait que l'État Islamique doit être éliminé, avant qu'il n'attaque la mère patrie (les USA). Et, sans surprises, le public américain y croit (les sondages montrent que les deux-tiers des américains sont en faveur de frappes aériennes contre l'État islamique en Syrie et en Irak). Tout ce qu'il fallait, c'était deux décapitations, un Obama s'époumonant « Islamistes terroristes ! » et John Kerry et McCain rappelant la mémoire du 11 septembre, afin que le public américain demande des bombardements en Syrie et en Iraq, et des soldats au sol en Iraq.

Il y a déjà plus d'un millier de soldats US en Iraq (voilà pour ce qui est de sortir d'Iraq). Et, à nouveau, Obama obtient ce qu'il voulait dès le début : un changement de régime sponsorisé par les USA. L'irakien Maliki, qui refusait une présence américaine en Irak qui ne soit pas soumise à l'Irak, s'est retrouvé éjecté du gouvernement. Obama fait déjà des plans pour que le Congrès finance l'Opposition syrienne soi-disant « modérée » avec des milliards de dollars, jusqu'à ce qu'Assad chute, tandis que l'aviation US volera au-dessus de la Syrie en lâchant des bombes, sur l'État Islamique au début, mais imaginez qu'une autre « attaque chimique » ou un « massacre prémédité » par les forces d'Assad ou par les Shabiha [groupes d'hommes armés en tenue du parti Baas de Bachar el-Assad, NdT] ait lieu ? Est-ce que les gendarmes du monde et défenseurs de la liberté (ironique, quand on jette un œil au Patriot Act) et de la démocratie (amusant, si on considère le nombre record de gouvernements démocratiques renversés par Washington dans le monde), se contenteront de rester à l'écart, alors qu'ils ont déjà des chasseurs dans la zone ? Bien sûr que non ! Comme le disent monsieur Obama et ses prédécesseurs, « ils » ont un devoir de protection « donné par Dieu ».

Pour résumer, celui qui a concocté le plan qu'Obama est en train de suivre doit vraiment être un génie du crime... Malheureusement pour Baghdad et Compagnie, ils ne sont que des pions dans un jeu bien plus grand. Mais, à nouveau, même un pion discret peut parfois tuer un roi.

Traduit par Etienne pour vineyardsaker.fr