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En analysant les ossements d'anciens européens, comme le crâne de ce fermier qui vivait dans l'actuelle Allemagne il y a 7000 ans, des généticiens ont découvert l'existence d'un lignage jusqu'ici inconnu dans le génome des européens modernes. Crédits : Joanna Drath/University of Tübingen
Les européens modernes ne résultent pas seulement d'un mélange entre une population de chasseurs-cueilleurs et une population de fermiers du Proche-Orient, comme cela était supposé jusqu'ici. Une nouvelle étude révèle en effet que les européens modernes descendent aussi d'une troisième population, dite nord-eurasienne, arrivée en Europe il y a quelques milliers d'années à peine.

De qui descendent les européens modernes ? Jusqu'ici, les généticiens des populations considéraient que les européens modernes étaient le fruit d'un mélange entre deux anciennes populations : une population de chasseur-ceuilleurs installés en Europe depuis plusieurs dizaines de milliers d'années, et une population de fermiers issus du Proche-Orient, arrivés en Europe il y a 7500 ans environ. De fait, toutes les études menées au cours de ces dernières années sur le génome des européens modernes ont montré que ce dernier contient quasi-systématiquement les signatures génétiques de ces deux populations.

Or, une nouvelle étude vient de révéler l'existence d'un troisième ancêtre, inconnu jusqu'ici, dans l'arbre généalogique des européens modernes : aux côtés des chasseurs-cueilleurs et des fermiers du Proche-Orient, les européens modernes descendraient aussi d'une ancienne population dite nord-eurasienne.

Pour parvenir à ce résultat, le professeur de paléogénétique Johannes Krause (Institut Max Planck pour l'histoire et les sciences de Jena, Allemagne) et ses collègues ont analysé le génome de 2196 européens modernes, qu'ils ont ensuite comparé à des prélèvements d'ADN ancien, issusde plusieurs ossements de chasseurs-cueilleurs et de fermiers qui vivaient en Europe il y a 700 0 à 8000 ans.

Résultat ? Les auteurs de l'étude ont constaté que l'ADN de cette ancienne population nord-eurasienne était présent dans le génome de la quasi-totalité des volontaires recrutés pour l'étude, et ce pour tous les groupes de populations étudiés (Europe de l'Ouest, Nord de l'Europe, mais aussi Caucase et même Proche-Orient).

Les résultats de cette étude montrent également que la part de cet ADN dans le génome des européens modernes ne dépasse jamais les 20%.

Autre résultat intéressant : les travaux de ces chercheurs montrent que l'ADN des premiers fermiers européens et des chasseurs-cueilleurs ne possède pas la signature génétique de cette ancienne population nord-eurasienne. Ce qui signifie que l'arrivée de cesderniers sur le continent européen s'est produite après l'arrivée des premiers fermiers du Proche-Orient, peut-être à la fin du Néolithique.

Gageons qu'au cours des années à venir, les recherches des paléogénéticiens nous permettront d'en savoir plus sur cette mystérieuse population nord-eurasienne.

Ces travaux ont été publiés le 17 septembre 2014 dans la revue Nature, sous le titre "Ancient human genomes suggest three ancestral populations for present-day Europeans" .