Nasrallah
Nasrallah parle le 25 juin 2014, dans les faubourgs au sud de Beyrouth.
Le dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah a dit que son groupe ne prendrait jamais part à une coalition anti-Isis dirigée par « la source originelle » de tous les terrorismes, les États-Unis.

La coalition internationale, qui a commencé des frappes aériennes illégales en Syrie pour la première fois ce mardi, a été créée pour sauvegarder les intérêts des États-Unis, et non pour lutter contre le terrorisme comme elle le prétend, a dit Nasrallah dans un discours télévisé.

« À notre avis, l'Amérique est la mère du terrorisme, la source du terrorisme. S'il y a le terrorisme partout dans le monde, regardez vers l'Amérique... Elle fournit un soutien complet au terrorisme de l'État sioniste. Elle soutient Israël militairement, financièrement, juridiquement, et elle lui procure même droit de veto au Conseil de sécurité des Nations-Unies », a déclaré le secrétaire général.

Nasrallah a ajouté : « Ceux qui ont largué la bombe atomique sur le peuple du Japon, et qui ont tué [sans relâche] au Vietnam et ailleurs, ceux qui se tenaient au côté de Netanyahu [NdT : le Premier ministre israélien] dans la guerre de 50 jours contre Gaza ... n'ont aucune qualification éthique ou morale pour se présenter comme les dirigeants d'une coalition destinée à lutter contre le terrorisme ».

Ces commentaires arrivent au moment où les États-Unis, et les dictatures arabes qui sont leurs alliées, ont commencé à lancer des frappes aériennes non autorisées contre des cibles djihadistes en Syrie, s'attirant les reproches des alliés de Damas, l'Iran et la Russie.

Nasrallah a repoussé les critiques qui prétendent que son opposition à la coalition traduirait son soutien à l'État islamique d'Irak et de Syrie (ISIS), en soulignant qu'il avait dénoncé à plusieurs reprises les extrémistes et qu'il avait appelé à leur élimination.

Le fait que beaucoup des États, qui font à présent partie de la coalition anti-ISIS, ont financé les mêmes militants djihadistes qu'ils combattent maintenant en Irak et en Syrie oblige les peuples de la région à s'interroger sur les motivations de leurs actions, a-t-il ajouté, faisant référence à l'Arabie saoudite et au Qatar.

Le Liban est l'un des dix pays arabes qui a promis son soutien à la coalition, une adhésion à laquelle Nasrallah a dit être opposé.

« Jamais [le président US Barack Obama] n'a dit qu'il venait pour défendre les minorités musulmanes ou chrétiennes ...Donc, nous ne nous battrons pas dans une coalition qui sert les intérêts américains et non pas les intérêts des peuples de la région », a encore déclaré Nasrallah

Dans son dernier discours, le 15 août dernier, Nasrallah avait fait remarquer que les États-Unis n'avaient décidé de s'impliquer dans la lutte contre l'ISIS que lorsque les djihadistes s'étaient approchés du Kurdistan irakien, lequel revêt une importance stratégique pour l'Occident.

Les soldats libanais captifs

Nasrallah a également exhorté le Liban à négocier en se présentant en position de force en vue d'obtenir la libération des 26 soldats et policiers captifs détenus par l'ISIS et le front al-Nusra dans les faubourgs de la ville d'Ersal, au nord-ouest du Liban.

Il a décrit la situation des prisonniers, qui ont été enlevés lors d'une bataille de cinq jours avec les djihadistes, il y a sept semaines, comme « humiliante ».

Les groupes en question avaient initialement enlevé plus de 30 membres des forces libanaises de sécurité. Le front al-Nusra en a depuis libéré cinq, et abattu un. L'ISIS en a décapité deux.

Nasrallah a déclaré que les négociations en vue d'assurer leur libération avient été entravées par les manigances politiques de certains partis politiques qui cherchent à marquer des points.

« Pour l'amour des soldats, de l'armée, de leurs familles et du pays, mettons de côté la question des règlements des comptes politiques et le désir de marquer des points », allusion aux déclarations du 14 mars de certaines personnalités qui avaient affirmé que le Hezbollah était à blâmer pour les enlèvements en raison de son intervention militaire en Syrie.

Il a qualifié de menteurs ceux qui accusent le Hezbollah de s'être opposé aux négociations avec les djihadistes, insistant sur le fait que le parti a soutenu les efforts du gouvernement libanais pour libérer les captifs depuis le premier jour.

« Ceux qui viennent prétendre que le Hezbollah rejette le principe des négociations le disent à des fins politiques, et non parce qu'ile se soucient du retour de vos enfants... Nous n'avons jamais rejeté le principe de la négociation, ni avec des organisations terroristes ou des takfiristes, peu importe. Avec Israël, c'était la même chose. Au bout du compte, c'est une question humanitaire », a déclaré Nasrallah.

Mais Nasrallah a indiqué qu'il était logique pour le Liban d'exiger que les ravisseurs arrêtent d'exécuter leurs captifs comme condition préalable à toute négociation.

« Nous devons négocier à partir d'une position de force, pas d'une position de pleureur ou de mendiant... a-t-il dit. Se répandre en pleurs conduira à une catastrophe. S'il y a un espoir que ces soldats reviennent à leurs familles, cet espoir réside dans une attitude digne ».

Traduit par Jean-Jacques Hector