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Thierry Meyssan, qui est pour beaucoup le diable, mais pour d'autres, dont nous sommes, un consultant politique généralement bien informé (d'autant mieux informé qu'il refuse de s'informer exclusivement auprès des sources mainstream américano-américaines), confirme dans un article publié par le
Réseau Voltaire ce que beaucoup soupçonnaient sans en avoir de preuves précises : les États-Unis, qui se considèrent plus que jamais en guerre contre la Russie, et plus récemment en guerre contre la Chine, s'efforcent d'utiliser les djihadistes présents dans certaines parties de la Russie et de la Chine pour déstabiliser ces deux pays, en les engageant dans des guerres civiles internes épuisantes.

Concernant la Russie, la manœuvre a été entreprise en appuyant les indépendantistes musulmans tchétchènes, lesquels ont multiplié les attentats au cœur de la Russie. Vladimir Poutine ayant rétabli la situation, Washington s'efforce maintenant d'allumer d'autres foyers de guerre civile dans les républiques à forte composante musulmane composant la ceinture occidentale de la Russie.

Concernant la Chine, ce sont les minorités indépendantistes ouïghours, sunnites et turcophones, que l'Amérique s'efforce de dresser contre Pékin. Il ne s'agit de populations très peu nombreuses en regard du milliard et plus constituant l'Empire du Milieu, mais les instrumentaliser pour en faire des éléments insurrectionnels, recourant de façon régulière à des attentats sanglants, ne peut que gêner le gouvernement central. Non seulement la Chine doit dépenser des moyens de protection qui auraient mieux à faire dans les circuits économiques, mais elle passe aussi aux yeux de l'opinion internationale comme une dictature tyrannique vis-à-vis de son peuple.

Dans les deux cas, Washington ne se met pas directement en avant. Il agit en finançant des combattants rattachés à la mouvance du prétendu Califat islamique, qui sont et seront envoyées dans les régions sensibles de la Russie et de la Chine pour y prêcher la guerre sainte. C'est de cette façon d'ailleurs, mais plus discrètement, que les services secrets américains et leurs alliés les États pétroliers du Golfe s'efforcent de déstabiliser les États européens, en suscitant notamment dans la jeunesse des volontaires qui iront se former dans les conflits au Moyen-Orient, puis reviendront en Europe détruire de l'intérieur la civilisation européenne.

Pour recruter ces combattants, les services secrets US n'hésitent pas à faire intervenir les mêmes prétendus Califes, à qui Obama a officiellement déclaré la guerre le 15 septembre, et qu'il est censé combattre. Les bombardements américains ne compromettent pas vraiment la puissance économique acquise au cours des années précédentes par les Califes, par l'entremise de l'Amérique et de l'Arabie Saoudite (il s'agissait alors de leur donner les moyens de subvertir les États et organisations de la région refusant de se mettre au service des intérêts américains : Syrie de Bashar al Assad, Iran et Hezbollah).

Si l'Europe récupérait un minimum d'autonomie diplomatique, elle comprendrait que ses intérêts, tant d'une façon générale que dans la lutte contre les djihadistes, lui commandent de conjuguer ses forces avec celles de la Russie et le cas échéant, de la Chine. Ainsi pourrait commencer à se concrétiser l'axe euro BRICS qui serait, en cas de succès, un nouveau pôle extrêmement puissant, autour duquel pourraient se réorganiser les grands équilibres du monde. Mais dans l'état actuel d'« atlantisation » de l'Europe, cela ne se produira malheureusement pas.