Le patron de Total, Christophe de Margerie, a été tué dans un accident d'avion près de Moscou alors qu'il quittait la Russie, un pays dont le pétrolier français ambitionne de faire sa première source de production d'hydrocarbures d'ici 2020.

Le groupe, présent en Russie depuis 1991, y affiche déjà une production de 207.000 barils équivalent pétrole par jour (bep/j) en 2013.

Elle est issue du champ de Kharyaga, dans lequel Total détient une participation de 40% et de sa présence au capital de la société Novatek (18%), qui produit plus de 10% du gaz russe, selon les données communiquées par le groupe français.

Total est par ailleurs associé à Novatek, ainsi qu'au Chinois CNPC, dans le projet Yamal LNG de construction d'une usine géante de liquéfaction de gaz naturel, en Sibérie.

Total détient 20% de ce projet, contre 60% pour son partenaire russe et 20% pour CNPC.

Les tensions entre la Russie et l'Europe nées de la crise ukrainienne n'ont pas réduit les ambitions de Total dans ce pays, à l'image de tous les géants mondiaux du pétrole.

Le groupe français doit certes revoir le financement du projet Yamal pour faire face aux sanctions économiques prises par les Etats-Unis qui ont coupé tout accès à des financements en dollar, mais les opérations n'ont pas été interrompues et le projet devrait démarrer comme prévu en 2017, estimait fin septembre le directeur financier du groupe Patrick de La Chevardière.

En mai dernier, au moment où les relations entre la Russie et l'Europe étaient au plus mal, le pétrolier français s'est également associé au russe Lukoïl pour explorer et exploiter les immenses réserves de pétrole de schiste du gisement de Bazhenov en Sibérie occidentale.

D'autres projets sont actuellement en développement, comme celui autour du champ de gaz à condensats de Termokarstovoye, d'une capacité estimée par Total de 65.000 bep/j et dont la production doit démarrer en 2015.

Total est également associé à Gazprom dans le projet d'exploitation du gisement gazier géant de Chtokman, en mer de Barents, pour lequel les deux groupes cherchent une solution rentable d'exploitation.

Alors que la Russie est un pays clé de la stratégie de développement de Total, Christophe de Margerie, également coprésident du conseil économique franco-russe, s'était à plusieurs reprises exprimé contre une position trop sévère vis-à-vis de la Russie. Début septembre, il avait ainsi jugé que les sanctions étaient une voie sans issue et qu'il fallait privilégier un dialogue constructif avec Vladimir Poutine.

Lundi soir, dans sa dernière allocution publique à Moscou devant des hommes d'affaires et le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, Christophe de Margerie avait estimé qu'elles étaient à la fois injustes et improductives.

Il a rappelé que la stratégie du groupe n'a absolument pas changé. Nous sommes engagés envers la Russie.

Le président russe, Vladimir Poutine, a déploré mardi la perte d'un vrai ami de la Russie, à l'origine de plusieurs grands projets communs qui ont jeté les bases d'une coopération fructueuse entre la Russie et la France dans le domaine énergétique pour des années.