Une infirmière américaine, de retour d'une mission en Sierra Leone où elle a aidé les malades d'Ebola, a dénoncé son placement d'office en quarantaine à son retour aux Etats-Unis alors qu'elle ne présentait aucun des symptômes d'une infection.

Kaci Hickox, qui a travaillé pour Médecins sans Frontières en Sierra Leone, a été la première personne placée d'office en quarantaine, une mesure décrétée vendredi par les gouverneurs du New Jersey, Chris Christie et de New York, Andrew Cuomo, pour toutes les personnes soupçonnées d'avoir été en contact avec des malades d'Ebola.

«Absence flagrante d'organisation»

«Je ne souhaite à personne une telle situation et j'ai peur pour les gens qui vont être dans mon cas à l'avenir», a souligné l'infimière dans le quotidien The Dallas Morning News samedi. «J'ai peur pour les autres personnels de santé qui vont expliquer dans les aéroports qu'ils ont lutté contre Ebola en Afrique de l'ouest», a-t-elle ajouté dénonçant une situation chaotique et une absence flagrante d'organisation et de consignes précises pour l'accueil de ces personnes.

Kaci Hickocx, qui devait transiter par l'aéroport de Newark dans le New Jersey, a été placée d'office en quarantaine de 21 jours (durée d'incubation de la maladie) au New Jersey hospital pour des examens alors qu'elle ne présentait aucun des symptômes. Après avoir été interrogée «comme si j'étais une criminelle» par différents officiers des services d'immigration ayant revêtu des combinaisons blanches, pendant trois heures, elle a constaté que «personne ne semblait responsable, personne ne pouvait me dire ce qu'on allait faire de moi, je me demandais ce que j'avais fait de mal».

«Traiter les personnels qui rentrent de là-bas avec dignité et humanité»

La première prise de température était normale à 37 degrés, mais ensuite «avec l'énervement et la confusion», une nouvelle prise a fait apparaître une température plus élevée, ce que le personnel de l'immigration a immédiatement pris pour de la fièvre. Ensuite elle a été conduite à l'hôpital escortée par huit voitures de police toutes sirènes hurlantes. Là on lui a fait une prise de sang, qui était négative, et une nouvelle mesure de la température, qui était normale.

«Je venais de passer un mois à surveiller des enfants qui mouraient seuls, j'ai été témoin de la tragédie humaine. J'ai essayé d'aider alors que la plupart des pays du monde n'ont rien fait», a-t-elle précisé. «Nous avons besoin de davantage de personnels de santé pour lutter contre l'épidémie en Afrique de l'ouest. Et les Etats-Unis doivent traiter les personnels qui rentrent de là-bas avec dignité et humanité», a-t-elle conclu.