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C'est moins grave que de tuer des enfants à Gaza, mais tout de même la réponse israélienne volontairement méprisante à la décision souveraine de la Suède de reconnaître l'état palestinien est inacceptable sinon politiquement, du moins sémantiquement. Cela montre à quel point l'état hébreu ne supporte aucune critique ni opposition venant des européens notamment. La tentative d'assimilation systématique de la critique des dérives du sionisme à de l'antisémitisme en est la démonstration la plus éclatante.

La chef de la diplomatie suédoise, Margot Wallström, a annoncé que son gouvernement reconnaissait par décret l'Etat de Palestine. C'est tout de même le droit absolu de cette pourtant incontestable « démocratie ».

En réponse Israël a jugé "malheureuse" la reconnaissance par Stockholm de l'État de Palestine, ce qui est son droit aussi, soulignant cependant que le Moyen-Orient était "plus compliqué que le montage de meubles Ikea", le géant suédois de l'ameublement. Là, on frôle et même plus le racisme anti-suédois et le renvoi par simplification à une caricature, qui n'est donc pas que l'arme des antisémites, sur les commerçants juifs. Ceux qui traquent de façon si vigilante la sémantique dans le monde devraient mieux contrôler la leur.

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Le gouvernement de Tel Aviv poursuit en invitant le pays des prix Nobel - à l'exception certes de celui de la paix - à agir avec responsabilité et sensibilité. C'est sans doute de l'humour venant du pays du mur de la séparation, des partis racistes légaux, des colonisations et du non respect des résolutions internationales même si on comprend la logique dans la défense d'une communauté qui se sent menacée.

Des initiatives comme celles de la Suède "renforcent les exigences irréalistes des Palestiniens et éloignent la possibilité d'un accord", a dit également Avigdor Lieberman, ministre israélien des Affaires étrangères.... Ce qui peut effectivement se discuter.

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Cette réaction israélienne reste cependant stupide et d'une grossièreté gratuite vis-à-vis de la Suède. Elle intervient, de plus, dans un nouveau moment délicat pour la rhétorique israélienne. Jérusalem-Est est en proie à de vives tensions depuis quelques jours. Les policiers israéliens ont tué le jeudi 30 octobre un Palestinien soupçonné d'avoir tiré sur un militant ultra-nationaliste juif Yehuda Glick et de l'avoir grièvement blessé,quelques heures auparavant. Jeunes Palestiniens et policiers israéliens en ont décousu pendant des heures. « Le Palestinien qui était le principal suspect de l'attaque a été éliminé à son domicile dans le quartier d'Abou Tor à Jérusalem par une unité des forces spéciales de la police à la suite d'un échange de tirs », a dit un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld. Selon la radio publique israélienne, ce Palestinien avait passé dix ans dans une prison israélienne "pour activités terroristes".

Yehuda Glick est un rabbin, colon et personnalité de l'extrême droite israélienne qui milite depuis des années pour que les juifs puissent prier sur l'esplanade des Mosquées. Il a été expulsé à maintes reprises de l'esplanade des Mosquées par les policiers israéliens. Cette revendication, qui s'est fait entendre de manière accrue ces derniers mois, est une cause majeure des tensions auxquelles est en proie Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée annexée par Israël.

Ces tensions se sont encore aggravées depuis le 22 octobre. Ce jour-là, un jeune Palestinien de Silwan est, délibérément selon les autorités israéliennes, entré au volant de sa voiture dans un groupe de voyageurs du tramway et a tué un bébé américano-israélien de trois mois et une Équatorienne dans ce que les Israéliens ont qualifié d'attentat terroriste. Plusieurs quartiers ont depuis été le théâtre d'affrontements quotidiens faisant redouter une troisième Intifada. Les autorités israéliennes ont décidé de fermer l'accès à l'Esplanade des Mosquées. « C'est une déclaration de guerre », affirme le président palestinien.

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Les Palestiniens vivent très mal tout ce qui est en train de se passer aujourd'hui, aussi bien à Gaza évidemment, qu'en Cisjordanie, mais aussi à Jérusalem-Est. Une marge d'illuminés dirigés par le rabbin Glick ont pour seul objectif de détruire l'Esplanade des Mosquées. Ce qui n'est pas un problème uniquement pour les Palestiniens, mais qui est un problème pour l'ensemble des musulmans, puisque c'est le troisième lieu saint de l'islam. Un groupe veut lui uniquement, au-delà du Kotel et du Mur qui est le premier lieu saint juif, reconstruire le troisième temple sur le fondement et sur la destruction de l'Esplanade des Mosquées, du Dôme du Rocher.

C'est sûr que cela sera plus difficile que de monter un meuble Ikea sans prendre le risque d'évoquer d'autres références commerciales que l'idéologie sémantique actuelle ne tolérerait pas.