Image
© Photo : AP/Evan Vucci
Les républicains ont complètement reconquis le Congrès à l'issue des élections de mi-mandat du 4 novembre.

Ils ont ajouté la majorité sénatoriale à la majorité dans la Chambre des représentants. Ces deux prochaines années avant la présidentielle de 2016 le locataire de la Maison Blanche aura le statut de « canard boiteux ».

Dans la chambre basse (435 sièges) que les républicains contrôlent depuis 2010, ils ont porté leur majorité au moins à 245 sièges. Au Sénat (100 places) ils se sont garantis 52 mandats et un autre pourra être obtenu à l'issue du second tour des élections en Louisiane en décembre.

Une « grande débâcle démocrate » a été annoncée par tous les analystes. C'est Barack Obama en personne qui y a plongé son parti. Les élections du 4 novembre n'étaient pas des élections au Congrès, mais un référendum sur la politique du président américain. Dans certains États sa cote de popularité à la veille des élections était inférieure à 35-39 %. Même George W. Bush l'a évité. Le déshonneur du Prix Nobel de la paix et du premier président américain de couleur est d'autant plus grave que dans son État natal d'Illinois un candidat républicain a devancé le gouverneur démocrate.

C'était un grand rejet d'Obama, a déclaré après la victoire le futur chef de la majorité sénatoriale républicaine Mitch McConnell :

« Ce n'était pas une campagne électorale pour moi ou pour mon opposant. Tout consistait dans l'attitude envers le gouvernement auquel les gens ne peuvent plus confier l'accomplissement de ses devoirs élémentaires : assurer leur sécurité, protéger les frontières, donner du travail et soigner d'une façon décente les vétérans. Comment faire confiance au gouvernement qui ne s'occupe pas de ses devoirs élémentaires ? ».


Commentaire : Le dernier président étasunien à avoir osé faire cela est mort assassiné.


Les pertes n'ont pas été essuyées uniquement au Congrès. Sur 50 postes de gouverneurs d'État, 31 sont déjà détenus par des républicains. Mais même dans cette situation déplorable, Barack Obama a eu de la chance que la politique internationale n'a pas d'influence sur les résultats des élections de mi-mandat. Il existe une seule exception en se sens, à savoir la guerre en Afghanistan et en Irak qui est pour les Américains une affaire presqu'intérieure. La situation d'Obama aurait été tout à fait catastrophique si la géopolitique avait été prise en considération au cours de ce scrutin. Il a promis la paix au Proche-Orient et ne l'a pas obtenue, il a promis un redémarrage avec la Russie et a poussé les choses à la crise en Ukraine et au retour à la guerre froide avec Moscou. Personne ne se souvient plus du Prix Nobel de la paix reçu en 2009 : ce serait outrageux étant donné que la politique d'Obama a conduit au renforcement des radicaux de l'Etat islamique, à la dislocation de la Libye et à la guerre civile en Syrie.

L'Ukraine est actuellement un irritant majeur dans les relations russo-américaines. Des changements vers un mieux ou un allégement des sanctions à cause de l'Ukraine ne s'annoncent pas. Face à la majorité républicaine Barack Obama devra, au contraire, faire montre de sa résolution. L'unique terrain où il peut le faire est la politique étrangère.

La pression sur Moscou et le président Poutine ira croissant. Sous la présidence de Barack Obama, la situation pourrait s'aggraver davantage à cause de l'Ukraine, mais il est peu probable que les relations entrent dans un stade d'une nouvelle guerre froide, car ce n'est plus le style du XXIe siècle, est convaincu le professeur de l'Université Lomonossov de Moscou Andreï Manoïlo :

« Cela durera jusqu'à la prochaine présidentielle. L'arrivée des républicains au pouvoir - et tout porte à croire que le nouveau président sera un républicain - créera des conditions nouvelles pour une nouvelle architecture des relations entre les États-Unis et la Russie. Je pense que cette architecture sera plutôt constructive ».

L'histoire des relations soviéto-américaines démontre que Moscou se sentait toujours plus à l'aise avec les républicains. Tous les accords et traités fondamentaux dans le domaine du désarmement ont été conclus avec eux.

L'Europe commence elle aussi à se poser la question de savoir qui remplacera Obama en 2016. L'état d'esprit sur le Vieux Continent après les élections du 4 novembre a été exprimé par The Guardian londonien : « La présidence d'Obama prend fin, il faut planifier des rapports nouveaux ».

L'UE est peu préoccupée par les lois qui seront torpillées par le congrès républicain. Mais Barack Obama est arrivé au pouvoir en 2008 en tant antidote à la politique désastreuse de George W. Bush. Il jouissait d'un grand prestige et suscitait de grands espoirs. En réalité, il s'est transformé en George Bush numéro deux. De quel prestige moral à l'étranger peut-il être question si le président l'a perdu dans son pays ?