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"Y a le feu dans nos campagnes" est le slogan qui a été lancé mercredi, durant la grande journée de mobilisation nationale des agriculteurs.

Les agriculteurs français ont décidé de réagir ; ils en ont assez du diktat de la mondialisation libérale, ils en ont assez d'être laissés à l'abandon. « Y a le feu dans nos campagnes » est le slogan qui a été lancé mercredi, durant la grande journée de mobilisation nationale des agriculteurs.

Nos paysans sont le cœur battant de la France, les garants de notre souveraineté alimentaire. Dans un monde en mutation, plus que jamais l'État doit leur témoigner son soutien profond et entier. Pourtant, celui-ci ne donne pas l'exemple. Les agriculteurs demandent que les produits issus de l'agriculture française soient valorisés et, pour ce faire, souhaiteraient que deux repas sur trois, en restauration collective publique, soient confectionnés à partir de produits français.

Ce n'est malheureusement pas le cas ; est-ce à dire que les démonstrations tapageuses d'Arnaud Montebourg sur le « made in France » (notez l'anglomanie coupable de l'expression) n'étaient que des paroles en l'air ? Si l'État n'achète pas en France, il sera difficile d'encourager les Français dans le besoin à le faire. Des agriculteurs militants sont allés contrôler les camions alimentant les cantines de Bercy. Ce qu'ils ont vu ne laisse pas de place au doute et attriste. Samuel Vandaele, secrétaire général adjoint des Jeunes agriculteurs, peiné, déclarait notamment : « Tomates du Maroc, pommes d'Italie, produits sans étiquette, le ministère de l'Économie devrait être exemplaire dans le made in France et ce n'est pas le cas. On est un peu exaspérés. ». Et ils ont raison de l'être car c'est inadmissible.

Le gouvernement cède face aux pressions et soumet nos agriculteurs à la concurrence déloyale des pays du Sud et, bientôt peut-être, de TAFTA. Rendez-vous compte que TAFTA se donne pour objectif d'ouvrir largement les marchés publics, c'est-à-dire que les collectivités locales pourront lancer des appels d'offres internationaux dont le seul critère sera le prix ! On est loin du patriotisme économique, on est encore plus loin du protectionnisme intelligent. Les agriculteurs français seront livrés à la prédation de pays dont les critères de production (écologiques et sociaux) sont très inférieurs aux nôtres.

Le scandale est immense, le risque majeur. Osons le dire, il s'agit d'une trahison qui pourrait, à terme, empêcher toutes les tentatives de relocalisation de l'économie, et, surtout, un coup fatidique porté à nos agriculteurs. Lesquels souffrent déjà de normes européennes terriblement contraignantes et d'un manque de protection. Sans compter que l'embargo stupide à l'encontre de la Russie, imposé par Bruxelles et Washington, constitue un manque à gagner important.

Alors, oui, nous devons soutenir nos paysans car il en va de l'avenir de la France. D'abord de sa capacité à l'autosuffisance, ensuite de la santé des français les plus modestes qui n'auront plus accès aux produits de qualité, bientôt réservés aux plus riches. Les mêmes qui encouragent ces mesures anti-patriotiques.