Parmi de nombreuses atrocités, le rapport sur la Torture rendu public par le Sénat US révèle que les motivations de certains agents de la CIA zélés étaient surtout financières...

Le rapport du Sénat Américain sur l'usage de la torture par la CIA à la suite des attentats du 11 Septembre ne cesse de fournir de nouveaux détails sordides. Paru le 9 Décembre dernier, ledit rapport mentionne -entre autres- des prisonniers forcés de rester debout pendant des heures malgré des membres cassés, retenus dans le noir complet, privés de sommeil jusqu'à 180 heures d'affilée, parfois les bras liés au-dessus de la tête. Certains d'entre eux ont également été soumis à une « réhydratation rectale » (soit disant réservée aux prisonniers faisant des grèves de la faim), et les examens du rectum ont été conduits avec « une force excessive », causant notamment des fissures annales et des hémorroïdes chroniques chez un ancien détenu. Le rapport mentionne également des simulacres d'exécution, et des jeux de roulette Russe.

Au delà du sadisme, l'appât du gain

Mais on y découvre également que certains agents de la CIA n'ont peut être pas agi par pur sadisme, mais par pur et simple appât du gain : en effet, comme l'a révélé cette semaine The Daily Dot, les membres de la CIA chargés de conduire les interrogatoires et d'utiliser le « waterboarding » (torture par l'eau simulant une noyade) se voyaient offrir une prime quotidienne exceptionnelle de 1400 dollars (l'équivalent de 1122,47 euros) net d'impôts, soit quatre fois le montant accordé aux agents n'ayant pas recours à cette pratique.

Si l'on s'en fie à la définition apportée par Wikipedia, sa forme la plus courante consiste à « La simulation de noyade (en anglais waterboarding) consiste à ligoter la victime sur une planche inclinée, de façon à ce que sa tête soit plus basse que ses pieds. On recouvre alors la tête de la victime d'un tissu et de l'eau est versée dessus et, sa respiration devenant très difficile, la victime est mise dans l'angoisse d'une mort prochaine par asphyxie. Toutefois, aux mains de bourreaux « compétents », la noyade est improbable car les poumons sont placés plus hauts que la bouche»

On se souviendra au passage que la polémique quant au recours à la torture par l'eau ne date pas d'hier. En Mai 2011, lors de l'annonce de la mort d'Oussama Ben Laden, certains membres de l'administration Bush, à commencer par le Républicain Peter King, membre de la commission pour la sécurité intérieure, avaient affirmé que les informations essentielles à la capture du chef d'Al Qaida avaient été obtenues grâce à cette technique controversée du Waterboarding.

Au total, la rémunération de deux cerveaux derrière le « programme de torture des terroristes présumés », James Elmer Mitchell et John Bruce Jessen, deux psychologues coulant désormais des jours tranquilles aux frais du contibuable, s'éleverait à 81 millions de dollars, comme l'ont indiqué nos confrères de Slate.fr. Par ailleurs, le commun des employés de la CIA utilisant la torture aurait pu potentiellement amasser des sommes oscillant entre 500 000 et 700 000 dollars net d'impôts par an, entre 2001 et 2009.

D'où un conflit d'intérêt énorme, comme le souligne le Daily Dot : Les agents de la CIA étaient non seulement en charge de la torture des prisonniers ; mais ils étaient aussi censés juger de l'efficacité de ce même usage de la torture (!), et devaient se prononcer sur la stabilité psychologique des personnes torturées par leurs soins...Ces mêmes personnes gagnaient des centaines de milliers de dollars grâce à la torture qu'ils étaient supposer contrôler; dans ces conditions, on ne voit pas bien quel aurait été leur intérêt à mettre la pédale douce sur ces atroces pratiques...