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Quatre ans de prison pour avoir félicité les frères Kouachi à Valenciennes

L'homme a été condamné lundi par le tribunal de Valenciennes. Sa peine a été considérablement alourdie par le fait qu'il soit multirécidiviste, avec 16 condamnations déjà à son actif.


«Il devrait y en avoir plus des Kouachi. J'espère que vous serez les prochains (...) Vous êtes du pain béni pour les terroristes». C'est pour avoir tenu de tels propos, samedi soir alors qu'il était interpellé pour conduite en état d'ivresse, qu'un homme de 34 a été condamné lundi à 4 ans de prison. L'homme a eu beau assurer n'avoir plus aucun souvenir de ces propos lors de l'audience, raconte La voix du Nord, il n'a pas convaincu la présidente. Une peine sévère, au regard des autres condamnations prononcées ces derniers jours pour les mêmes actes, tournant plutôt autour des quelques mois de prison ferme.

Le prévenu, originaire de Douchy-les-Mines (Nord), a fait l'objet d'une comparution immédiate pour conduite sous l'emprise d'un état d'ivresse manifeste et refus de se soumettre aux vérifications en état de récidive, blessures involontaires, et apologie d'actes de terrorisme. Il avait percuté un autre véhicule et blessé légèrement un père et sa fille de 12 ans samedi à Haulchin (Nord).

Déjà condamné 16 fois

En plus de ces multiples chefs d'accusation, l'homme était en situation de multirécidive , avec 16 condamnations à son actif. Il est déjà passé en jugement pour quatre outrages à personnes dépositaires de l'autorité publique et trois rébellions, indique toujours La Voix du Nord. «La sévérité des peines prononcées s'explique grandement par les propos tenus faisant l'apologie des actes de terrorisme», a ajouté François Pérain, procureur de Valenciennes.

Au moment de son interpellation, il a tenu «des propos particulièrement virulents sur le bien-fondé des actes de terrorisme commis la semaine dernière», a précisé François Pérain. Outre les quatre ans d'emprisonnement, le trentenaire a écopé d'une annulation de son permis de conduire pendant deux ans et d'une interdiction de ses droits civils et de famille pendant trois ans.

Deux hommes condamnés à Toulouse

«Vos collègues qui sont morts à Paris, des fils de putes ! Ils ne méritaient que ça. Quand je lis ça, l'effroi me saisit», tempête le procureur Patrice Michel. Et que pensez de la suite ? Des Merah y en a partout à Toulouse. Ça va vous faire drôle. Je vais venir au commissariat et je vais faire la même chose qu'à Paris !»

Dans son box du tribunal correctionnel, habillé dans un survêtement du Chelsea Football Club, Farid, 22 ans ouvre grand ses yeux et s'étonne : «J'étais saoul. Je ne me souviens pas de tout. Mais, quand même, ça ne me ressemble pas...»

La présidente Anne Rivière relit le casier judiciaire : cinq condamnations dont un outrage et un refus d'obtempérer. «Pas habituelle ? Êtes-vous sûr ?», questionne la magistrate.

Arrêté vendredi soir du côté des Izards à Toulouse, cet homme originaire de la région parisienne mais qui traîne son ennui à Toulouse a été arrêté parce qu'il devait purger quatre mois de prison. Interpellation sans souci. La suite, dans la voiture de police puis au commissariat a été moins pacifique. Insultes, menaces, coups...

«Vendredi, l'ambiance était lourde chez nous, raconte un policier à la barre. Je l'ai mis à l'écart dans un bureau, pour qu'il se calme... Il a essayé de me mettre un coup de tête.»

«Le terrorisme ce n'est pas seulement les organisations. C'est aussi la rue, insiste le procureur Michel. La société ne veut plus, ne doit plus reculer. Elle l'a dit dans la rue et elle l'attend de nous !» Le magistrat a requis 18 mois de prison. Le tribunal a ramené la peine à 10 mois ferme ; Farid est reparti en prison. Les policiers ont obtenu 1 000 € pour celui qui a été blessé, et 500 € pour les trois autres.

«Je suis pro-palestinien. Vive le jihad»

Saïd, 24 ans débarque devant ses juges la mine basse. Après une bouteille de vodka, ce Palestinien vociférait sur les clients qui sortaient d'une discothèque près de la place Wilson, dimanche matin. L'arrivée de la police a déchaîné cet homme de 24 ans. «Je suis pro-palestinien. Vive le jihad. Je nique la France !», a-t-il hurlé devant les policiers. Il a même essayé de se saisir de l'arme de l'un d'eux.

La suite a été physique. En route vers le commissariat, nouvelle salve d'insultes : «Je vais tous vous passer à la Kalachnikov !»

Devant le tribunal, il est beaucoup plus calme. «Je vis dans une voiture et je mange grâce au Resto du cœur», explique-t-il. «La France, j'y suis venu pour la liberté. Je n'ai aucun lien avec le terrorisme»

Le parquet a retenu l'apologie publique du terrorisme et a requis «12 à 18 mois de prison au regard de la gravité des faits». Seulement Me Julien Aubry a su convaincre le tribunal que «si Dieudonné faisait l'apologie du terrorisme, ce n'est pas le cas de mon client ! Des outrages, une rébellion mais rien d'autre. Si de la bêtise !»

Une plaidoirie simple et intelligente. Le tribunal a relaxé Saïd pour l'apologie mais l'a condamné à trois mois de prison pour les outrages et la rébellion. Il a été incarcéré. «Jusqu'à dimanche, jamais il n'était rentré dans un commissariat», avait pourtant défendu son avocat.

Dans le tramway, apologie du terrorisme

«Les frères Kouachi ce n'est que le début !». Marley Ouardi, 21 ans, a clairement revendiqué son soutien aux frères Kouachi, dans le tramway, vendredi vers 18 heures. Il a aussi été déféré hier en comparution immédiate. C'est au départ un simple contrôle de titre de transport qui a dérapé. «Quand j'ai voulu le contrôler il a hurlé dans le tramway et a tenu ces propos», a expliqué à la barre un contrôleur. C'est sous les yeux des passagers, médusés, que Marley s'en est pris à un des contrôleurs, en lui donnant un coup de tête. «Il a appelé ses copains pour qu'ils viennent nous défoncer», a complété la victime. Six contrôleurs ont réussi à la maîtriser de Blagnac à la station des Arènes où l'attendaient les CRS. Le jeune homme a continué à proférer menaces et insultes en faisant référence aux événements qui ont secoué la France vendredi. «J'ai jamais dit ça !» se défend Marley. «C'est vrai que j'ai mis mes nerfs sur les gens car je venais de me disputer avec ma sœur».

«C'est du terrorisme individuel ! Il faut une réponse, un signal !», estime le procureur Patrice Michel avant de requérir 18 mois de prison ferme. «Il regrette ces propos qui ont largement dépassé sa pensée», a essayé la défense, Me Katia Ouddiz Nakache. Marley a été condamné à 10 mois de détention et verra sa peine alourdie de 2 mois supplémentaires en raison de la révocation d'une précédente condamnation. Marley avait déjà été condamné à trois reprises par la justice et faisait l'objet d'un sursis avec mise à l'épreuve qu'il ne respectait pas. Il a été incarcéré hier soir.

. Depuis novembre 2014, le code pénal encadre le délit de provocation et d'apologie du terrorisme. Il prévoit des peines de 5 ans et 75 000 € d'amende. Et via internet, les peines prévues passent à 7 ans de prison et 100 000 € d'amende.

Orléans : six mois ferme pour avoir crié "vive la kalach'"

Un jeune homme a écopé de six mois de prison ferme pour avoir crié "vive la kalach'" à une patrouille de policiers.

Un jeune de 20 ans a été condamné à six mois de prison ferme lundi par le tribunal correctionnel d'Orléans pour avoir crié "vive la kalach" jeudi dernier à un groupe de policiers croisé dans un centre commercial de la ville.

Le parquet avait requis un an de prison ferme à son encontre.

Jeudi soir, quatre policiers en patrouille dans le centre commercial Place d'Arc à Orléans croisent un groupe de jeunes, lorsque l'un d'entre eux se met à hurler "Vive la Kalach!", puis imite le bruit de l'arme en mimant la gestuelle d'un combattant tirant une rafale.

Le jeune homme, âgé de 20 ans, est aussitôt appréhendé. Sur son sweat-shirt, le dessin imprimé d'une Kalachnikov. Dans sa poche, un couteau à cran d'arrêt.

Placé en détention par le juge des libertés au terme de sa garde à vue, le jeune homme a été jugé lundi en comparution immédiate. Sans revenus, si ce n'est ceux de petits boulots "au noir", le jeune homme, qui vit avec sa compagne enceinte et déjà mère d'un enfant, a expliqué au tribunal qu'il avait bu: "j'ai sorti ça comme ça et je m'en excuse", a-t-il lâché.

"C'est un geste stupide. On est au-delà de la bêtise!", a martelé le procureur de la République, Maud Gauthier, avant de requérir un an ferme contre le prévenu, plusieurs fois condamné par le passé.

Maintenu en détention, le jeune homme devra verser 200 euros à chacun des quatre policiers, à titre de réparation du préjudice moral.