Le 7 janvier 1965, le gouvernement français du président Charles de Gaulle annonçait qu'il dépenserait 150 millions de dollars pour acheter de l'or et qu'il continuerait à convertir ses excédents de dollars en métal précieux. Le dollar a terminé la semaine à un taux de change de 35,13 dollars l'once, en légère baisse par rapport au taux officiel de 35 dollars l'once. Le 25 février, les États-Unis annonçaient un déclin de 262 millions de dollars de leurs stocks d'or, une baisse plus importante que sur l'ensemble de l'année passée. Le même jour exactement, la France annonçait son intention d'acheter pour 250 millions de dollars d'or de plus.
Or et dollars
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Le Trésor étasunien a publié un avertissement en réaction à cette offensive contre le dollar en affirmant que les investisseurs qui espéraient une augmentation de la valeur de l'or « seront inévitablement parmi les perdants ». La position officielle des États-Unis, affirmée trois ans plus tôt par le président Kennedy, était que le dollar resterait « au prix immuable de 35 dollars l'once ». En même temps, les États-Unis retiraient leur précédente clause qui imposait le maintien de réserves suffisantes pour couvrir 25 pour cent des obligations de la Réserve fédérale. À la fin de 1965, les réserves en or des États-Unis se montaient à 13,75 milliards de dollars et ne couvraient plus les 14 milliards d'obligations qu'elles auraient dû couvrir en respectant l'ancienne règle.

Le gouvernement français, l'allié le plus indépendant des États-Unis, fut le premier à réagir au déclin inévitable du système monétaire d'après-guerre, qui s'appuyait sur la suprématie industrielle des États-Unis et la convertibilité du dollar qui servait ainsi de fait de monnaie internationale de réserve, à un taux fixe de 35 dollars l'once d'or. Les achats d'or avec des dollars étaient le fait de toutes les grandes puissances industrielles depuis quelques années. L'aspect très médiatisé de l'annonce du gouvernement français visait à obtenir une révision des relations de pouvoir dans le système de Bretton-Woods, qui était dominé par les États-Unis et la Grande-Bretagne.

Les États-Unis avaient commencé à la fin des années 1950 à avoir un déficit de leur balance des paiements avec leurs principaux partenaires commerciaux en Europe et en Asie. Ce faisant, les autres puissances capitalistes ont commencé à accumuler des dollars. À partir de 1961, les gouvernements de Kennedy puis de Johnson se sont embarqués dans des dépenses fédérales massives pour l'armée, la guerre du Vietnam et des programmes sociaux au pays, tout en réduisant les impôts. Le dollar est devenu surévalué. Surnommé « le miracle du déficit sans larmes », cela a eu pour effet secondaire de permettre aux banques et entreprises américaines d'acheter à l'étranger, y compris dans l'économie française, ce qui a encore plus augmenté le déficit de la balance des paiements et les avoirs en dollars de ses rivaux. Le dollar surévalué détournait également des investissements de l'industrie américaine vers des achats plus profitables à l'étranger.