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Caen - le 15 janvier 2015. La nouvelle directive OGM votée par le Parlement va ouvrir les vannes aux autorisations et cutlures d'OGM, sans renforcer réellement le pouvoir des États. Elle attribue également un monopole de l'expertise à l'EFSA inacceptable du fait de l'entrisme des lobbies au sein de l'agence sanitaire.

Ce mardi 13 janvier 2015, le Parlement européen vient d'adopter une nouvelle directive qui change fondamentalement la donne en matière de commercialisation et de culture des OGM en Europe au détriment de la sécurité juridique, sanitaire et environnementale. Ce nouveau texte européen dit « de renationalisation des procédures d'autorisation des OGMs », se voulait pourtant plus strict et visait, entre autres, à « faciliter » les interdictions nationales de cultures d'OGM. Le lobby des biotechnologies, avec l'appui de certains États pro-OGM au Conseil européen (Royaume-Uni, Pays-Bas, Espagne...), a pourtant réussi à imposer sa volonté d'introduire plus d'OGM en Europe. La nouvelle directive donne désormais davantage de pouvoirs aux entreprises, érigées en partenaires des États, avec qui les autorisations doivent être négociées, tout en facilitant le processus de mise sur le marché et de mise en culture de nouveaux OGM.

Le CRIIGEN ne peut que s'insurger de constater une fois de plus que le volet concernant les évaluations sanitaires au niveau européen n'a fait l'objet d'aucun renforcement, visant notamment à favoriser le développement d'une expertise transparente et contradictoire au sein de l'EFSA, qui se positionne désormais comme l'unique « garant » de la santé publique. Nous regrettons profondément que la nouvelle directive interdise aux États membres d'argumenter leurs décisions sur base de leurs propres analyses des risques sanitaires et environnementaux pour appuyer juridiquement d'éventuelles interdictions sur leur territoire. Le CRIIGEN dénonce depuis seize ans déjà l'insuffisance de l'évaluation des OGM et des pesticides qui leurs sont associés, en particulier depuis 2012 les effets à long terme liés aux expositions chroniques, tant pour les professionnels du monde agricole et leur famille, que pour les consommateurs. Selon le Pr Séralini, invité récemment au Parlement européen pour s'exprimer sur le sujet : « les lobbies à l'œuvre au sein de l'EFSA, parmi les experts qui ont négligé nos résultats sur notre étude de deux ans, continuent ainsi leur travail de sape de la santé en monopolisant l'expertise. »

Pour Mme Corinne Lepage, présidente d'honneur du CRIIGEN, et ancienne vice-présidente de la Commission Environnement au Parlement européen « cette nouvelle directive a totalement gommé le texte voté en première lecture par le Parlement européen qui s'appuyait sur les recommandations d'un rapport que j'avais proposé. Ce premier texte constituait une avancée considérable pour un encadrement strict des OGM, permettant leur interdiction en raison de l'insuffisance des études, ou bien donnait un pouvoir aux régions pour déclarer un moratoire. Il faisait de la directive OGM une législation environnementale et non du marché intérieur. En définitive, non seulement ce texte ouvre les vannes des autorisations d'OGM en Europe, mais contrairement à ce qui est proclamé, il ne permettra pas la sécurité juridique des États qui voudraient les interdire sur leur territoire. Malheureusement, une fois encore les institutions européennes viennent de démontrer que les souhaits des consommateurs européens ne sont pas dignes d'être pris en compte, mais aussi que la question démocratique n'a aucun sens pour eux. »

De surcroît, le Dr Joël Spiroux de Vendômois, Président du CRIIGEN précise : « il est pitoyable que la majorité des parlementaires européens aient oublié que les OGM sont des plantes à pesticides. Ainsi les citoyens européens paieront à leur tour un lourd tribut en termes de santé dû à l'impact sous-évalué des OGM et des pesticides comme nous l'avons démontré ».