Pour avoir « soutenu » les auteurs de l'attentat dans un devoir, une élève de CM2 a été entendue, à la demande du parquet, par la gendarmerie de Cagnes.

Est-ce la répétition de l'affaire niçoise du petit Medhi ? Un autre enfant des Alpes-Maritimes, dont les propos ont été jugés « inquiétants », a été entendu il y a deux semaines, à la demande du parquet, par les gendarmes de la brigade de prévention de la délinquance juvénile à Cagnes.

La raison ? Une phrase écrite à la fin d'un devoir en classe de CM2 : «Je suis d'accord avec les terroristes d'avoir tué les journalistes, car ils se sont moqués de notre religion.»

Une rédaction qui a mené la fillette du banc de l'école primaire de Garbejaïre au bureau de la gendarmerie. De la feuille de classe au procès-verbal. À seulement 10 ans.

«C'est toujours inquiétant quand on a ce genre de propos», estime Georges Gutierrez, le procureur de la République de Grasse.

Au point que la justice s'en mêle ? «Tout le monde est sur le qui-vive. Elle peut reproduire un discours entendu chez elle. On a essayé de comprendre pourquoi elle a écrit tout ça...»

Et le procureur d'expliquer la procédure : «Les enseignants voient un comportement qu'ils estiment anormal, ils le signalent à leur hiérarchie. Et cette dernière prévient le parquet...»

Sauf que là, ce ne fut pas le cas. Si la directrice a bien prévenu ses supérieurs, c'est une employée municipale qui a alerté les gendarmes. «En son nom propre», précise le procureur. Déclenchant ainsi la convocation de l'enfant.

«Je ne suis pas persuadé que la réaction du personnel communal a été des plus heureuses,reconnaît le maire, Marc Daunis. Il y a des étapes à respecter.»

«Ce n'est pas explicable»

La fillette, «en compagnie de ses parents et d'un pédopsychiatre», a donc été entendue par les gendarmes. «Le travail mené par le procureur a été respectueux de l'enfant,assure Marc Daunis. Il a veillé à ce que le contexte ne soit pas traumatisant.»

Au sein de l'école, une réponse éducative a aussi été apportée.

«Il y a tout un travail de fond qui a été mis en place», souligne le maire. «Nous avons traité cet incident de manière pédagogique», renchérit le rectorat.Sans fournir plus de détails.Juste en affirmant : «L'élève a compris. Elle n'avait ensuite plus le même message.»

Un message qu'elle n'a pas su expliquer aux enquêteurs. «On ne sait pas pourquoi elle a écrit ça,confie Georges Gutierrez. Ce n'est pas explicable. Elle a été peut-être impressionnée par le contexte, qui l'a un peu perturbée. Ou elle est peut-être influençable - mais elle n'a pas subi de pression.»

Quoi qu'il en soit, l'enquête est désormais close. Classée sans suite. «Ce n'est pas une famille à problèmes. Nous n'avons rien vu d'anormal », confie le procureur, qui souffle : «C'est un non-événement...»

Un non-événement qui a quand même conduit une nouvelle fois un enfant dans des locaux de gendarmerie.