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Fritz Gerlich était journaliste lors de l'ascension d'Hitler au pouvoir. Il était célèbre pour ses critiques cinglantes du Führer. Un des épisodes les plus controversés fut sa publication d'un photomontage d'Hitler où ses traits faciaux étaient exagérés et où on le voyait bras dessus, bras dessous avec une femme noire.

Dans cet article, Fritz suggérait aux lecteurs d'appliquer la physiognomonie hitlérienne à Hitler lui-même et de se rendre compte alors qu'Hitler n'était vraiment pas aryen mais de sous-type mongoloïde. Cette insulte signa l'arrêt de mort de Fritz qui s'était systématiquement servi de la puissance de l'écriture pour combattre Hitler à chaque étape. Il fut arrêté et expédié à Dachau alors qu'il travaillait sur un autre article révélateur sur Hitler, puis tué un peu plus d'un an plus tard.

Gerlich est l'exemple type de ces nombreux journalistes qui furent menacés, frappés et assassinés pour avoir révélé la vérité. Le mal ne peut se dissimuler que dans l'obscurité. Si je porte ce morceau d'histoire à votre attention, cher lecteur, c'est parce que je souhaite parler d'autres journalistes des temps modernes qui furent tués dans des circonstances douteuses. Il semble que nous devions encore apprendre les leçons qu'on s'était promis de ne jamais oublie

Peu de temps après le Nouvel An, le vétéran de la guerre en Irak David Crowley, sa femme et leur fille de 5 ans furent retrouvés morts dans leur maison du Minnesota. David travaillait sur un documentaire, Gray State, critiquant l'état policier aux États-Unis. Ses amis et sa famille n'avaient observé aucun signe de détresse, leurs finances étaient bonnes et il n'y avait aucune explication évidente à cette tragédie, ce qui poussa certaines personnes à théoriser que la famille avait été « suicidée » par les pouvoirs en place. Il est vrai que de nos jours toute dénonciation réelle est improbable en raison de la nature et de l'intensité de la surveillance d'état, mais ça n'empêche pas les gens d'essayer.

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David Crowley (à gauche) et Fritz Gerlich (à droite)
Vous pouvez aussi vous souvenir de Michael Hastings. Ce journaliste pour Rolling Stone fut tué dans un « accident » de voiture en 2013. Hastings travaillait sur un article sur la CIA. Quelques heures avant sa mort, il avait contacté un avocat en lien avec Wikileaks car il avait découvert qu'il faisait l'objet d'une enquête du FBI. L'assassinat est une tactique bien trop courante des agences alphabétiques et depuis des décennies, elles sont capables de tuer quelqu'un et de mettre en scène les circonstances pour donner au meurtre l'apparence d'un suicide, d'un accident de voiture ou d'une crise cardiaque. C'est un peu plus subtil que les bottes militaires et les camps de concentration, mais cela revient au même.

En parlant de gens ressemblant étroitement aux malfrats en bottes, il y a eu cette semaine plusieurs cas extrêmes de flics se comportant comme des voyous nazis et s'en sortant sans encombre. Une jeune fille de 17 ans a été tuée par la police au Colorado parce qu'elle conduisait une voiture « volée ». Selon les témoins, la police s'est approchée du véhicule, a ouvert le feu sur Jessica qui a perdu le contrôle de la voiture et a écrasé un des policiers. Les policiers ont prétendu qu'elle avait commencé par les « agresser » avec le véhicule, les forçant à ouvrir le feu.
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© InconnuMichael Hastings et la scène de sa disparition explosive.
D'énormes divergences entre les déclarations des témoins et des policiers deviennent la norme. Jessica n'était pas une criminelle violente : c'était une adolescente qui, aux dires de tous, essayait d'améliorer la vie des gens autour d'elle. On ne sait toujours pas à qui appartenait le véhicule ou s'il avait été réellement volé. (Rappelez-vous, ce n'est pas parce que la police « informe » rapidement la presse que la personne qu'ils viennent de tuer était en train de commettre un crime, que c'est forcément le cas.)

, nous avons un policier du Missouri qui aurait drogué, frappé et violé ses victimes. Il a été viré de son département après une décennie de plaintes et que ses méfaits soient apparus au grand jour, mais devinez quoi - il a conservé sa licence de policier, ce qui veut dire qu'il peut être embauché par un autre département et continuer son règne de terreur. Aucune charge n'a été déposée contre lui.

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© FacebookJessica Hernandez, 17 ans, tuée par la police lundi dernier. Les témoins contestent la version de la police.
Au Royaume-Uni, les flics ne sont pas différents. L'officier Warren Luke vient d'être disculpé de tout méfait dans l'agression et le tabassage brutal d'une mère qui refusait de laisser sa fille, atteinte d'infirmité motrice cérébrale, seule à l'hôpital comme le lui demandait le personnel.

La violence n'était pas nécessaire, mais puisqu'elle fut employée par le policier « dans l'exercice de ses fonctions », il a reçu une tape sur la tête au lieu de charges criminelles et d'une peine de prison. Il a roué cette femme de coups de pieds et de coups de poing lorsqu'elle a refusé d'obéir à ses ordres. Elle a subi 40 lésions différentes, nécessitant de la chirurgie plastique, et est incapable de retourner au travail. Un des autres officiers présents a témoigné contre Luke, qualifiant de « tout simplement horrible » l'agression de cette femme.

Au Wisconsin, des officiers ont été missionnés pour rassembler au hasard des citoyens pour faire partie d'un jury. Ces citoyens ont en fait été kidnappés dans les rues et emmenés au tribunal. Sans surprise, le juge a ensuite déclaré « inapte » ce jury contraint et forcé et les a tous renvoyés. Personne n'a ne serait-ce que suggéré que ce qui avait eu lieu était mal.

En France, la folie semble s'être emparée de certains bureaucrates d'état avec l'arrestation d'un enfant de 14 ans pour « apologie du terrorisme ». Évidemment, le terrorisme est atroce et l'on ne doit pas en faire l'apologie. Mais tous ces enfants sont-ils réellement coupables des crimes dont on les accuse ? Un adolescent de 14 ans à qui l'on avait demandé de débattre sur l'attentat parisien avec le reste de sa classe a eu l'audace de suggérer qu'« ils [les tireurs, on présume] avaient raison ». Il a été arrêté et inculpé quelques jours plus tard malgré l'expression de ses remords d'avoir prononcé ces trois mots. Un autre enfant de 8 ans a été arrêté pour « apologie d'acte de terrorisme ».

Pendant ce temps, selon le Comité public contre la torture en Israël, Israël torture des enfants régulièrement, les garde enfermés dans des cages et dieu sait quoi d'autre. L'ONU a récemment connu sa toute première réunion sur la montée de l'antisémitisme. Par sémite, l'ONU fait référence aux juifs mais techniquement, beaucoup de juifs en Israël et partout dans le monde ne sont pas du tout sémites. Ils ont des gènes européens. Après les attentats parisiens, l'islamophobie ou le racisme à l'encontre des musulmans augmente en Europe, et une majorité de musulmans européens sont sémites, leurs ancêtres étant originaires du Moyen-Orient.

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© Stefan HuijboomNon, ils ne vont pas jouer au paintball. Ces gosses sont envoyés sur le front est en Ukraine pour tuer et être tués.
Récemment, il y a aussi eu la sortie d'American Sniper, un film qui attise carrément les flammes de l'islamophobie aux États-Unis, en rallumant la suspicion et la crainte populaires envers les musulmans. Dans cet article, un ancien Marine démonte le film et explique pourquoi c'est du mauvais cinéma. Chose intéressante, énormément de techniques de propagande utilisées contre les juifs à l'époque de l'Allemagne nazie semblent aujourd'hui être employées contre les musulmans : ils « refusent de s'intégrer », ils sont intolérants vis-à-vis des autres groupes et religions, et ne tolèrent pas d'être insultés sous couvert de la liberté d'expression. Ce sont là apparemment les raisons de qualifier une religion entière de « dangereuse ».

Pendant ce temps, en Ukraine, de vrais nazis appellent à l'extermination des « sous-races », de ceux qui pratiquent une « sexualité perverse » ou ont des tendances séparatistes. Ces mêmes nazis expédient au front des gamins de 16 ans dans l'Est de l'Ukraine pour servir de chair à canon.

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© Matt MolinariMatt Molinari (à gauche) et Eric Schnepf, élèves en terminale au lycée Bridgewater-Raritan, sont allés faire du porte-à-porte à Bound Brook pour distribuer des tracts proposant leur service pour déneiger les allées.
Au Mississippi, les législateurs proposent une loi qui autoriserait la police à rentrer chez vous sans mandat s'il y a un pitbull sur la propriété. Non seulement cela mais ils pourront abattre votre chien s'il n'est pas « sous contrôle approprié chez son propriétaire » ou si « des tentatives de capturer pacifiquement le chien ont été réalisées sans succès ». Il s'agit d'une violation flagrante du quatrième amendement qui protège les citoyens contre les fouilles et les saisies illégitimes, ainsi qu'un abus de pouvoir ridicule des autorités locales. C'est aussi ce que font couramment les flics depuis le 11 septembre, de toute façon.

En parlant de ridicule, voici une histoire qui se passe au New Jersey. Deux garçons de Bridgewater, saisis par l'esprit d'entreprise américain, ont décidé de se faire de l'argent facile lors de la récente tempête de neige en pelletant les allées des gens. Devinez quoi les gars - non sans payer au gouvernement les 450 $ du permis de démarchage pour 180 jours. Vous avez bien lu, il est illégal de faire du porte-à-porte pour offrir à vos voisins de déneiger leurs allées à moins de payer les droits pour le permis. Malheureusement, ce n'est pas le seul exemple de gosses qui se font couper dans leurs premiers élans capitalistes. Cela suit une tendance contre les gâteaux des scouts et les stands de limonade qui a balayé le pays.

Ça devient dingue par ici. Des fusillades à l'aveuglette qui semblent se produire quotidiennement aux menaces exagérées - qu'elles proviennent de la météo ou d'« extrémistes musulmans » — nous sommes sur une planète où le chaos bouillonnent sous la surface.


Commentaire : Premier article de cette série :

Holocauste 2.0 : Bientôt chez vous !