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© кiт-кaтн Halкeтт
C'est une belle brochette qui a été réunie lundi soir sur le plateau de l'émission C dans l'air consacrée aux « habits verts du président ». Une émission sobre et efficace à l'unisson de la COP21, parfaitement dans la ligne du parti. Un titre alternatif aurait pu être « Qui veut sauver la planète ? ». La production aurait aussi pu disposer des buzzers devant les invités, et désigner comme vainqueur celui qui aurait placé le plus souvent les mots « accord », « dév'dur' », « avenir de l'humanité », « nos enfants et nos petits enfants ». Inutile de dire que tous les invités pensaient qu'il était urgent d'agir sur le climat.

Dans le festival qu'a été cette émission, le jury exprime son admiration devant la tirade apocalyptique d'Yves Paccalet à partir de 22'40 (qui prophétise une « explosion de folie climatique » avec +10°C, voire plus par endroits), devant celle de Serge Lepeltier à 29'30 (très belle variation sur le rapport Stern), devant cette phrase-culte de Pierre Radanne (42'08) : « Le scénario catastrophe, c'est l'horreur », devant ce propos bien senti du même Radanne qui, juste après avoir courageusement affirmé que nos politiques vivaient encore au XXème siècle, s'est émerveillé de la bonne volonté des ministres avec lesquels il est en contact mensuel pour préparer la conférence Paris climat (à partir de 55′), et encore devant la réhabilitation de Malthus (carrément) par Yves Paccalet (à 1h01′). Accessit de groupe aussi aux quatre intervenants dans leur ensemble au moment d'une question sms qui demandait si la chaleur créée par le réchauffement climatique ne pouvait pas être utilisée comme source d'énergie. Pas un des quatre n'a su donner une réponse un tant soit peu cohérente du point de vue de la physique, ce qui permet de prendre toute la mesure de l'incompétence crasse de nos « élites » sur la question l'aptitude de nos bienveillants dirigeants à ne se focaliser que sur les questions sur lesquelles ils croient pouvoir pérorer qui en valent la peine.

L'émission a abordé un point important de propagande climatique, « faites le climat, pas la guerre », qui a aussi fait l'objet de deux percées par ailleurs : celle de Jean-Michel Valantin, dans l'édition québécoise du Huffington Post, et celle de Samuel Paulet dans Focusur, qui disent clairement les choses : maintenant, si on se fait la guerre, c'est aussi à cause du changement climatique. En Syrie, par exemple. Si, si. Demandez à Serge Lepeltier, il vous l'explique dans C dans l'air (à 48'40). Sans susciter d'objection, bien entendu.

Le vainqueur de la semaine 10

La galanterie l'emporte cette semaine, avec une splendide réalisation de Laurent Fabius. Conscient de l'importance qu'il y a à instrumentaliser relier tout événement un tant soit peu médiatisé au mot « climat », le ministre français des Affaires étrangères a choisi d'aller au plus simple avec la journée annuelle internationale de la femme, le 8 mars. Les questions d'éducation, de violence, de discrimination à l'embauche et autres accès aux soins gynécologiques étant à l'évidence un peu ringardes en ces temps de sauvetage de la planète, il était urgent de proclamer que la condition des femmes de par le monde était liée au changement climatique. La démonstration de notre ministre, publiée dans une tribune sur le site de RFI, contient notamment cet argument massue :
« Les femmes sont les premières victimes du dérèglement climatique, car les populations en situation de pauvreté, qui sont les plus vulnérables, supportent l'essentiel des conséquences. Or les femmes constituent 70% de la population pauvre au plan mondial. Elles sont et seront donc les premières touchées. »
On ignorait que le différentiel de pauvreté hommes/femmes tînt au climat. Heureusement, le signe magique % permet d'y croire. En effet, comme chacun devrait le savoir, un pourcentage est toujours pertinent. Surtout dans un discours où il s'agit de sauver le monde.