Le
21 mars aura lieu une marée dite «du siècle», qui se reproduit en fait tous les 18 ans environ, sur le littoral français mais aussi au Canada ou en Australie. Il s'agit d'un phénomène spectaculaire lié à l'horlogerie céleste.

«La marée est une manifestation de la loi de la gravité appliquée au système formé par la Terre, le Soleil et la Lune, explique Nicolas Pouvreau, spécialiste des marées au SHOM, l'établissement national expert en hydro-océanographie. La réponse de la mer à la force génératrice de la marée prend la forme d'une onde générée de manière diffuse à travers les océans.»

Tout commence par une onde

Cette onde se propage à une vitesse dépendant de la profondeur, se réfléchit sur les talus continentaux, générant des interférences qui renforcent ou atténuent l'ampleur de la marée.

En France, l'effet de la marée est accentué dans le golfe normand-breton pour deux raisons majeures: la présence de la presqu'île du Cotentin, sur laquelle rebondit la marée qui arrive de l'océan Atlantique, ajoutant ses effets à la marée incidente, ainsi que la faible profondeur des fonds marins (moins de 35 mètres).

Des vagues de la hauteur d'un immeuble de quatre étages

Si la prochaine «marée du siècle» aura lieu le 3 mars 2033, en 2015, plus de 40 jours ont connu ou connaîtront (1) des coefficients supérieurs à 100, dont 20 supérieurs à 110, alors que les coefficients de plus de 110 sont rares (moins de 2%). Mais ce 21 mars, le coefficient de marée sera de 119, soit le plus haut niveau jamais constaté, selon le SHOM.

Un coefficient de marée, compris entre 20 et 120, calculé par le SHOM, qui donne une indication du marnage attendu, c'est-à-dire de la différence de hauteur d'eau entre la pleine mer et la basse mer successive. Ainsi, la «marée du siècle» sera particulièrement visible sur les côtes normandes et bretonnes, notamment dans la baie du Mont Saint-Michel où le marnage devrait atteindre 14,5 mètres, soit plus qu'un immeuble de quatre étages.

Le 21 février 2015, on avait observé une marée de coefficient 117 sur le littoral Atlantique et de la Manche, qui n'avait pas fait de dégâts.

Cependant, le marnage maximal observé dans le monde se produira dans la baie de Fundy, au Canada, où il pourra atteindre jusqu'à 16 mètres. Le phénomène sera également très visible sur la côte Est de la Terre de Feu, ainsi que sur la côte nord de l'Australie et au Royaume-Uni, dans le canal de Bristol (plus de 14 mètres).

(1). D'autres marées spectaculaires, attirant de nombreux touristes sur les côtes, devraient ainsi se produire le 29 septembre (coefficient 117), après celle du 21 février (117).