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Nouveau revers financier pour les États-Unis. Alors que Washington redouble d' énergie pour critiquer l'initiative chinoise de donner naissance la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB), l'Australie vient d'annoncer dimanche qu'elle envisageait de rejoindre le projet. Elle a toutefois ajouté que l'établissement ne devait pas être gouvernée de manière unilatérale. Laissant ainsi montrer son accord de principe, mais émettant toutefois des réserves liées à ses craintes d'une suprématie chinoise trop pesante.

Rappelons qu'en octobre 2014, la Chine ainsi qu'une vingtaine d'autres pays ont signé un accord visant à la création de l'AIIB, avec pour capital initial une somme de 50 milliards de dollars. Objectif de l'institution : financer des travaux d'infrastructure en Asie.

La Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, l'Italie, la Suisse, la Russie, et plusieurs autres États européens ont d'ores et déjà annoncé leur intention de rejoindre l'AIIB. Selon le ministère chinois des Finances, l'Autriche a également demandé à participer, ce qui porte à 30 le nombre des pays fondateurs. Le Brésil, grand partenaire commercial de la Chine, a pour sa part annoncé vendredi qu'il acceptait d'en faire partie.

Le ministère chinois des Finances a parallèlement annoncé samedi que le Royaume-Uni et la Suisse avaient été officiellement acceptés comme membres fondateurs de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (AIIB). La date limite pour présenter sa candidature est fixée au 31 mars 2015.

A la mi-mars, médias et officiels chinois ont salué comme une éclatante victoire la décision de plusieurs pays européens, dont la France, de rejoindre la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures, tout en raillant l'opposition de Washington au projet. Emboîtant le pas au Royaume-Uni, Paris, Berlin et Rome venaient alors d'annoncer de concert leur intention de devenir des membres fondateurs potentiels de l'AIIB.

Mais tous comme les Européens, l'Australie compte bien pouvoir peser sur les négociations en cours entre les éventuels membres fondateurs en vue de préciser le mode de fonctionnement de la nouvelle banque de développement.

« Des progrès importants ont été réalisés en ce qui concerne la structure de la banque, sa gouvernance et la transparence ces derniers mois, mais il reste encore des questions en suspens dont nous discuterons lors de négociations », ont ainsi déclaré le Premier ministre australien, le ministre des Finances et la ministre des Affaires étrangères, Tony Abbott, Joe Hockey et Julie Bishop, dans un communiqué conjoint.

Avant que l'Australie n'envisage de rejoindre l'AIIB, les « principaux problèmes à résoudre » concernent, selon les termes mêmes du communiqué, « l'autorité du conseil d'administration de la banque sur ses décisions clés d'investissement et le fait qu'aucun pays ne doit contrôler la banque ». Le gouvernement australien devrait signer un protocole d'accord permettant à Canberra de participer aux négociations en tant que membre fondateur potentiel de l'AIIB.

Rappelons que Washington voit d'un très mauvais œil l'émergence d'une telle institution ... laquelle pourrait bien restreindre son influence sur la finance internationale, alors que les États-Unis contrôlent tant la Banque mondiale que la Banque asiatique de développement, cette dernière étant également sous la domination du Japon.

Le gouvernement américain redoute en effet en tout premier lieu la montée en puissance de l'influence chinoise en Asie. Mi-mars, le Secrétaire américain au Trésor Jacob Lew avait fait part mardi de ses préoccupations quant aux standards de gouvernance de la future institution, en particulier sur les aspects concernant les droits des travailleurs, l'environnement ou la corruption.