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© Flickr/CC/dasWebweibPremière abeille du printemps - 8 mars 2015
Un nouveau scandale autour des pesticides ? Selon le New Scientist, les résultats d'une étude menée il y a deux ans n'ont pas été correctement exploités. Ils auraient dû mener à l'interdiction des néonicotinoïdes, pas à leur maintien.

Les néonicotinoïdes déciment-ils les butineurs ? Le gouvernement britannique avait répondu non à cette question il y a deux ans, en se fondant sur une étude scientifique menée sur des bourdons (population semblable aux abeilles, mais plus facile à étudier). Mais, sciemment ou non, les données ont été mal interprétées, révèle aujourd'hui le New Scientist.

Selon l'hebdomadaire scientifique britannique, c'est "un nouveau scandale scientifique" qui pointe à l'horizon. Il concerne une étude citée il y a deux ans par le gouvernement britannique pour contrer l'interdiction temporaire de l'Union européenne sur trois pesticides accusés de nuire aux insectes butineurs en perturbant leur système nerveux.

"Erreur" d'interprétation

L'étude, menée par Helen Thompon, de l'Agence de recherche pour l'alimentation et l'environnement (Fera), n'avait trouvé "aucune corrélation claire" entre la présence résiduelle de pesticides et la santé des abeilles, et notamment le nombre de nouvelles reines.

Vraiment ? Ce n'est pas la conclusion qu'en tire Dave Coulson, de l'université du Sussex, à Brighton, qui vient de réexaminer les données et de publier un article dans la revue PeerJ. Pour lui, l'étude révèle que les bourdons sauvages présents sur les terres agricoles souffrent effectivement de l'exposition aux néonicotinoïdes : leur système nerveux est perturbé, ils sont plus sensibles aux autres facteurs de stress et sont désorientés dans leur recherche de pollen.

Malversation ou erreur de bonne foi ? Cela reste difficile à dire. "De telles erreurs d'interprétation arrivent dans les publications scientifiques. C'est rare, mais il y a eu des précédents", commente dans le New Scientist James Cresswell, spécialiste des abeilles à l'université d'Exeter.


Commentaire : On le comprend : il est si difficile de différencier le noir du blanc.


Un facteur parmi d'autres

Selon un rapport de l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) publié le 19 mars, près de 10 % des espèces d'abeilles sauvages sont en voie d'extinction en Europe. En France, le projet de loi relatif à la biodiversité adopté le 24 mars intègre un amendement parlementaire sur l'interdiction de quatre substances, dont les néonicotinoïdes.

Reste que les effets des pesticides ne sont pas si faciles à démontrer. La surmortalité des abeilles dépend de plusieurs facteurs, parmi lesquels les perturbations du climat, les virus, parasites et autres vecteurs d'épidémies, la disparition des ressources naturelles, et bien sûr, les pesticides, rappelle le magazine américain Wired.