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« Les méthodes du PS contre les candidats FN : Incendies, menaces de mort, agressions..Valls et ses SA en action. Heil Hollande ! »

C'est en ces termes que l'humoriste Jean Roucas a commenté la campagne électorale pour les cantonales, sur son compte Twitter. Il n'a fait que tourner en dérision les appels au "harcèlement démocratique" des responsables du PS à l'égard des militants du Front National. C'est-à-dire organiser la marginalisation sociale de ceux-ci par tous les moyens. C'est en tout cas ce que révèlent les nombreux cas d'agressions et d'intimidations à l'égard de candidats FN : insultes, voiture endommagée, maison aux murs tagués, licenciement, et même tabassage en règle etc.

Il ne s'agit pas de défendre et de commenter les prises de position du FN. Il est légal, donc il se présente aux élections. Point barre. Il suffit de voter contre ses candidats quand on souhaite le barrer, ou de militer par des tracts par exemple. Recourir aux violences physiques, sociales ou psychologiques, c'est faire entrer le débat public dans une autre dimension, celui de la guerre civile. On aura beau jeu alors de condamner les atteintes aux droits de l'homme en Russie, quand on fait de même en France. Pour info, je n'ai jamais rencontré de militant FN armé ou menaçant. Comme tout le monde, je prends ou je ne prends pas les tracts que l'on me tend dans la rue. Je les lis ou non, j'en partage ou pas le contenu, j'en discute avec mes proches : le B-A BA de la démocratie.

On n'imagine pas qu'un candidat PS ou UMP se fasse intimider dans la rue sans que la presse n'en fasse ses choux gras. S'il est désormais permis de taper sur les dissidents (du FN comme de l'extrême-gauche d'ailleurs), alors il n'y a plus de débat démocratique. On convainc les gens par des arguments, des opinions, des promesses électorales tenues ; pas en leur cognant dessus.

Jean Roucas a donc décidé de soutenir le FN. C'est son droit. Je ne suis pas fan de lui ni de ses prestations sur scène, le citoyen que je suis choisit ses artistes et ne se laisse pas imposer ce qu'il doit lire, écouter ou regarder : c'est aussi cela la démocratie. Roucas a le droit de vivre et de travailler. En théorie, car le directeur du théatre des deux ânes, Jacques Mailhot, a décidé de le virer (!) à cause de ce malheureux tweet. L'humour de droite n'a décidemment pas bonne presse. Les valeurs de "droite" non plus, il est vrai. On se référera au bouquin d'Eric Brunet être de droite en France, un sujet tabou qui explicite bien le problème.

Climat culturel très particulier que le nôtre, qu'on ne retrouve nulle part ailleurs pour qui voyage de par le monde. Seul l'humour pipi-caca ou la satire gauche bobo à la Nicolas Bedos semblent autorisés en France. Il est même quasiment impossible depuis les évènements de janvier de rappeler que la caricature satirique hexagonale relève plus du droit d'insulter et de ridiculiser les croyances et les opinions d'autrui que de plaisanter, sans qu'aucun échange ou débat ne soit possible, comme au bon vieux temps de la RDA...

Dieudonné vient d'ailleurs de proposer à Roucas de trouver refuge dans son antre de la main d'or. Triste époque où quelques paroles suffisent à marginaliser un artiste. On voit mal, en plus, où est la dérive du Tweet ? Au fait de comparer Hollande à Hitler ? D'autres l'ont bien fait avec Sarkozy ! Il voulait juste rappeler qu'appeler à combattre physiquement des opposants relève des régimes totalitaires, et les réactions disproportionnées des chiens de garde du pouvoir à sa sortie lui donnent raison.

Jean Roucas va devoir marcher en rasant les murs et en se méfiant des miliciens antifas qui risquent de lui tomber dessus pour le dérouiller ou le violer ; là je ne plaisante pas pour le coup. Il y a quelques temps reporters sans frontières publiait la carte mondiale des atteintes à la liberté d'expression : la France figure dans... le "jaune" (!), une honte pour un pays qui a promu la liberté de s'exprimer et de débattre.

Si l'extrêmisme est une menace réelle, de droite comme du gauche, il est le résultat de l'impopularité des gouvernements en place, de politiques antisociales et de l'abandon du petit peuple. Empêcher, en plus, les gens de parler et de plaisanter, c'est instaurer une dictature. Il est grand temps de réagir avant l'instauration du parti unique dans notre territoire...