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Vous la reconnaissez ? Pour celles et ceux qui vivent sur Mars, voici Kim Kardashian, une star de la téléréalité, aux États-Unis, donc ailleurs également. Elle n'a rien fait de spécial mais c'est une vraie leader d'opinion. Quand le président Hollande et les quelques trois cents députés socialistes français doivent arriver, tous ensemble, péniblement, à cinq ou dix millions de followers sur Twitter, Kardashian arrive à en avoir 30 millions.

Mais il se trouve que les lois françaises, ce sont les députés qui les font, pas Kim Kardashian. Et qu'ont décidé tout récemment nos députés (dont on rappellera qu'ils sont majoritairement des hommes de 50 ans minimum...) ? Ils viennent de créer un nouveau délit, puni d'un an d'emprisonnement et de 10.000 euros d'amende visant à réprimer l'incitation à la maigreur excessive, notamment de la part de sites internet pro-anorexie. Ce qui est drôle, c'est que dans le même temps, ils ont aussi interdit le Free Refill de sodas afin de lutter contre l'obésité.

Au même moment où, manifestement, les canons de beauté en vogue, non pas chez les quinquas mais les ados, changent pour s'aligner sur les formes de Kim Kardashian, assez loin de l'anorexie, les députés, au lieu de proposer des budgets en équilibre, le respect des critères de Maastricht ou la simplification du millefeuille administratif, préfèrent légiférer sur le poids des mannequins !

Ce faisant, en admettant que le sujet relève effectivement de la représentation nationale et non pas du libre choix des consommateurs, ils s'apprêtent à exclure du marché du travail de nombreux mannequins comme cette septuagénaire, Lauren Hutton, qui ont le tort de plaire à la presse féminine mainstream et aux vraies cibles de l'industrie de la mode, les quinquagénaires à fort pouvoir d'achat (et non pas les petites ados qui tentent vainement d'imiter certaines de leurs aînées).

Le plus drôle, ce sont les justifications de ces députés qui légifèrent sur tout et n'importe quoi. Olivier Véran, social-démocrate de gauche (PS), explique que son amendement anti-anorexie va permettre de protéger les mannequins en « sanctionnant les agences de façon sévère si jamais elles étaient amenées à provoquer un amaigrissement excessif et à mettre en danger les mannequins une fois qu'elles sont sous contrat ». Quant à Arnaud Richard, social-démocrate du centre (UDI), il explique aux manants qui auraient la malencontreuse idée de se désaltérer plus que de raison après une après-midi chez Ikea, que « c'est le rôle de la loi de fixer un cadre pour protéger la population contre une surenchère commerciale ».

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Ces députés vont-ils interdire à Carrefour/Leclerc/Auchan/SuperU de vendre des paquets de biscuits « un acheté/un offert » à des mannequins ? Proposent-ils de poser des perfusions de nutrition à l'entrée des écoles pour les anorexiques ? Vont-ils suggérer de faire apposer l'indice de masse corporelle sur les contrats de travail ? Ont-ils dans l'idée de rendre obligatoire pour tous les ménages français les suggestions de menus publiées par le ministère de la santé ? En un mot, jusqu'où ira l'intrusion dans la vie privée des gens ?

Notez tout de même une certaine cohérence dans le raisonnement de Véran et Richard, pour peu que l'on accepte certaines hypothèses. Si on part du principe que les consommateurs de soda ou les anorexiques font peser un coût trop élevé sur le système de santé publique et donc sur la Sécurité sociale, et qu'il est interdit ne serait-ce que d'évoquer la possibilité de sortir de la Sécurité sociale, alors cette immixtion des députés jusque dans nos assiettes est logique.

Voila exactement pourquoi on peut dire qu'il n'y a pas d'opposition, en France, aux principes socialistes et dirigistes qui président à l'action de la majorité actuelle. La « droite » n'envisage pas une seconde non plus que chacun puisse être responsable de soi, et que les consommations des enfants ne devraient relever que du seul choix des parents.

Que chacun gère lui-même son capital santé, qui dépend à la fois de son ADN et de ses choix de vie, en voila une idée ! Non, en social-démocratie, c'est l'État qui décide !