Depuis plusieurs années les habitants de Saint-Désirat, en Ardèche, combattent une espèce de fourmis très invasive. Originaire de Turquie, celle-ci a pour habitude de se réfugier dans les gaines électriques.


A Saint-Désirat, le retour des beaux jours est synonyme d'invasion de fourmis. Mais pas n'importe lesquelles. Depuis près de 20 ans, ce village d'Ardèche est confronté au développement d'une espèce invasive, relativement rare sur le territoire français, la Lasius neglectus. Ces dernières sont présentes constamment dans la commune mais se réfugient plus particulièrement dans les habitations quand les températures deviennent plus chaudes. Ces fourmis posent ainsi de nombreux problèmes aux près des 1000 habitants de cette commune.

«L'invasion s'est beaucoup développée ces cinq dernières années. Elles étaient surtout présentes dans des talus de terre au bord du village, mais avec l'été elles cherchent de plus en plus des endroits frais. Elles se réfugient donc dans les gaines et matériaux électriques des maisons», explique au Figaro Benoit Gauthier, maire du village. «Quand les fourmis rentrent dans ces gaines électriques, ça crée des courts-circuits. Elles se font alors électrocuter et pour se défendre produisent de l'acide formique. Cette substance fait tout rouiller, c'est un vrai problème», précise au Figaro Hervé Hours, président de l'association Saint-Désirat sans fourmis - créée en 2011 pour tenter de résoudre le problème.

«J'ai dû changer près de 4000 à 5000 euros de matériel électrique. On doit trouver une solution», déplore le président de l'association. Depuis plusieurs années, une équipe de chercheurs du Laboratoire d'Ecologie des Hydrosystèmes Naturels et Anthropisés (LEHNA) - de l'université Lyon 1 - étudie le problème. Dix-mille euros ont même été débloqués par le Conseil général de l'Ardèche afin de lutter contre la prolifération de cette fourmi.

Originaire de Turquie

La Lasius neglectus serait originaire de Turquie et plus précisément d'Anatolie. Il est donc étonnant qu'elle soit présente en France. «On pense qu'elle a été ramenée de manière involontaire, notamment via l'importation de bois, de terre ou de plantes par exemple», raconte au Figaro Jérôme Gippet, doctorant et membre du LEHNA. D'après les résultats du groupe d'étude, à Saint-Désirat la colonie s'étendrait sur près de vingt-cinq hectares.

«Ce sont des fourmis très invasives. Comme les colonies sont grandes elles s'emparent de nombreuses ressources. Il y a donc un impact néfaste sur d'autres insectes et espèces», explique Jérôme Gippet. Pour lutter contre ce problème, il n'existe, pour l'heure, pas de solution miracle. «On nous a conseillé d'appliquer aux abords des maisons différentes pates sucrées et poudres. Mais sans réel succès, elles reviennent toujours. On essaye donc des produits qu'utilisent les vignerons», confie le président de l'association. «Bernard Kaufman, l'homme qui supervise les recherches, nous a malheureusement dit qu'il était surement trop tard pour éradiquer complétement ces fourmis», conclut Hervé Hours.