Selon l'époux de l'hôtesse de l'air qui a été tuée avec l'ex-PDG de Total dans un crash d'avion à Moscou en octobre dernier, l'enquête révèle des incohérences.

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Les familles de trois des victimes (le pilote, le copilote et l'hôtesse) du crash qui avait aussi emporté l'ancien patron de Total Christophe de Margerie en Russie le 20 octobre dernier ont décidé de se porter partie civile pour faire la lumière sur les circonstances du drame, a révélé "Le Parisien" ce samedi 4 avril.

Ils expriment de sérieux doutes sur la thèse privilégiée par les autorités russes, à savoir un accident due à l'ivresse d'un conducteur de déneigeuse, dont l'engin, qui n'aurait pas dû se trouver sur la piste, a percuté l'avion lors du décollage.

Patrick Vervelle, l'époux de Ruslana, l'hôtesse de l'air tuée dans le Falcon, s'est notamment confié à "BFMTV".
"Plus j'y réfléchis, moins j'y crois", déclare-t-il."

Les incohérences

Pour Patrick Vervelle, le déroulé des événements présenté par la justice russe ne colle pas :

- Pourquoi un convoi de trois déneigeuses opère près des pistes ?
Il est minuit. Que font trois déneigeuses à minuit alors qu'il y avait 2 à 5 centimètre de neige sur Moscou ce week-end là ? Le pilote qui attendait derrière a déclarait qu'il ne neigeait pas, que la piste était mouillée par la pluie."
- Pourquoi Vladimir Martynenko, conducteur de la déneigeuse, s'est-il détaché du convoi ?
Il sait très bien en tant que déneigeur qu'on ne traverse pas une piste sans l'autorisation de son convoyeur ou de la tour de contrôle. Apparemment, il ne demande rien. Il traverse la piste, sans jeter un oeil à gauche ou à droite. Il revient sur la piste, il s'arrête."
- Comment croire qu'il était perdu alors qu'il travaillait sur le site depuis 10 ans ?
Il a assuré qu'il était perdu mais il n'y avait pas de brouillard, et il travaille à Vnoukovo depuis dix ans", déclare Patrick Vervelle au "Parisien". "La police a affirmé qu'il était ivre alors qu'il n'avait que 0,6 gramme d'alcool dans le sang."
- La cheminée télescopique était-elle relevée ?

Vladimir Martynenko coupe le contact, éteint les phares, descend de l'engin après l'avoir stoppé sur la trajectoire de l'avion "avec la cheminée télescopique relevée", souligne Patrick Vervelle, qui tiendrait ces informations d'un pilote ayant eu accès au rapport du BEA sur le crash. A 23 h 57, le jet de Christophe de Margerie s'élance. Au bout de dix secondes, le pilote aperçoit l'engin.

"Trop de zones d'ombre"

"C'est quoi ce truc ?" lance ce dernier, avant de pousser les gaz pour décoller le plus vite possible. Trop tard. Lancé à 248 km/h, le jet quitte le sol mais son aile droite remplie de kérosène heurte la roue avant de la déneigeuse. L'avion part en vrille et s'écrase, en feu, 300 mètres plus loin. Vladimir Martynenko sera retrouvé errant et hagard à proximité de la piste.

Mais tous les proches de victimes ne se sentent pas gagnés par l'hypothèse du complot. Contacté par "BFMTV", le père du pilote considère notamment que les propos de Patrick Vervelle relèvent du "n'importe quoi".

Ce dernier doit rencontrer à Moscou l'avocat du conducteur et le bureau d'enquêtes russe, qui évoque depuis le début une "négligence criminelle" des personnels de l'aéroport et du contrôle aérien.
Il y a beaucoup trop de zones d'ombre dans cette affaire", conclut-il.
A ce jour, la famille de Christophe de Margerie n'a elle pas porté plainte.