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C'est une histoire sans fin, qui dure depuis plus de 6 ans : les institutions européennes essaient par tous les moyens d'autoriser la culture et la commercialisation d'OGM à des populations et des gouvernements hostiles. Nouvelle étape hier avec l'autorisation de l'importation de 17 OGMs, sont 11 viennent de Monsanto...

Par la porte et la fenêtre

En mars 2009 déjà, la Commission Européenne avait utilisé une procédure ubuesque pour « contraindre deux pays à lever l'interdiction de cultiver le maïs génétiquement modifié MON 810 de Monsanto lors d'une réunion des ministres de l'environnement à Bruxelles ». Par la grâce des bizarreries anti-démocratiques de cette Europe, si les opposants avaient réuni moins de 255 voix sur 345, la Commission aurait imposé son jugement à celui de deux tiers des gouvernements démocratiquement élus ! Manque de chance, par 75% des voix, les ministres lui avaient alors opposé une fin de non recevoir. Depuis, le feuilleton continue, et Monsanto a également trouvé appui auprès de la Cour de Justice.

Dans ce nouvel épisode, « la Commission européenne a autorisé l'importation et la commercialisation de 17 OGM destinés à l'alimentation humaine ou animale (...) L'autorisation, qui prend effet immédiatement, vaudra pour dix ans ». Bien sûr, les États membres pourraient interdire malgré tout leur commercialisation, mais si et seulement si était adoptée une réforme présentée mercredi, permettant des interdictions pour « des motifs de politique agricole, d'aménagement du territoire ou des conséquences socio-économiques ». Outre le fait que cette possibilité soit encore totalement hypothétique, il faut noter que cela serait sans doute lié à l'interprétation de ces motifs par une Cour de Justice dont on connaît les penchants pro-OGM. Bref, à défaut de les produire, l'UE veut qu'on les consomme (à hauteur de 0,9% dans les produits Bio pour permettre l'utilisation de conteneurs ayant transporté des OGMs) !

Un immense scandale démocratique

La manière de faire de l'Union Européenne sur la question des OGM est proprement détestable. Voici plus de six ans que les citoyens disent qu'ils ne souhaitent ni en cultiver, ni en consommer. Les gouvernements suivent leur opinion publique et s'y opposent aussi presque partout. Mais dans les travers sournoisement anti-démocratiques de cette construction européenne, on peut marcher sur la tête de la démocratie et essayer d'imposer aux peuples européens et à leurs dirigeants la volonté des lobbys pro-OGM. Depuis plus de 6 ans, toutes les institutions européennes agissent de concert pour défendre les intérêts de Monsanto et ses séides. Aujourd'hui, puisqu'il est difficile de convaincre les peuples européens de cultiver les OGMs, l'UE semble se résoudre à permettre leurs importations en masse.

En février 2014, utilisant à nouveau les règles scandaleuses de la tour de Babel techno-autocratiques de l'UE, la Commission avait réussi à imposer la commercialisation d'un maïs OGM Pioneer contre l'avis de 19 États (dont la France et l'Italie) avec le soutien de seulement 5 (dont l'Espagne et le Royaume-Uni). Voici un sujet qui révèle tous les travers de cette construction. Nos pays européens ne manquent pas de nourriture. Nous n'avons pas besoin de produire plus. Cet empressement à permettre la culture et la consommation des OGM révèle à la fois la perméabilité aux intérêts privés et le caractère profondément antidémocratique d'une construction qui persiste à vouloir aller dans un sens qu'une très large majorité de citoyens refuse, y compris malgré l'opposition de la grande majorité des gouvernements.

Il est beau le futur que nous dessine l'Union Européenne : une technostructure dictatoriale et omnisciente qui prétend pouvoir imposer sa volonté, étrangement souvent alignée avec celle de l'argent, à celle des citoyens. L'UE, ce n'est ni le progrès, ni la démocratie.