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Chili : l'extrême-gauche chilienne réclame son dû

L'Amérique latine toute entière semble, depuis quelques jours, en effervescence contestataire. Au Chili, dans plusieurs grandes villes du pays, dont la capitale Santiago, des milliers d'étudiants et d'enseignants ont manifesté pour réclamer la réforme en profondeur du système éducatif qui avait été le pilier des promesses électorales de la socialiste Michelle Bachelet en 2013 et dans certaines villes, les rassemblements ont dégénéré au point même qu'à Valparaiso, deux étudiants ont été tués ce jeudi 14 mai 2015.

La mort de ces deux jeunes de 18 et 24 ans, dans la ville portuaire de Valparaiso, a plongé dans le deuil le mouvement de contestation mais leur a surtout donné deux martyrs. Les deux jeunes auraient été tués par balles par un civil, alors qu'ils étaient en train de coller des affiches sur les murs d'un immeuble. Valparaiso est une ville qui est aussi connue au Chili pour l'existence de groupes d'ultra-droite. Selon des témoins cités par l'Agence France-Presse, les coups de feu mortels auraient été tirés par un jeune homme de 22 ans vivant dans une bâtisse où les manifestants voulaient coller leurs affiches. Il a été arrêté. En fait, la Présidente socialiste qui occupe actuellement son deuxième mandat se retrouve face à sa promesse que nous avions ici-même jugé intenable de gratuité totale de l'enseignement secondaire et universitaire.

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Or Bachelet ne tient son siège que par le vote de sa coalition d'extrême-gauche (Parti Communiste chilien, mouvement Mapuche et mouvements estudiantins). Ces partenaires estiment que cela a trop traîné. La manifestation à Valparaiso s'inscrit dans un large mouvement de contestation alors qu'une récession économique commence à affecter le pays. De fait, à côté des étudiants, on trouve aussi les enseignants qui réclament pour leur part de meilleurs salaires. Les étudiants, y compris les lycéens réclament la gratuité totale des universités ainsi que le déblocage de fonds pour renforcer l'ensemble de l'éducation publique et gratuite, des institutions qu'ils jugent abandonnées par l'Etat depuis des années au bénéfice du privé et qui se retrouvent aujourd'hui, il est vrai, dans un état déplorable. De nombreux enseignants du public occupent de plus en plus d'autres emplois dans la journée et ne sont même pas présents dans leurs classes faute de salaires décents comme c'est souvent le cas au Pérou voisin. Le mouvement étudiant chilien a toujours été particulièrement violent, noyauté à la fois par les ultras gauchistes et les anarchistes. Ces mouvements sociaux interviennent en plus dans un moment d'extrême fragilité du pouvoir en place, puisqu'il y a quelques jours la Présidente a du former dans l'urgence un nouveau cabinet, le précédent gouvernement étant particulièrement affaibli par des scandales de corruption impliquant certains de ses proches.

Pérou : pour quelques extractions minières de plus

Au Pérou, ce sont aussi de très violentes manifestations qui ont opposé cette fin de semaine des mineurs à la police dans le Sud, très précisément à Arequipa et ce, à l'issue d'un rassemblement organisé contre le projet de construction d'une mine de cuivre. 36 personnes, dont 22 officiers de police, ont été blessées.

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Le président péruvien Ollanta Humala, nationaliste de gauche a pourtant exclu ce vendredi de suspendre le projet de mine de cuivre controversé tout en demandant à l'exploitant de la mine de chercher un compromis. En fait, ce projet, le projet Tia Maria n'a pas encore démarré. Depuis le début de sa présidence, le gouvernement Humala défend l'extraction minière dite « inclusive » avec redistribution de bénéfices sociaux dans les villages (voir l'affaire de la Mine Conga à Cajamarca au Nord du Pérou). Les manifestants d'Arequipa, ville de tradition rebelle sont eux-aussi d'extrême-gauche et ils contestent ce projet de mine de cuivre de 1,4 milliard de dollars, en estimant qu'il nuira à l'agriculture locale et à l'environnement. Mais les manifestants sont ici très souvent manipulés par des pouvoirs régionaux qui souvent corrompus font monter les dessous de table dans les négociations avec les multinationales minières avant l'ouverture de leur exploitation. '«Dans le cas de Tia Maria, le gouvernement ne défend pas des intérêts individuels ou ceux d'une entreprise en particulier, mais bien l'Etat de droit, la stabilité juridique, la cadre légal du pays et les conditions d'une bonne cohabitation», a tenu tout de même à préciser le président péruvien Ollanta Humala. L'exploitant Southern Perú, filiale de la compagnie mexicaine Southern Copper, a répondu dans un communiqué qu'elle appelait au calme et demandait une "pause" de deux mois pour "'socialiser' le projet et dissiper tous les doutes existants". Le Pérou est le deuxième producteur de cuivre et le cinquième producteur d'or de la planète. Son secteur minier est considéré comme l'un des plus dynamiques et surtout il est le pilier de toute sa croissance économique. Or c'est, quoiqu'en disent les manifestants, le secteur minier qui a permis le récent démarrage économique du pays et depuis dix ans, on doit reconnaître que les règles environnementales sont dans la plupart des cas respectées.

Au Brésil, ce sont les favelas qui explosent

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A Rio de Janeiro, les favelas sont descendues dans les rues ce week-end, suite au meurtre de deux jeunes à Rio. Les victimes auraient été poignardées. Leurs corps ont été retrouvés près d'un bidonville, mais les circonstances de leur mort restent à éclaircir sauf que pour la rue et les ''bidonvilles'', la police est le suspect numéro un. Plusieurs manifestations spontanées et très violentes ont donc eu lieu. Dans les quartiers quasiment en état de siège, la population est souvent prise en étau entre les luttes de territoire menées par les groupes de narcotrafiquants et la police très militarisée. En l'espace d'une semaine, les heurts ont déjà fait 12 morts. Pour apaiser les tensions, les autorités ont annoncé des "opérations d'envergure" pour "continuer à combattre le crime". De plus, la pacification des favelas est devenue pour le Brésil l'un des enjeux majeurs pour la ville de Rio, à l'approche des Jeux Olympiques qu'elle accueillera en 2016.

Au Guatemala, on réclame la démission du Président

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Ce samedi aussi, ce sont des milliers de manifestants qui sont descendus dans les rues de la capitale du Guatemala pour dénoncer la corruption du gouvernement et la démission du président Otto Perez Molina. Ici, curieusement, la marche a été organisée sur les réseaux sociaux sans tête dirigeante même si le mouvement a reçu l'appui de plusieurs intervenants des secteurs financier, religieux et éducatifs, notamment. L'homme d'affaires Geovanni Vasquez - mais n'aspire-t-il pas à la Présidence ? - a indiqué qu'il s'était joint aux manifestants parce qu'il se sentait «indigné» par la corruption des représentants du gouvernement. En fait, le président guatémaltèque a été ébranlé par un nouveau scandale, portant sur des millions de dollars reçus en pots-de-vin. Un système aux douanes aurait été organisé autour des importations. En fait, le Guatemala est déjà en campagne électorale, les élections présidentielles devant s'y dérouler cette année à l'automne.Comme souvent en Amérique latine, ces événements humains, trop humains se déroulent tandis que la grande Mère nature suit son cours : au Guatemala, le volcan Fuego crache de nouveau des cendres tandis qu'au Chili, depuis le 25 avril, c'est le redoutable volcan Calbuco qui s'est réveillé en crachant du feu.