Traduction : Dominique Muselet

Image
Les créanciers de la Grèce augmentent la pression sur le gouvernement grec à mesure que le jour du référendum annoncé par Alexis Tsipras approche. Après la fermeture des banques et le contrôle des capitaux, les créanciers tentent par tous les moyens d'ajourner l'expression du droit démocratique du peuple grec. Nous assistons à une nouvelle étape de la guerre de propagande féroce qui fait rage à l'intérieur et à l'extérieur de la Grèce, à propos du référendum.

Tsipras a pris ses créanciers par surprise en annonçant un référendum à très courte échéance et, de ce fait, la mécanique de propagande de la mafia financière fonctionne à plein régime et multiplie les scénarios terrifiants pour pousser le peuple à voter oui. Le décor de banques fermées joue le même rôle.

La propagande a deux objectifs. Le premier est de montrer au public que les créanciers sont de retour avec de nouvelles propositions en vue de parvenir à un accord avec le gouvernement grec. C'est clairement destiné à forcer celui-ci à renoncer au référendum, car ces propositions n'auraient aucun sens dans une situation différente.

Le second objectif est de subvertir la vraie question du référendum et de créer un faux dilemme. Les officiels européens et les politiciens grecs de l'opposition néo-libérale, ainsi que tous les médias mainstream privés, répètent à l'envi que le référendum ne porte pas sur les nouvelles mesures catastrophiques imposées par les créanciers. Il porte en réalité, selon eux, sur le maintien ou non de la Grèce dans la zone euro (ou même dans l'Europe) ! A ce faux dilemme, s'ajoutent les scénarios catastrophes de Grexit destinés à terrifier les gens pour qu'ils choisissent le oui.

Juncker est donc sorti de sa boîte pour faire une nouvelle proposition au gouvernement grec avant la date à laquelle la Grèce doit injecter sa prochaine dose au FMI, à savoir mercredi, à l'aube. Bien sûr, ce n'est qu'une tactique pour forcer Tsipras à revenir à la table des négociations. Tsipras, qui n'est pas si bête, a répondu de la même manière : il a fait une proposition dont il savait qu'elle serait probablement rejetée par les créanciers.

Les créanciers essaient d'empêcher le référendum parce qu'ils ne sont pas sûrs de pouvoir modifier l'opinion publique en si peu de temps, et Tsipras prend la tangente parce qu'il veut absolument que le référendum ait lieu.

Pourquoi les créanciers et les oligarques locaux veulent-ils empêcher les Grecs de recourir à ce processus démocratique ou, sinon, les pousser à voter oui ? Parce que si le peuple grec rejette les mesures d'austérité, surtout avec une large majorité, les créanciers se retrouveraient face à la volonté du peuple grec. Comment pourraient-ils ensuite ignorer la volonté des autres peuples européens?

Quoiqu'il en soit, si les représentants de la mafia financière décident de punir le peuple grec pour sa résistance afin d'envoyer le message aux autres peuples de la zone euro, ce sera probablement en cessant complètement d'alimenter les banques grecques en liquidités en utilisant le mécanisme ELA. Et ils ne pourraient rien faire de plus idiot. Le gouvernement de gauche grec considérera cela comme une vraie déclaration de guerre et Tsipras saisira l'occasion pour prendre le contrôle total du système bancaire, effacer la dette, et revenir à la monnaie nationale. Et voilà le vrai problème : à côté de l'impact qu'un tel développement aurait sur les marchés mondiaux, l'effondrement de Lehman Brothers aurait l'air d'une bagatelle.