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La Pologne et les Pays-Bas rassemblent leurs forces, avec l'objectif de contrer la soi-disant «propagande russe», après la déclaration du sénateur américain John McCain de faire de la propagande un point essentiel pour «gagner la guerre froide».

Une agence d'information polono-néerlandaise va offrir une chaîne de télévision, une radio et une plateforme en ligne, pour diffuser du contenu en russe à travers la Russie et l'Europe orientale. L'agence devrait commencer à fonctionner en 2016. les Pays-Bas et la Pologne espèrent entretemps être rejoints par les Etats-Unis.

Le projet «fournira les outils et donnera les moyens aux médias russophones de travailler en se basant sur des informations objectives [...] en échangeant sur différents point de vue», a dit Bert Koenders, le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas.

«La nouvelle agence d'information n'utilisera pas la langue de la propagande ou de l'agression, mais rapportera des informations réelles et précises», a annoncé le ministre polonais des Affaires étrangères Grzegorz Schetyna en ajoutant qu'une conférence des bailleurs des fonds se tiendra en septembre à Varsovie.

L'idée de créer une agence russophone provient de l'étude financée par les Pays-Bas sur la contre-propagande effectuée par le Fonds Européen pour la Démocratie (FEDEM). Le FEDEM a été fondé en octobre 2012 afin de soutenir les militants et organisations pour la démocratie en Europe orientale. En décembre 2014, l'organisation a décidé de s'étendre sur le marché en Russie.

En mai, elle a commandé la création d'une nouvelle plateforme d'information pour échanger des actualités entre les grands médias qui diffusent en russe et le lancement d'une «usine à contenu» ainsi que d'un centre de recherche qui va étudier le comportement des utilisateurs.

Une source à l'intérieur du projet, a dit à un observateur de l'UE que l'agence va se présenter comme une «usine à contenu», à la manière d'un BBC européen en quelque sorte. D'après la même publication, les services étrangers d'agences d'autres pays européens agissent depuis le mois de mars dernier pour contrer les «campagnes russes de désinformation».

Pour l'instant, des experts de République tchèque, du Danemark, d'Estonie, de Lettonie et du Royaume-Uni ont été embauchés pour conduire une nouvelle cellule du Service européen pour l'action extérieure, appelée East StratCom Team.

Dans une interview avec Carnegie Europe, Jerzy Pomianowski, le directeur exécutif du FEDEM, a indiqué que l'organisation travaillait avec une équipe de 90 experts et des représentants des médias pour analyser le public ciblé et «quel type d'information est nécessaire».

«Avec la subvention du gouvernement néerlandais, nous avons lancé une étude de faisabilité sur les initiatives des médias russophones». Il s'agit de fournir des «alternatives en russe» pour les téléspectateurs russes, a expliqué Pomianowski en mars.

Entretemps, le sénateur américain John McCain a encore une fois appelé Washington et le Broadcasting Board of Governors (BBG) à renforcer leurs efforts pour s'opposer à la communication russe. En juin dernier, le sénateur a coparrainé un projet de loi demandant 728,2 millions de dollars de financement pour que le BBG mène ses campagnes internationales de communication. Ce qui s'ajoute à la requête de 15,4 millions de dollars exigés en avril pour élargir les programmes russophones.

«J'aime bien notre équipe à Prague, Radio Free Europe et tout ça, mais nous devons aller plus loin. Nous devons nous mettre au goût du jour et comprendre qu'il s'agit d'une mission de fidélité et de vérité. Et nous devrons faire beaucoup plus», a dit McCain au cours d'un discours à Hudson Institute. Il a également souligné que les médias russes peuvent être contrés seulement par le recours à la propagande, ce qui a déjà été fait lors de la guerre froide. «Le point clé qui permet de remporter la victoire dans la guerre froide sans faire couler le sang, c'est la propagande».

Le ministère russe des Affaires étrangères a critiqué les initiatives de l'UE de lancer une guerre de l'information visant la soi-disant «propagande russe». Selon le ministère, une telle initiative a pour objectif «d'isoler la présence russe sur l'arène internationale des médias».

Le mois dernier, on a rapporté que l'UE avait élaboré un plan visant à contrer «les activités russes de désinformation», en promouvant les politiques de l'UE dans les pays de l'espace post-soviétique et l'application de mesures contre les médias russes, y compris RT.