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© Inconnu
Le lait et les produits laitiers poison plutôt que potion ?

C'est maintenant un fait, les produits laitiers soulèvent de plus en plus de méfiance de la part des consommateurs avec une baisse de la consommation qui est constatée régulièrement. J'ai eu l'occasion de passer au journal de 20h de France 2 à ce sujet, les polémiques qui touchent la sacro-sainte potion blanche se répandent comme une traînée de poudre. Certains sociologues et médecins payés par l'industrie laitière nous diront que ce ne sont que des rumeurs ou des affabulations, principalement avancées par des gourous en quête de reconnaissance ou d'argent... Et pourtant.

Dès lors que l'on se questionne sur les effets d'un arrêt des produits laitiers, les témoignages positifs fusent, abondent et inondent les réseaux sociaux, les forums, les sites spécialisés et même les cabinets médicaux. Mais heureusement que l'industrie laitière veille au grain. Cette méga-industrie française ne souhaite absolument pas que les ventes de produits laitiers baissent. Le lait, il faut en boire ! Et si les instances officielles peuvent vous recommander de boire 2 litres de lait par jour, et bien ça fait les affaires de l'industrie !

L'industrie laitière organise donc depuis des années un contre-pouvoir scientifique et médiatique pour faire asseoir la consommation de produits laitiers pour tous, tous les jours, à tous les repas et à toutes les sauces. Pour ce faire, l'industrie s'est dotée d'un organisme spécialisée, d'un sous-marin plutôt... j'ai nommé le Cerin.

Le très sérieux Centre de recherche et d'information nutritionnelles

Ce nom très sérieux et très général pourrait tous vous induire en erreur, et pour cause ! Qui pourrait se douter que derrière ce « centre » aux allures d'organisme public pourrait en réalité se cacher une émanation directe de l'industrie laitière, un rejeton de la Maison du lait ! Le Cerin se décrit officiellement sur son site internet comme « le département santé de l'interprofession des produits laitiers ». D'après eux, l'organisme aurait pour mission de « délivrer aux professionnels de santé et de santé publique, ainsi qu'aux journalistes une information nutritionnelle complète et validée, sur le lait et les produits laitiers [...] ».

Mais pas uniquement... Le sel, les fruits et les légumes, bref, le Cerin touche un peu à tout et cherche quelque part à noyer le poisson pour faire passer des messages pas très scientifiques, sur des problématiques ô combien économique... Car oui, il faut en être conscient, le Cerin est une création du CNIEL, le Centre national interprofessionnel de l'économie laitière. Le Cniel, ou la Maison du lait ou la puissante industrie laitière, n'est animé que par un seul but : nous faire consommer toujours plus de produits laitiers. L'une des missions avouées sur la Maison du lait est de « promouvoir collectivement le lait les produits laitiers », sans déconner !

Le but de cette promotion ? « Contribuer au développement des ventes » ! Pire encore, l'industrie laitière veut maîtriser les agressions contre la potion magique blanchs, et « anticiper les attaques contre le secteur, attendez la suite, et y répondre en s'appuyant sur une expertise scientifique incontestable ». Rien que ça ! Incontestable ! Pour se faire, c'est le Cerin qui doit faire le sale boulot : affronter les anti-laits, les gourous, et les blogueurs comme moi.

L'un des nutritionnistes engagés par le Cerin, Grégoire Weber, participe à la diffusion de la bonne parole de l'industrie laitière sous couvert d'étude scientifique. Ce nutritionniste me connait bien, ne m'aime probablement pas, mais nos joutes verbales rendent le débat intéressant, surtout quand on pousse l'industrie dans ses derniers retranchements.

Heureusement que l'ANSES est là...

Sur ma page Facebook, M. Weber est venu personnellement défendre les intérêts et les positions du Cerin, n'hésitant pas à qualifier mon travail d'enquête « d'amateur » qui serait plus « journalistique que scientifique ». Soit, j'accepte. Je ne cache à personne que je suis très loin d'être un professionnel de la nutrition, et sur ce point, M. Weber me bat à plat de couture puisqu'il est me semble-t-il un diététicien nutritionniste. Weber insiste sur le fait que je réalise une sorte de « storytelling », selon ses propos, où je raconterais une histoire grâce à quelques études piochées par-ci par-là, et qui iraient bien sûr dans mon sens. Weber n'hésite pas pour citer la fameuse Anses, dont l'industrie laitière s'appuie beaucoup, et qui plaide en faveur d'une consommation élevée de produits laitiers. On en revient donc toujours aux instances officielles, car quand je dénonce le choix des publications scientifiques médiocres ou complètement farfelues utilisées par le Cerin, on me répond « mais l'Anses a dit que... »

L'Anses... ce collège d'experts qui émettraient le « plus haut de niveau de preuve scientifique » selon le nutritionniste du Cerin ? Ce même collège d'experts que j'inspecte régulièrement afin de faire le point sur les conflits d'intérêts. Ce même collège d'expert, qui en 2012, était composé de 33 experts en nutrition humaine dont 26 possédaient des liens avec l'industrie laitière !
J'ai réalisé ce même travail en 2014, et sur la base de toutes les déclarations publiques des experts, le résultat était le même : plus de 80% des experts sont en situation de conflits d'intérêts avec l'industrie.
Peut-on faire confiance à l'Anses les yeux fermés sur la question des produits laitiers ? Probablement pas. Lanutrition.fr, un site alternatif et très documenté en santé, interpellait à ce propos les internautes sur un rapport édifiant de l'Anses qui pointaient les risques des jus végétaux pour les bébés, sans mentionner le lait de vache !

La propagande laitière

Alors je pense que l'industrie laitière ne s'arrêtera pas de sitôt de faire la promotion des produits laitiers et d'encourager des rythmes de consommation excessifs. C'est après tout la mission avouée de la Maison du lait, et de son petit rejeton le Cerin. Mais si l'industrie laitière organise des congrès, des émissions et des débats du niveau scientifique de « Parlons Nutrition », alors elle pourra être sûre de lire dans les jours qui suivent des articles un peu durs à avaler.