Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

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La crise grecque a donné l'impulsion au processus centrifuge en cours dans l'Union européenne. Il y a un fort sentiment sécessionniste. Les intérêts nationaux en arrivent à être plus importants que les valeurs de l'Europe unie... On dirait que l'Europe est prise dans une vague de référendums aux résultats imprévisibles. Outre la Grande-Bretagne, l'Autriche et la Finlande, l'euroscepticisme monte aussi dans d'autres pays membres de l'UE.

Le Premier ministre britannique David Cameron organisera le référendum sur le maintien ou la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne en juin de l'année prochaine et l'annonce de la date à brève échéance constituera la pièce maîtresse de son adresse annuelle à son parti en octobre prochain, selon The Independent.

La législation passera par le Parlement. Après avoir remporté l'élection en mai 2015, David Cameron a promis de revoir les termes et les conditions de l'adhésion du Royaume-Uni à l'UE si cette dernière ne changeait pas sa politique d'immigration. Après cela, la Commission européenne a introduit de nouveaux quotas pour les demandeurs d'asile.

George Osborn, chancelier de l'Échiquier et Second Lord au Trésor, a tenté de retarder le référendum, mais David Cameron a décidé que 2016 était la date la plus propice pour le tenir. Selon lui, cela réduira les risques économiques liés à un retrait éventuel de l'Union européenne. Les Britanniques ne souhaitent apparemment pas payer pour permettre à la Grèce de rester dans l'Union, ni pour soutenir les immigrants.

Selon le Guardian, un groupe d'experts de la Banque d'Angleterre a été formé pour étudier les pertes possibles dont le Royaume-Uni pourrait souffrir dans le cas où le pays quitterait l'UE. Le fait même de l'existence de ce groupe a émergé à la suite d'une fuite. Selon une enquête Gallup réalisée à la fin de 2014, la majorité des citoyens du Royaume-Uni approuvent l'idée de sortir de l'Union européenne.

L'Autriche envisage aussi la possibilité de renoncer à son statut de membre de l'UE, 261 159 Autrichiens ont signé une pétition appelant à une sortie du pays de l'Union. Ils représentent 4.12 % de l'électorat. Maintenant, le Parlement autrichien doit discuter d'un référendum sur cette question. Le seuil pour appeler à un débat sur un éventuel référendum est de 100 000 signatures. L'auteur de cette pétition est une retraitée de 66 ans - Inge Roscher, qui travaillait auparavant comme traductrice et qui, depuis que l'Autriche a rejoint l'UE, a protesté contre une telle alliance. Elle a lancé une pétition similaire en 2000. Celle-ci avait été signée par 3.35 % de l'électorat.

La Finlande examine des scénarios possibles de sortie de l'Eurozone dans le contexte de la crise grecque, a déclaré le Secrétaire général de l'Alliance politique européenne des eurosceptiques EUD (Europeans United for Democracy) Richard Bifelt au magazine en ligne Deutsche Wirtschafts Nachrichten. Dans le contexte de la situation en Grèce, de nombreux politiciens finnois croient que le pays ne fait pas partie du club. Par club, Bifelt entend l'Eurozone.

Le 23 juillet, la radio finlandaise yle.fi a rapporté qu'une initiative citoyenne veut déterminer si la Finlande désire continuer à faire partie de l'Eurozone. L'initiative a recueilli plus de 30 000 signatures en six jours seulement. Si l'appel à un référendum rassemble au moins 50 000 signatures, la motion devra être adressée au Parlement, selon la loi finlandaise. Le politicien finnois vétéran du Parlement européen Paavo Väyrynen, du Parti du centre, qui a lancé une pétition d'initiative citoyenne, dit qu'il est heureux que tant de signatures aient été récoltées dans un laps de temps si court. Il veut que l'information soit diffusée. Selon lui, le statut de membre de la Finlande est débattu intensivement et une discussion ouverte est bienvenue pour permettre à des gens d'opinions différentes de partager leurs points de vue.

L'Europe est prise dans une vague de référendums aux résultats imprévisibles. Dans de nombreux pays, l'euroscepticisme gagne le soutien populaire. Par exemple, Marine Le Pen, dirigeante du parti nationaliste Front national, a promis de tenir un référendum sur la possible sortie de la France de l'Union européenne si elle est élue à la présidence en 2017.

Geert Wilders, le chef du parti néerlandais d'extrême droite, le Freedom Party (PVV - Partij voor de Vrijheid), croit que la sortie de l'Union européenne serait une bonne chose pour son pays. Selon lui, c'est la seule manière de créer de nouveaux emplois et de générer de la croissance économique. Wilders croit qu'on ne devrait pas demander aux Pays-Bas de mettre en œuvre la politique pernicieuse de la Commission européenne pour satisfaire aux standards européens. « Nous voulons décider de la manière dont nous contrôlons nos frontières, notre argent, notre économie, notre monnaie », dit-il, sous-entendant que le contrôle sur ces choses a été retiré par l'Union européenne.

Pier Carlo Padoan, le ministre italien de l'Économie et des Finances, a averti Bruxelles que presque n'importe quel pays pourrait quitter l'Union. Malgré le soulagement, à Rome, qu'un accord a finalement été atteint, évitant la sortie de la Grèce, Mr. Padoan soutient que cela devrait être vu comme un moment décisif pour le continent. La crise a mis en lumière l'impact dramatique du mécontentement à l'égard de l'Europe, à la fois en Grèce et dans toute l'Europe, a-t-il dit. « Dans un avenir proche, il pourrait y avoir des gouvernements basés sur des majorités qui sont mécontentes de l'Europe et qui par conséquent pourraient demander que chaque pays puisse quitter l'Eurozone, pas seulement parce qu'ils sont dans une situation désespérée comme la Grèce, mais parce qu'ils pensent que c'est une solution plus viable pour leurs problèmes », a déclaré le ministre au Financial Times.

L'Europe est en train de changer, juste sous nos yeux.