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© Inconnu
Le cœur du système capitaliste mondialisé se trouve dans les États-Unis d'Amérique. Il se développe et assure son expansion grâce à des interventions directes et indirectes dans l'ensemble mondial. Ce système exerce sur tous les peuples un contrôle de leur existence et de leur destinée. Il accable l'état d'être de milliards d'habitants et ce dans toutes les régions du monde. Est-il possible, dans ce contexte, de concevoir, dans le but de contrer ce processus, un mouvement mondial en faveur du confinement des États-Unis ? Que faudrait-il faire pour que cette entreprise prenne forme de façon concertée à l'échelle planétaire ?

Il semble que jusqu'à maintenant il ait été difficile de penser qu'il soit possible de neutraliser la puissance des Étasuniens en raison de leur présence militaire hégémonique sur tous les continents et les océans . En outre, la grande puissance de l'OTAN sur laquelle se fondent désormais leurs projets d'intervention s'avère un obstacle quasi insurmontable. Le contrôle des communications et de l'information qu'ils exercent constitue un autre rempart devant toute tentative d'isolement de cet État de même qu'il est difficile de contrer les efforts qu'ils déploient pour contraindre les peuples à faire la guerre les uns contre les autres, ce qui leur permet de s'assurer d'un marché mondial lucratif pour leurs armements.

L'ingérence des États-Unis dans tous les secteurs de la vie politique et économiques des 192 pays de la planète a assez duré. Des signes indicateurs très clairs démontrent que les peuples en ont assez depuis longtemps, assez du pillage de leurs ressources, de leurs actions guerrières continues et de leur recherche incessante d'un pouvoir hégémonique sur l'ensemble du monde.

Nous assistons depuis quelques années à une myriade de protestations et de manifestations contre les interventions des États-Unis dans le monde. Leur politique étrangère agressive entraîne un courant de rejet de cet « empire ». Partout, les slogans « Yankees go home! »« Gringos afuera! » se font entendre de plus en plus fort et, notamment en Amérique latine, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie centrale. Les dommages considérables que les États-Unis causent à l'environnement mondial et à l'humanité sont difficiles à évaluer, mais certains indicateurs méritent une attention toute spéciale. Ceux-ci sont observés surtout dans les domaines de la sécurité, de l'économie et du commerce. Ils ne cessent de promouvoir l'expansion de leurs intérêts dans toutes les régions où ils trouvent les ressources stratégiques nécessaires à cette expansion et, en particulier, les ressources énergétiques. Leur domination s'intensifie en dépit des nombreuses manifestations de résistance des peuples. Ils livrent une guerre sans merci contre tous ceux qui essayent de contrecarrer le processus d'implantation de leurs capacités d'extraction de matières premières, de production et de distribution ( J. Dufour, L'aube du XXIème siècle. Plus d'armements. Plus de guerres. La spirale de la terreur et de la mort se poursuit, 2 avril 2015).

Quelle est la mesure de la puissance militaire des États-Unis aujourd'hui ? Quel est le portrait des forces, des bases militaires et des armements nucléaires déployés présentement par les Étasuniens dans le monde tant sur les continents que sur les océans et les mers ? Nous avons tenté de répondre à ces questions dans cet article consacré à l'analyse de la puissance militaire des États-Unis. Ici, nous posons la question suivante : Dans quelle mesure cette puissance se trouve de plus en plus confinée sur les plans diplomatique et économique ? Plusieurs faits marquants, au cours des dernières années, nous indiquent que les peuples du monde se dressent contre le caractère hégémonique des États-Unis et que la thèse d'un monde bipolaire voire multipolaire prend de plus en plus d'ampleur. C'est à cette question que cet article tentera de répondre : quelle est la nature et l'ampleur de la résistance des peuples face à l'omniprésence des États-Unis ?

Les protestations, la résistance et les tentatives de confinement ou d'isolement des USA manifestées un peu partout dans le monde. Quelques cas observés.

Selon Michael Payne, « Ce n'est pas un secret pour personne que les États-Unis ne sont certainement pas le pays le plus aimé dans le monde en raison de la longue histoire des actions militaires très agressives de leur gouvernement ainsi que leur ingérence dans les affaires internes d'innombrables nations. Mais ce que nous voyons aujourd'hui est qu'un nombre croissant de pays se tournent contre les États-Unis et en prenant diverses mesures pour se débarrasser de leur présence et de leur influence » (America's Control Over the World Is Rapidly Eroding, Nation of Change, 3 mai 2015).

Depuis le début du siècle de nombreuses manifestations de protestations et de résistance se sont produites à travers le monde à l'encontre des États-Unis. La guerre en Irak a provoqué un tollé général. En 2012, un film américain anti-islam, l'innocence des musulmans, a entraîné une vague de colère dans l'ensemble du monde musulman. La ville de Benghazi, en Libye, bastion de la révolution libyenne, a été le théâtre en 2013 de plusieurs attentats et attaques contre les services de sécurité et des intérêts de pays occidentaux .

I. La résistance s'organise en Amérique latine, en Afrique et en Asie

La résistance à l'emprise des États-Unis dans le monde s'est peu à peu organisée depuis le début du siècle. La création de l'ALBA en 2005 a été un coup d'envoi décisif en Amérique latine. Puis, une série d'ententes de coopération excluant les États-Unis ont été paraphé : l'entente Russie-Chine sur les transactions financières liées au pétrole, l'entente Russie - Iran concernant la défense, la création de la Bancosur, de celle des BRICS et de la Banque africaine de développement.

La création de l'ALBA a été un fait marquant au cours de la période. Cette Alliance latino-américaine anti-impérialiste allait dorénavant bousculer la donne géopolitique de l'Amérique latine et faire naître beaucoup d'espoir dans le processus de libération des peuples de cette région du monde.

Des manifestations imposantes contre la présence des États-Unis ont eu lieu dans plusieurs capitales mondiales. Les alertes à la bombe et les attentats contre les ambassades se sont multipliés.

- 2003 - Les manifestations contre la guerre en Irak :

En février et mars 2003, de grandes manifestations ont eu lieu contre l'intervention de la coalition internationale qui, sous l'égide de l'USCENTCOM, a mené à la guerre d'Irak. Le 15 février 2003 la plus importante manifestation mondiale enregistrée à ce jour a eu lieu. Plusieurs millions de personnes ont manifesté dans plus de 600 villes autour de la planète, avec par exemple : 1 à 3 millions de personnes à Rome, Italie, 1,3 million de personnes à Barcelone, Espagne, 750 000 à 2 millions de personnes à Londres, Royaume-Uni, 660 000 personnes à Madrid, Espagne, d'après des estimations policières.

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© WikipediaProtestation à Washington, D.C. contre la guerre, le 15 mars 2003
- 2004 - Troisième Forum social européen. Bush rassemble tout le monde... contre lui : aux termes du troisième Forum social européen s'étant terminé le 17 octobre 2004, une grande manifestation contre la guerre en Irak s'est tenue à Londres avec la participation de plus de 75 000 personnes marchant entre Russell Square et Trafalgar Square. Les slogans de cette démonstration : Des portraits de Bush avec la mention « terroriste numéro un dans le monde » et des pancartes proclamant, entre autres, « Bush dehors » (Journal le Devoir, le 18 octobre 2004, p. A4).

- 2005 - La création de l'ALBA. Une plateforme politique : L'ALBA est un projet de collaboration et de complémentarité politique, sociale et économique entre certains pays d'Amérique latine et des Caraïbes, au point de départ promu par Cuba et le Venezuela en contrepartie à la ZLEA (Zone de libres échanges des Amériques), promue par les États-Unis.

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ALBA
L'ALBA est officiellement née à La Havane, en avril 2005, par la signature d'un Traité commercial des peuples (TCP) entre le Venezuela et Cuba. Le but du traité est d'échanger des services médicaux cubains contre du pétrole vénézuélien. Le TCP est signé une année plus tard, le 29 avril 2006, par Evo Morales, le président de la Bolivie (Leftist trio seals Americas pact [archive] - BBC News, 29 avril 2006), quelques jours avant que ce dernier annonce sa volonté de nationaliser les hydrocarbures. Les trois chefs d'États (Cuba, Venezuela et Bolivie) s'engagent à lutter contre l'analphabétisme et le chômage, tandis que Cuba s'engage à prendre en charge les soins ophtalmiques des Boliviens qui ne pouvaient s'offrir ces traitements (Leftist trio seals Americas pact [archive] - BBC News, 29 avril 2006).

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© wikipediaLes membres de l’ALBA
- Le 16 janvier 2007, les nouveaux présidents des Républiques du Nicaragua (Daniel Ortega) et d'Équateur (Rafael Correa) ont annoncé de concert leur intention de participer à l'ALBA. Le Nicaragua a depuis rejoint l'ALBA, mais l'Équateur a fait part, en juin 2008, de sa décision de ne pas intégrer l'organisation (Dépêche de la Prensa Latina, Dominca Joins ALBA Revolution [archive], 22.01.2008, consultée en septembre 2008). Rafael Correa avait posé comme précondition à l'intégration de son pays que Caracas rejoigne la Communauté andine des Nations, organisation que le Venezuela avait quittée en 2006 suite à la signature d'accords de libre-échange entre les États-Unis, la Colombie et le Pérou.

- En janvier 2008, la Dominique rejoint l'ALBA (Dépêche de la Prensa Latina, Dominca Joins ALBA Revolution [archive], 22.01.2008, consultée en septembre 2008).

- Le 25 août 2008, le président du Honduras Manuel Zelaya signe un accord pour que son pays rejoigne l'ALBA (Dépêche de l'Associated Press, Honduran leader: US apathy made him turn to Chavez [archive], 19.09.2008, consulté en septembre 2008), en présence de plusieurs chefs de gouvernement de pays membres, dont Hugo Chávez et Evo Morales. Cet allié traditionnel des États-Unis l'a fait contre la promesse de Chavez de souscrire à 100 millions de dollars d'émissions obligataires du gouvernement, 30 millions de dollars de prêts supplémentaires et des fournitures de matériel agricole ou électrique. La décision a été très mal accueillie au Honduras, avec une très forte baisse de popularité du président (Zelaya plays the Chávez card [archive] - The Economist, 30 octobre 2008). L'exécutif s'est en outre distancé de la posture antiaméricaine de Chavez, revendiquant par la voix d'un conseiller son « non-alignement » (J. Dufour, Le coup d'État au Honduras : un autre épisode des guerres impériales en Amérique latine, 27 juillet 2009).

- En avril 2009, Saint-Vincent-et-les-Grenadines rejoint l'organisation, lors du sommet extraordinaire des chefs d'état et de gouvernement de l'ALBA à Cumaná. Puis c'est Antigua-et-Barbuda qui se joint pleinement à son tour en juin de la même année.

- L'Équateur décide enfin de rejoindre l'alliance en juin 2009. Le président équatorien, Rafael Correa, a ratifié publiquement cette adhésion, le 24 juin 2009, durant le 6e sommet extraordinaire de l'ALBA que le groupe a tenu au Venezuela (Telesur - Ecuador, Antigua y Barbuda y San Vicente y las Granadinas se adhieren a la ALBA [archive]). Lors de ce sommet, l'Équateur, Saint-Vincent et les Grenadines, et Antigua et Barbuda formalisent totalement leur adhésion. Parallèlement, l'ALBA change de nom et devient l'Alliance bolivarienne des Peuples d'Amérique. Le président vénézuélien Hugo Chavez a précisé qu'il s'agit d'un changement de sens et de fond, pas seulement de forme. Il a aussi affirmé que désormais, « l'ALBA n'est plus une proposition théorique mais une plateforme politique » (ALBA pasa a ser Alianza Bolivariana de los Pueblos de América [archive]).

Les principales prises de position géopolitiques des membres de l'ALBA y compris une lutte constante et ouverte contre l'impérialisme, sont le soutien à la République bolivarienne du Venezuela contre les sanctions des États-Unis, la revendication argentine des Îles Malouines, la fin de l'embargo des États-Unis contre Cuba, l'appui à l'indépendance de Porto Rico et le support de la Bolivie dans sa revendication maritime avec le Chili.

2012 - La colère dans le monde musulman

Les manifestations en représailles à un film américain anti-islam, jugé blasphématoire, se sont propagées au Moyen-Orient et en Asie. Après les violences qui ont provoqué, mardi, la mort de quatre Américains en Libye, dont l'ambassadeur Christopher Stevens, d'autres manifestations ont eu lieu un peu partout dans le monde musulman (figure 4).

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2013 - L'expulsion de l'USAID de Bolivie
« Le président Evo Morales a annoncé mercredi l'expulsion de Bolivie de l'USAID, l'agence américaine pour le développement international, en l'accusant de conspiration et d'ingérence dans la politique intérieure bolivienne... L'USAID, présente en Bolivie depuis 1964, se trouve dans ce pays « pour des objectifs politiques et non pour des objectifs sociaux», a affirmé M. Morales, une des figures de la gauche radicale latino-américaine » (lapresse.ca).
2015 - L'UNASUR exige des États-Unis qu'ils retirent leurs bases militaires d'Amérique latine

Une position sans précédent. Dans le contexte qui pourrait voir le décret du président Obama désignant le Venezuela comme « une menace extraordinaire et inhabituelle contre les États-Unis » se transformer en conflit armé, Ernesto Samper, le secrétaire général de l'UNASUR - qui regroupe les douze nations sud-américaines, a proposé l'élimination de toutes les bases militaires américaines implantées sur le territoire de l'Amérique latine, les considérant comme des anachronismes « de l'époque de la Guerre Froide ». (venezuelainfos).

2015 - Une opposition à la présence américaine s'exprime de plus en plus fort au Japon

Au Japon, les manifestations contre la présence américaine se sont multipliées au cours des derniers mois. La plus imposante a rassemblé 35 000 personnes à Okinawa pour s'opposer au plan de réinstallation de la base. Selon Ben McGrath du WSWS « Les actions de protestations avaient commencé deux jours avant et s'étaient poursuivies tout le week-end. Ce samedi-là, les manifestants ont défilé autour de la base de Futenma et ont été rejoints dans d'autres villes du Japon par environ 2.600 manifestants. Outre leur opposition à la base, les gens ont crié des mots d'ordre comme « Opposons-nous aux liens renforcés de défense américano-japonais » dirigés contre le tournant du Japon vers le militarisme ».

Selon le même auteur, « Okinawa, cependant, est située sur la ligne de front de tout conflit avec la Chine. La plupart des 47 000 soldats américains stationnés au Japon le sont sur l'île, stratégiquement située dans la mer de Chine orientale, non loin de la Chine continentale. Okinawa joue un rôle clé dans le « pivot » américain vers l'Asie conçu pour encercler la Chine sur le plan militaire et économique et la subordonner aux intérêts américains ».

II. La création de banques de développement - Amérique du Sud - BRICS - Asie - Afrique

Entre 2010 et 2014 trois fonds de développement ont été créés en vue de se soustraire aux règles imposées par les institutions émanant des Accords de Bretton Woods : La Bancosur en 2010, le Fonds monétaire africain en 2014 et la création en 2014 de la banque de développement des BRICS, nouvel instrument financier lancé lors d'un Sommet tenu à Oufa, en Russie en juillet 2015.

2010 - Création de la Bancosur
«...La charte d'une banque régionale, la Bancosur, a été approuvée en septembre 2009. L'Argentine, le Brésil, le Paraguay, l'Uruguay, l'Équateur, la Bolivie et le Venezuela ont souscrit pour 7 milliards de dollars au capital initial de 20 milliards. Mais la Colombie a retiré sa signature juste avant la cérémonie, tandis que le Pérou a refusé de participer à un projet d'obédience très vénézuélienne; c'est le président du Venezuela, Hugo Chavez, qui a eu le premier l'idée, en 1998, de la Bancosur pour avancer dans l'intégration économique du sous-continent. Alliés des États-Unis, la Colombie et le Pérou entretiennent des relations très fraîches avec le Venezuela, à la politique économique étatique » (lesechos.fr).
2014 - Naissance du Fonds monétaire africain (figure 5)

Le 23ème Sommet de l'Union africaine (UA) tenu à Malabo vient d'adopter les statuts du Fonds monétaire africain (FMA), une institution financière panafricaine dotée d'un capital initial de 22,64 milliards de dollars et ayant pour mission de promouvoir le développement économique du continent.

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Participants au XXIII Sommet de la Conférence de l’UA – Malabo – Juin 2014 – République de Guinée équatoriale
« Le fonds, dont la mise en place est prévue par l'acte constitutif de l'UA adopté en 2000 à Syrte en Libye, a pour vocation de contribuer à la stabilité économique et à la gestion des crises financières en Afrique, en favorisant la croissance macroéconomique et le développement du commerce intra-régional ».

« Selon le Commissaire de l'Union africaine aux affaires économiques, Anthony Maruping, le FMA a été créé pour prendre en charge les questions macro-économiques sur le continent. Le processus de mise en place du FMA a été retardé par l'attachement des cinq plus gros contributeurs de l'UA (Libye, Égypte, Algérie, Nigeria et Afrique du Sud) à un droit de veto sur la gestion du capital et le fonctionnement de l'institution ».

« Un consensus a finalement été trouvé lors du sommet de Malabo pour qu'un poste d'administrateur permanent soit attribué à chaque pays participant à plus de 3,5% au capital du FMA. L'octroi d'un droit de veto aux gros contributeurs a été cependant rejeté. Le capital du fonds sera mobilisé auprès des États africains en fonction de plusieurs critères, dont notamment la taille de leurs économies et leurs réserves en devises ».

« L'Afrique du Sud devrait être le plus gros contributeur au capital du fonds, qui sera basé à Yaoundé, au Cameroun, avec 8,05% des parts, ce qui représente une contribution de près de 1 milliard de dollars, suivie par le Nigeria (7,94%, ou 899 millions de dollars), l'Égypte (6,12%/ 693 millions de dollars) et l'Algérie (4,59%/ 520 millions de dollars) » (reseauinternational.net).
Bien malheureusement, les fonds promis, un an après, n'ont pas été débloqués et le comité chargé de la mise en œuvre du projet situé à Yaoundé a dû interrompre ses activités (cameroonvoice.com).

2014 - Des transactions financières en yuans

Nous sommes en 2014. Selon le quotidien financier Financial Times, plusieurs entreprises russes envisagent d'utiliser non plus le dollar, mais le yuan chinois (ou Renminbi) pour réaliser leurs futures transactions commerciales car elles redoutent que d'éventuelles sanctions occidentales ne les privent de l'accès au marché des financements en dollar.

Une mesure de précaution qui fait suite au gigantesque contrat signé le 21 mai entre les deux puissances : Moscou fournira du gaz à Pékin ces trente prochaines années. Montant de l'opération : 400 milliards de dollars (294 milliards d'euros). Et la facture sera, naturellement, réglée en yuans (lemonde.fr)

2014 et 2015 - Création de la banque de développement des BRICS et lancement du nouvel instrument financier lors d'un Sommet tenu à Oufa, en Russie

Pendant que l'eurozone vacille les émergents bâtissent. Les dirigeants des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont lancé, leur Nouvelle Banque de développement (NBD) sous en présence de leur hôte Vladimir Poutine, à la veille du sommet qui se tient à Oufa, aux portes de l'Asie centrale. Une pierre dans le jardin de Washington et des institutions financières issues de Brettons Woods, le FMI et la Banque mondiale. Cette nouvelle institution basée à Shanghaï sera dotée d'un capital initial de 50 milliards de dollars pour financer de grands projets d'infrastructures, et sera opérationnelle d'ici à la fin de l'année. Un chiffre qui devrait monter à terme à 100 milliards, sous la direction de son premier président indien (lefigaro.fr) (mondialisation.ca).

Rapprochement entre la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et l'UE

Les participants au II Sommet de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et de l'Union européenne qui s'est tenu à Bruxelles les 10 et 11 juin dernier, ont convenu de renforcer les relations bi-régionales. Le Sommet s'est avéré positif pour les pays au sud du Rio Bravo (figure 6).

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Participants et participantes au II Sommet de l’UE et de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) – Bruxelles – Juin 2015
Ce fut une réunion très fructueuse qui a servi à rapprocher les deux blocs, a déclaré le chef de l'Equateur et président a.i. de la CELAC, Rafael Correa, lors de la cérémonie de clôture, en présence de plus de 40 dirigeants et des délégations de haut niveau des 61 pays participants. Pendant deux jours, les dirigeants des deux mécanismes ont discuté d'un large éventail de questions allant du changement climatique à la réduction de la pauvreté, la migration, le développement du commerce et l'accès aux nouvelles technologies.

Les parties ont convenu de la nécessité de travailler ensemble pour arriver à des accords contraignants à la conférence qui se tiendra à Paris cette année pour discuter des défis du changement climatique. Ils ont également discuté des mouvements migratoires vers l'Europe, en raison du manque d'opportunités dans les pays d'origine, et ont convenu que le problème nécessite une évaluation et une réponse internationale concertée (cubadebate.cu).

Conclusion

Les diverses formes de résistance qui se sont exprimées depuis le début du siècle s'avèrent un pas vers le confinement de l'empire militaire et économique des USA. Des protestations et des manifestations se sont multipliées contre la présence américaine dans un très grand nombre de pays à travers le monde. Nous avons relevé les manifestations contre la guerre en Irak et la colère du monde musulman lors du lancement d'un film américain insultant l'Islam en 2010.

Il est permis de penser que les autres puissances comme celles des BRICS et le pouvoir politique alternatif de l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) sont deux entités d'importance dont quelques-unes se sont données les moyens de se libérer de l'emprise du FMI et de la Banque Mondiale et partant d'orienter leur développement en fonction de leurs propres besoins et intérêts tout en étant conscientes qu'il devenait impossible voire suicidaire de vouloir neutraliser ou renverser la puissance militaire des États-Unis. En outre, le retour en puissance de la Russie dans sa zone d'influence s'est avéré l'un des éléments d'un monde qui s'affirme de plus en plus tout en ayant tendance à affaiblir, aux yeux de la population mondiale, celle des États-Unis et des autres puissances de l'Occident. Le monde unipolaire tend à s'estomper peu à peu.

Le scénario de la montée en puissance des BRICS, avec les interventions massives de la Chine en Amérique latine et surtout en Afrique nous permet d'envisager un mouvement vers un certain équilibre dans les relations économiques et politiques entre les nations. Le processus de neutralisation de la puissance des États-Unis a commencé et il est permis d'espérer qu'il se poursuivra. Il serait, cependant, avisé que ceux qui s'opposent à l'hégémonie des Étasuniens cessent d'être actifs sur le marché des armements US.