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© junpinzon, shutterstock.com Pendant les heures de sommeil, 73,9 % des adolescents utilisent leur smartphone ou se connectent aux réseaux sociaux
Depuis plusieurs années, les médecins alertent les parents sur les effets néfastes de l'usage des écrans : ils dégraderaient la qualité du sommeil des enfants. Une nouvelle étude, portant sur la production de l'hormone mélatonine, laisse penser que, chez les jeunes adolescents âgés de 9 à 15 ans, cette nuisance serait plus importante qu'on ne le pensait.

On sait que le soir, l'exposition à la lumière, de quelque nature qu'elle soit, peut mettre en péril le sommeil, mais il semblerait que les ados et préados, âgés de 9 à 15 ans, soient encore plus sensibles que leurs pairs, un peu plus âgés. « Les écoliers qui possèdent des tablettes, des télés ou des ordinateurs - voire une bonne vieille lampe torche pour lire sous la couette - retardent leurs cycles circadiens, explique l'auteur, Mary Carskadon, de la Brown University (États-Unis). Cela rend plus difficiles l'endormissement et le fait de se lever tôt le lendemain pour se rendre à l'école. » En 2011, une étude menée aux États-Unis et basée sur un questionnaire était parvenue à la même conclusion, suspectant un effet sur la production de mélatonine, l'hormone du sommeil.

L'équipe de la Brown University a justement suivi cette molécule et démontré cet effet. À peine une heure d'exposition aux écrans le soir réduisait la production de mélatonine chez les 38 garçons et filles étudiés, âgés de 9 à 14 ans. En revanche, la baisse de mélatonine était moins spectaculaire chez un groupe d'adolescents âgés de 11 ans et demi à 16 ans, qui avaient avancé dans la puberté. Les niveaux de mélatonine des jeunes ont été mesurés par des prélèvements de salive réalisés toutes les 30 minutes.

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© MicrosoftLe soir, avant le coucher, lire un livre ou jouer avec une tablette expose à une lumière qui réduit la production de mélatonine, en particulier chez les enfants, ce qui perturbe le sommeil à venir
La lumière d'un écran suffit pour troubler le sommeil nocturne

La luminosité a d'abord été réglée à 15 lux (pénombre), ce qui a fait décroître la production de mélatonine de 9,2 % chez le groupe le plus jeune. Les scientifiques ont ensuite augmenté l'intensité de la lumière à 150 lux (l'éclairage intérieur d'une maison), provoquant une baisse de 26 % de la production de mélatonine du groupe le plus jeune, alors que le passage à un éclairage de 500 lux (comme celle d'une entreprise) faisait diminuer la production de l'hormone du sommeil de 36,9 %. Chez les adolescents un peu plus âgés, les 15 lux n'entraînaient pas de changement dans leur production de mélatonine mais, une fois la luminosité passée à 150 lux, elle reculait de 12,5 % et de 23,9 % à 500 lux. Les scientifiques ont noté des schémas de réponse similaires chez les filles et les garçons.

« Même une faible exposition à la lumière de nuit, en provenance par exemple des écrans, peut suffire à affecter les cycles du sommeil », en conclut le professeur Carskadon, directrice de recherche au EP Bradley Hospital d'East Providence, à Rhode Island, aux États-Unis. Ces recherches ont été publiées dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism.